Arm

Dernier empereur

Qu’y a-t-il à saisir dans un disque de rap ? Sinon le mouvement de la vie figé sur quelques dizaines de minutes. Privé de l’instinct insaisissable du génie subi mais libérateur, un artiste est forcément corrompu par l’enregistrement, prisonnier qu’il est de la première à la dernière piste. Si bien qu’il en devient souvent statique. Seuls les meilleurs et les manieurs d’esbroufe parviennent à surpasser cette contrainte. Parfois en capturant sans l’éteindre l’énergie d’une mutation, plus fréquemment en pressant l’empreinte d’une époque. Arm est du premier camp. Même s’il ne réussit pas tout du premier coup. Et c’est rassurant. En roulant vers la lumière, il trace un sillon lucidement noir, entre vérité et vie réelle, qui engendre un disque bien plus positif qu’on ne pourrait le croire. Car résolument vivant. La mort est absence de sensations, d’émotions, de mouvement. La grande acceptation ou le grand renoncement. Dernier Empereur est un chemin vers l’exact opposé, un chant de bataille. Moins écrit, donc bien plus total. Un neuvième disque aussi inutile et essentiel qu’un freestyle de Ill en 97, qu’un numéro 10 au vingt-et-unième siècle. – Diamantaire

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