Bigflo, Oli et La Vraie vie : l'entre-deux-mondes

C’est l’histoire d’un décalage. Propulsés dans le rap dès leur plus jeune âge, adeptes des références datées (ils citent Solaar, Diam’s, IAM et clament que « J’Voulais » a été leur déclencheur rapologique), brillants de maîtrise lors d’un Rap Contenders en 2011, Bigflo et Oli ne trouvent grâce qu’auprès du grand public et de certains pourfendeurs de l’évolution du rap. Certes, Sofiane les a invités dans Le Cercle. Oui, James Deano et Chilla les ont épaulés avec brio lors d’un Planète Rap. Mais l’immense majorité du microcosme rap regarde les frères Ordonez de haut, particulièrement les journalistes. Résultat, par traitement médiatique autant que par absence de featurings, B&O ne sont que très rarement sur la photo officielle du rap hexagonal. Certains diront que c’est de leur faute : ils n’avaient qu’à pas se construire en réaction à ce que serait devenu le rap. Mais c’est leur posture artistique, aussi bien musicale que textuelle, et c’est peut-être la principale raison qui leur vaut l’étiquette de « rap réactionnaire ». Et c’est aussi l’explication de leur succès : leur public est adepte de « valeurs » et demandeur de proximité. En ça, consensuels mais paradoxalement politiquement incorrects par rapport aux standards rap de 2017, leurs albums font le travail. Et parmi leurs fans, il y a peut-être de jeunes MCs en devenir dont il faudra analyser le succès en 2025. Et comme Sully Sefil l’a été pour deux gamins de même pas dix ans devenus aujourd’hui l’un des groupes le plus populaire du rap français, Bigflo, Oli et La Vraie vie qu’ils partagent avec leur public seront peut-être eux aussi cités comme déclencheurs de vocations. Certains succès sont parfois plus sérieux qu’ils n’en ont l’air. Méfiez-vous de l’eau qui dort. – zo.

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