Appelez-le Blaiz’
Revue de projet

Appelez-le Blaiz’

Faire le tour titre par titre d’Appelle-moi MC 2 avec DJ Blaiz’, c’est voir tout un pan du rap indépendant se faire tirer le portrait. Alors mettez-vous à l’aise, et comme le font Demi-Portion, Sëar lui-même, DJ Brans, Lartizan, Nodey, Loko, Swift Guad ou JP Manova : Appellez-le Blaiz’.

En préambule de cette revue d’Appelle-moi MC 2, réalisée titre par titre avec plusieurs de ses protagonistes, nous avons pris quelques minutes avec DJ Blaiz’ pour retracer son parcours. Connu pour être le DJ de scène de plusieurs têtes du rap indépendant (Flynt, Nasme, Kacem Wapalek, Sëar lui-même, Swift Guad et bien d’autres), il est également le producteur d’Appelle-moi MC, dont le volume 2 est attendu au tournant par beaucoup d’amateurs de rap – il faut dire que les compilations se font rares dans le paysage hexagonal. Enfin, il a été au coeur de la scène du 18ème arrondissement de la capitale, tenant le studio du label UGOP d’Omar, notamment aux côtés de Nodey. Aux platines, derrière la console de mixage, sur scène et impliqué auprès de nombreux acteurs, Blaiz’ multiplie les casquettes et défend une idée du rap avec un leitmotiv simple : « Le rap que j’aime, tu le retrouves dans le titre d’Appelle-moi MC et ses morceaux. Pour tout te dire, je cherche à faire les compilations que j’aurais aimé acheter en tant qu’auditeur. »

Et lorsqu’on demande à Blaiz’ si justement, de sa place derrière les MK2 à celle d’organiser des compilations, il ne se sent pas homme de l’ombre, entremetteur, il réfute. D’un côté, il répète à l’envie qu’il y a quand même un peu de lumière : sur scène justement, avec Flynt, Swift Guad, Paco ou Sëar Lui-Même pour ne citer qu’eux. Mais il revient également sur l’écho rencontré par le premier volume des Appelle-moi MC : « Nous n’en avons pas vendu des caisses mais on en a tout de même beaucoup entendu parler. Sans doute qu’il a été beaucoup téléchargé. Dans tous les cas on sait qu’il a tourné. » Mais il rappelle surtout que « le rap est petit. » « Du moins à notre échelle » précise-t-il. « Tu réalises vite que tout le monde se connaît, on se croise tous partout : en studio, sur des dates, sur des clips. On a tous un pote en commun, et spontanément on a tous un peu cette logique : les amis de mes amis sont mes amis. » De là à faire un parallèle avec la démarche des deux volumes d’Appelle-moi MC ? « Oui et non, répond Blaiz’. Encore une fois, j’ai fait la compilation que j’aurais aimé acheter, en tant qu’auditeur. Mais c’est vrai que finalement, tu m’entendras souvent dire que les gens sur la compilation sont des potes. »

De tous les noms que peut citer Blaiz’ lorsqu’il évoque son parcours, un revient particulièrement : Flynt. « C’est lui qui m’a donné le côté carré du truc, et même de l’importance. Flynt est réglo sur tout. Chaque date est déclarée, avec une fiche de paie. Il met ton nom sur toutes les affiches, il a même réussi à le mettre en façade de l’Olympia ! [rires] » Et si encore une fois, dès son premier volume, Appelle-moi MC apparaît comme une plaque tournante, ce n’est pas seulement au sujet rap français ou du 18ème arrondissement de Paris, mais aussi dans le parcours de Blaiz’. « Devenir le DJ de scène de Flynt, c’est parti du studio UGOP et d’Appelle-moi MC 1. Au même moment, Dimé ne pouvait plus faire les dates pour Flynt. Il m’a proposé de le rejoindre, avec Nasme. Itinéraire Bis n’était pas encore sorti. J’ai dû me réapproprier le travail de DJ Dimé qui était super millimétré. Et les répétitions avec Flynt, c’est une prise de tête mais dans le sens ultra positif du terme. Pour la concert du New Morning, on passait des fois une heure de répétition assis à trouver chaque détail pour introduire un morceau ou faire participer le public. Flynt calcule tout en fait, mais ce n’est que du bon calcul, au service de la musique. Ça m’a appris beaucoup de choses. »

 

« J’ai cherché à faire la compilation que j’aurais aimé acheter et écouter en tant qu’auditeur. »

