Chronique

Saïan Supa Crew
Da stand out EP

Source - 2002

Il n’est pas difficile d’imaginer la stratégie de recrédibilisation du groupe qui se trame derrière cette sortie. Pour autant, il ne parait pas particulièrement passionnant de s’attarder dessus. C’est donc simplement sur la qualité des nouveaux titres qu’il convient de se pencher.

‘Soldats’ étant issu de leur deuxième album X Raisons, il reste cinq titre inédits, cinq combinaisons avec des artistes anglophones. Autant d’occasions pour le groupe de se mesurer à leur réputation de  »Wu-Tang français » (dixit RZA, haut fonctionnaire du ministère américain de la Diplomatie, chargé du secteur hip hop). Défi à double tranchant, courageusement tenté par le Saïan, avec deux atouts en poche : une multitude de flows à disposition et une habitude à s’aventurer dans des contrées pas forcément familières.

‘SOS batiboys’ et ‘Lyrical fight’ se ressemblent par le classicisme et la réussite de la fusion opérée par les groupes en présence. La recette diffère – tempo lent et prod discrète pour le premier morceau, beat lourd et sample strident pour le second – mais le résultat est identique. Sans jamais forcer le trait, les rappeurs enchaînent les couplets sans qu’une rupture de relais ne soit perceptible.

L’unité avec leur invité est moins évidente sur ‘Give praise’. Disposant du couplet introductif, du refrain et d’un instru taillé sur mesure, Kymani Marley installe en douceur une ambiance dans laquelle Specta et Leeroy s’embourbent quelque peu. Quant à Sir Samuel, pourtant a priori le plus apte à s’adapter dans cet univers reggae, il ne décolle jamais, malgré ses efforts assez laborieux de surenchère.

‘The other side of the rock’ n’est pas non plus exempt de problèmes de raccords. Concours de flow un peu trop programmé, les participants en font trop ou pas assez. Si la prod minimaliste et les incessantes ruptures de phrasé annoncent la performance, ce sont pourtant des prestations relativement habituelles qu’il nous est donné d’entendre. Difficile de mettre le doigt sur ce qui cloche, si ce n’est cet arrière goût de déception qui persiste.

Pour clore la liste des invités, Roots Manuva fait don de son charisme inaltérable aux membres du SSC. Manifestement peu travaillé, ‘Hey yo my man’ brille par sa fraîcheur. Tout le monde s’en tient à son style propre, avec la même énergie palpable en guise de cohésion.

Si le tracklisting de cet EP est hors-normes, le résultat est plutôt sobre. Pas de couplets artificiellement croisés, pas de démonstrations ouvertes de complicité, les rappeurs du Saïan ont su éviter les écueils les plus grossiers. En emportant l’adhésion sans lâcher leur identité, ils renforcent la bonne impression distillée lors de leurs nombreux albums, maxis et morceaux lâchés pour des compils. Dans la continuité directe de leur travail passé, la présence de pointures étrangères n’est qu’un nouvelle preuve de versatilité à mettre à leur actif.

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