Mama Lova

Oxmo Puccino

("Sad Hill", 1997)

L’apéritif avant l’"Opéra". Kheops en Dr Dre phocéen vs. Shaggy et son tout récent ‘Mr. Boombastic’. Entre les deux, Oxmo s’extirpe et déroule le fil de son propre cordon, posant au passage Ouagadougou sur la carte du rap en français et multipliant les clins d’œil à des couplets cultes passés ou à venir ("Mon teint cigare Montechristo…", "Grandir sans père, c’est dur…"). Cut Killer en détournera par la suite deux mots au départ anodins : "Pauvres riches".

Sexe, pouvoir et biftons

Ärsenik

("Quelques gouttes suffisent...", 1998)

Fin des années quatre-vingt dix. Du croco' de la tête aux pieds, du poison sous la mine et le Secteur Ä posé en symbole de réussite sociale, Calbo et Lino la jouent lettre de motivation pour réponse à une question récurrente : "Qu’est-ce qui fait courir les scarlas ?" Les réponses sont clairement données d’emblée: 'Sexe, pouvoirs et biftons'. Parce que "le respect passe par là".

L'enfer

IAM

("L'école du micro d'argent", 1997)

Si la vie lui en avait laissé le temps, East aurait peut-être fini au Panthéon du rap français. A défaut, AKH, Shurik'n et Fabe défient la mort et bravent le feu pour déposer la mémoire du co-fondateur du Double H dans l'un des plus beaux écrins que cette musique ait connu : "L'École du Micro d'Argent".

J'ai mal au coeur

Ideal J

("Le combat continue", 1998)

Texte magnifique, orchestration sublime. Entre les formules assassines de Kery James ("Lorsque la parole devient l'encre...") et les idées superbes de DJ Mehdi (sample craquelé de piano, présence d'un quatuor de cordes), l'alchimie fonctionne et le son devient or. En faisant se rencontrer ces deux artistes, le Destin avait décidément bien fait les choses.

Le combat continue pt. II

Ideal J

("Le combat continue", 1998)

Second volet du morceau qui donne son nom au second album d'Ideal J, 'Le Combat Continue pt.II' est l'un des rares titres de la galette en question à ne pas suinter le désespoir et la rage. Exceptionnellement Kery James se veut optimiste, backé par ses fidèles lieutenants Teddy Corona et Rocco, et se fait manifestement plaisir sur un instru cuivré de DJ Mehdi.

'Le combat continue Pt. II' vu par DJ Mehdi (producteur) : "Pour faire 'Le Combat Continue 2', on s'est amusé. Quand on est en studio et qu'on a du temps à tuer pendant que les rappeurs écrivent, c'est le meilleur moment pour expérimenter. Tu as tous les moyens possibles et imaginables, un ingénieur du son pour t'accompagner, donc tu essayes plein de trucs. C'est donc Kery lui-même qui joue des percussions. Et moi je joue le solo de synthé à la fin, alors que je ne suis pas du tout pianiste. L'homogénéité des sons de cet album, cette touche particulière dans mes sons, je la créditerais à Kery par son goût et par son oreille. Et en filigrane, je le crédite aussi pour nous avoir laissé du temps libre en studio pendant qu'il écrivait ! Sur cet album-là, on a pu essayer des tonnes et des tonnes de choses. D'ailleurs on s'est plus resserré sur l'album qui a suivi, "Les Princes de la Ville". Pour moi, l'expérimentation y est mieux maîtrisée. Je savais plus ce que je faisais, ça sent moins l'amusement de jeunesse. C'est purement personnel, mais pour moi, la production des "Princes de la Ville" et légèrement plus accomplie que celle du "Combat Continue".

Toutes les prises de son ont été faites dans notre studio historique, Blackdoor, qui se trouve à côté de la gare Saint Lazare à Paris. On a mixé pour moitié aux Studios de la Seine, à Bastille, dans la cabine A et l'autre moitié au studio 2 de Plus XXX, dans le 19e arrondissement. Pour te dire l'urgence dans laquelle on était, pendant les deux derniers jours de mix, les deux cabines travaillaient en même temps. Je m'en souviens bien parce que c'était pendant la coupe du monde 1998, et je faisais des allers-retours entre les studios pendant les matchs. Je me souviens notamment du jour de France-Croatie, on enregistrait 'L'amour' dans un studio pendant que moi, de mon côté, je mixais 'J'ai mal au cœur' à Plus XXX. Quand j'ai quitté le premier studio, la France venait juste d'égaliser après le but croate. Je suis passé au Mc Do entre les deux studios, et le temps d'arriver au Mc Do, Thuram avait encore marqué ! D'ailleurs, notre dernier jour de mix a eu lieu le jour de la finale. Je ne me rappelle plus du morceau que l'on a mixé ce jour-là, sans doute l'intro ou des interludes, le genre de choses que tu n'as pas eu le temps de faire avant. Ce soir-là, j'ai regardé le match tout seul au studio. Après, je suis sorti dans Bastille, c'était la folie. D'ailleurs, Kery n'était pas du tout, du tout, pour l'équipe de France alors que moi je l'étais. Ça nous a valu quelques bonnes rigolades autour de la télé pendant l'enregistrement de l'album."

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