De là, Blaiz’ parcourt rapidement la plupart de ses expériences pour n’en retenir qu’une autre : son travail à UGOP, dont le studio était l’un des pivots du rap du 18ème arrondissement. « Dino habitait juste au-dessus. C.Sen et les mecs de Beatstreet, on les voyait tous les jours. Les gars de la Scred venaient. JP Manova venait. Flynt bien sûr, et évidemment Enigmatik qui étaient-là depuis le début, très impliquées. On se voyait tous. D’ailleurs, le volume 1 d’Appelle-moi MC est vraiment connecté à mon histoire avec ce studio. Le morceau de Dino en est le plus bel emblème. Il était venu pour enregistrer pour la compil’ et d’un coup on a capté ce refrain au-milieu des dizaines de couplets qu’il débitait : « laisse tourner la musique ». C’est vraiment révélateur de l’histoire du volume 1 : le quartier, le studio, les équipes qui venaient y rapper. C’est aussi pour ça qu’on a mis vachement en avant Dino puis ensuite Stamina. On voulait vraiment montrer ce qu’on vivait musicalement. »

« Entre 2010, quand est sorti le premier volume des Appelle-moi MC, et 2015, le studio UGOP a fermé. Ça a changé beaucoup de chose pour le volume 2 du coup. Plus de studio, ça veut dire sortir de l’oseille pour enregistrer et mixer. Mais UGOP, c’était aussi un label. Toutes les choses comme la distribution ou les visuels étaient pris en charge. Là j’étais seul à piloter le projet, en autoproduction. Heureusement qu’UGOP m’avait formé un peu à tout ça. Et ce qui prend le plus de temps, c’est de concilier les agendas de chacun. Mais paradoxalement, quand j’ai lancé l’idée de ce second épisode il y a environ deux ans, j’ai constaté que le volume 1 avait motivé beaucoup de monde. Des mecs comme Mani Deiz ou Nizi m’ont envoyé des productions par dizaines par exemple. Le fait de tourner avec Flynt ou Swift a aussi permis de se connecter avec beaucoup de gens, de souder le projet. Sortir d’UGOP, que ce soit par la fin du studio autant que par les concerts, a également permis d’ouvrir le second volume. Disons que le premier Appelle-moi MC avait quelque chose de propre au studio, à des trucs qu’on vivait avec des gens comme Nodey, Omar ou l’équipe Beatstreet. Le second volume est plus la conséquence de toute cette histoire. Proportionnellement, on est moins 18ème arrondissement sur ce Appelle-moi MC de 2015. Mais on reste dans la même école de rap, la même volonté derrière l’idée de s’appeler MC. Et puis un duo comme Lino et Flynt ou comme JP Manova et Deen Burbigo, il fallait que ce soit moi qui les monte ! Le hasard et la vie ont fait que je fréquente ou travaille avec les rappeurs que j’aime écouter. Alors autant en faire quelque chose ! »

Décrit par ses pairs comme un véritable épicurien mais un faux nonchalant, reconnu pour sa capacité à bosser des sets et des scènes avec acharnement tout autant qu’à savoir ce qu’il veut en studio, Blaiz’ est également toujours dépeint comme un malade de rap. « C’est aussi un peu pour ça que j’ai resserré le tracklist, abandonné l’idée de double CD qu’on avait mise en place sur le volume 1 : pour pouvoir plus peaufiner les morceaux. Par exemple, je ne scratche plus et je suis pourtant un fou de scratch. J’ai donc pu donner plus de temps et de place pour me concentrer aussi là-dessus et inviter des DJs comme Nelson, Hesa ou Nixon pour ne citer qu’eux. En écoutant la compilation, je voulais aussi que les DJs se disent : ah ouais, il y a du level. » Et avant de le faire revenir pour nous sur deux ans de travail, titre par titre, nous avons assisté à la fin de son échange avec l’un de nos confrères du site lebonson, auquel il a lancé « je ne dois plus rien au rap ». Un peu plus tard, on s’est permis de le relancer sur la phrase : « les nuits à travailler à l’œil pour des morceaux ou des skeuds de rap, je les ai faites et pas qu’un peu. Et en plus, je ne les ai pas faites en traînant des pieds mais au contraire avec le cœur. J’ai donné autant que j’ai pu à cette musique. Et là, comme dit Laurent Blanc dans l’intro de la compilation en parlant de Blaise Matuidi : « Blaise prend une nouvelle dimension. » [rires] »

Une raison de plus pour revenir titre par titre sur un parcours polymorphe et une vision du rap alimentée par autant d’expériences, du studio à la scène, du 18ème arrondissement à la Suisse, d’Urban Peace à la Miroiterie. Avec en creux, un bel instantané de tout ce qui peut baliser le rap indépendant d’aujourd’hui. Alors, comme le font Demi-Portion, Sëar lui-même, DJ Brans, Lartizan, Nodey, Loko, Swift Guad ou JP Manova : appelez-le Blaiz’.

Appelle-moi MC vu piste par piste par DJ Blaiz’ et par DJ Brans, Sëar lui-même, JP Manova, