Concotion E.One – Datura Statera

Il faudra un jour faire un article sur ces rappeurs et beatmakers qui quittent leurs villes et leurs périphéries pour la campagne. C’est en tous cas une conviction née de la trajectoire de Mani Deïz, ou encore des deux rappeurs parisiens de Première Ligne. Skalpel s’est exilé dans les Deux-Sèvres et confronte les nouveaux liens qui le relient à la vie locale à ceux qu’il a connus jusque-là. C’est dans le titre « Géométrie variable », sorti cette année. Son comparse E.One s’est lui implanté sur les bords du bout du monde. Depuis le Finistère, là où l’océan burine les visages et les vies, il a sorti son second album solo. Continuité de William Blake, écrit entre Le Blanc-Mesnil et les confins sud du RER B, Datura Statera transporte quelque chose de chamanique. Inutile pourtant d’y chercher les mythes de façade joyeux d’une communauté hippie, ni même les écorchures humaines de refuges autogérés implantés loin du béton. E.One déambule, insaisissable et sûr de lui, entre concoctions végétales, textuelles et défiance vis-à-vis de la civilisation et de ses pharaons. Que l’auditeur ne s’inquiète pas : s’arracher du béton n’empêche pas ses fondamentaux de vivre. Les boucles soulful, les voix pitchées et les flows sentencieux aux textes ciselés n’ont pas disparu le long des rails d’une voie ferrée ni dans l’écume des marées. Ils deviennent juste un peu plus universels. — zo.