Payroll Giovanni ou l'automne perpétuel
Pour le 21 décembre et le début de l'hiver, il nous fallait un véritable guerrier de mi-saison. Payroll Giovanni n'est pas un nouveau venu, il erre depuis plusieurs années dans le secteur de Detroit avec ces potes, les Doughboyz Cashout. Un temps signée par Jeezy sur CTE, cette équipe de tireurs a remis sur la carte le rap crapuleux de la ville du moteur.
Il y a deux constantes dans la musique de Payroll Giovanni et ses collègues : la mitraillette rythmique 808 inspirée des grandes heures de Mannie Fresh et Beats By The Pound puis la mélancolie électrique des basses de la Mob Music de la Bay Area avec une touche de G-Funk moderne. Les meilleures influences du monde.
Le rap de Payroll est clair et articulé, puisant autant chez Too $hort que WC ou Pimp C. Quelques fois, la nostalgie du State Property donne des similitudes dans leurs démarches respectives. Celle d'hommes de terrain qui délivrent leurs vérités au kilomètre avec toujours la même intensité.
Payroll Giovanni décrit un style de vie constant, celui d'un mec droit qui cherche à s'en sortir sans faire de vague comme Ace ou Sosa. Plus le cerveau que les muscles. Ses fins de phrases tombent comme des feuilles mortes et chaque note flotte entre deux eaux, puissante mais en retrait. Même sur son projet estival avec Cardo, Big Bossin Volume 1, la couleur du soleil est teintée de brun comme si le chaud et le froid n'avait pas d'effet sur lui. Comme si le sang continuait de sécher sur ses bottes de chasse.
Avec Sosa Dreamz en complément, 2016 est peut être le meilleur cru de Payroll Giovanni. Capote baissée, il continue de silloner doucement son envirronement, un vrai reporter du terter, avec mantras de motivation quotidienne et contes violents à l'appui.
S'exportant de plus en plus, Payroll Giovanni ne sera jamais grand public mais continuera de fouler la boue et le sang avec le même regard distant, comme figé dans le temps. Comme si l'automne ne s'arrêtait jamais.
- LeCaptainNemo