Hugo TSR

Tant qu'on est là

Il est dit du pronom « on » qu’il est flou, indéfini. Mais ce « on » trônant au milieu du titre de son album, c’est justement toute la force d’Hugo : être explicite et impliquant tout en avançant masqué. Et sous ses allures de solitaire, le rappeur du TSR Crew voit du monde marcher derrière ses rimes de caisse claires. À chaque album, ils sont même de plus en plus nombreux. Derrière ce « on », on croise désormais aussi bien les visages masqués aperçus en manif’ que les ombres qui arpentent Paris Nord la nuit ou les têtes encapuchés sous les arrêts de bus des villages, là où ça pue parfois un peu trop l’ennui. Alors en bon tagueur, Hugo découpe l’anonymat en pièces avec la force de l’underground. Car il sait que si pour une personnalité publique l’anonymat est un luxe, pour beaucoup de gens il est un synonyme de déni d’existence. « Après cet album, t’es mon petit, je te prends la fièvre en touchant le front » dit le rappeur sans visage en introduction d’un disque dont le titre sonne comme un manifeste. Ce qu’il dit ? Que tant qu’il sera là, Hugo ne laissera pas la résignation de l’invisibilité, sociale autant que politique, s’inscrire sur les faciès de ceux qui se rassemblent derrière sa musique. – zo.

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