Sortie

Boboch 1Pakt - Boboch 1Pakt

Voilà un disque qui n’a assurément laissé aucune des rares personnes qui l’ont écouté indifférente. Boboch 1Pakt, l’album, est là pour nous rappeler que 1998 c’était Si Dieu le veut…, Opéra Puccino ou Suprême NTM, mais aussi des projets sortis sans l’aide de personne, vendus au compte-goutte par des groupes qui s’endettaient au passage. De par son atypisme, il aurait tout autant mérité sa place en tête de gondole des FNAC de France et de Navarre que n’importe quel long format paru cette année-là. Ici, pas de description chirurgicale de la misère sociale des quartiers populaires sur des productions piochant dans la musique classique. Les Balbyniens préfèrent le cynisme et le rentre-dedans sur violent breakbeat. Ça gueule, ça insulte, ça provoque et ça ne s’encombre surtout pas de bons sentiments ou de misérabilisme. Alt’S, leader du groupe, nous dira que plutôt que de chercher des rappeurs avec lesquels il aurait pu s’entendre, il a préféré convaincre ses potes de devenir rappeurs. Du coup, tout n’est pas parfait techniquement et quelques-uns des instrus simples mais très efficaces de Macload sont un peu gâchés par des couplets pas forcément à la hauteur. Mais dans l’ensemble, le cœur et la gouaille de l’équipe rattrapent largement ces petits défauts. Une œuvre viscérale, intense et formidablement attachante.

Alt’S

(MC et co-fondateur de Boboch 1Pakt)

« On a accumulé les morceaux durant un an et demi je pense à hauteur d’un morceau par mois environ. On enregistrait dans des studios professionnels, chaque titre nous coûtait entre cent cinquante et deux cent euros. Nous n’avons jamais démarché un label donc avions une liberté artistique totale. Il fallait que nos morceaux aient des vrais thèmes, on ne voulait pas juste faire des rimes. En cela nous étions peut-être malgré nous politiques. Comme beaucoup de monde à cet âge-là, nous avions un côté rebelle et anarchiste. Il fallait que jeunesse se passe et le rap était notre exutoire. Après, développer le côté politique ou philosophique pour se distinguer n’a jamais fait partie de nos envies. On laissait ce créneau à d’autres. Pour défendre le disque, on a fait une promo inefficace et coûteuse. Nos premiers bénéfices de ventes ont été réinvestis dans une page de pub dans Radikal et dans la confection d’autocollants promotionnels. Ça n’a servi à rien, ça nous a juste empêcher de pouvoir rembourser au plus vite l’emprunt qu’on avait contracté auprès d’un grand frère. On était à sept, on prenait toutes les décisions à la majorité et souvent ça se tranchait à quatre voix contre trois. L’implication faible de certains dans la distribution, moi compris, commençait à décourager les plus actifs et le fait qu’il faille continuer à cotiser pour régler notre dette a aigri le groupe… Rajoute à cela qu’aucune scène ne nous a été proposée, c’était le début de la fin pour Boboch 1Pakt. » – Propos recueillis par L’Abcdr du Son en avril 2018

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