Garder le souvenir intact Que la mif

Cette année, la mixtape Faces de Mac Miller a été rendue disponible sur les plateformes d’écoute de musique en ligne. Réalisée gratuitement en 2014, l’œuvre est une photographie unique dans la vie de son auteur. Plongée dans cette dernière est comme plonger – et embrasser voire toucher – ses doutes, ses vices, ses peurs. Elle incarne un moment de vie artistique où son auteur a poussé à son paroxysme tous ses états d’âme. Dans “San Francisco », il prophétise tragiquement son décès en pointant du doigt ses excès (« Suppose I’ll die alone from an overdose of some sort, in a motel while some whore I’m fuckin’ runnin’ to the drug store »). Dans « Here We Go », il prône avec arrogance – et à juste titre – d’avoir réussi à exister sans recourir à un featuring avec Drake ou JAY-Z. Toutes les émotions sont traitées dans Faces. Des plus belles euphories aux plus grandes ignominies. Et c’est certainement le morceau « Colors and Shapes », contemplatif et suspendu à la basse lancinante de Thundercat, qui laisse apparaître le monde de Mac Miller comme il l’envisage : honnête, onirique, à la recherche de son moi intérieur. Dans cette lourde tâche de rendre vie à cette pièce majeure, une des constances depuis le départ de l’auteur de Swimming est de continuer de faire les choses en famille. Son frère, Miller McCormick, a fait appel à l’artiste Sam Mason pour prolonger conjointement avec sa mère, la vision de Mac Miller. Le résultat est saisissant et respectueux. Un modèle à suivre dans une industrie où parfois, les défunts artistes ne sont regardés que sous prisme mercantile. – ShawnPucc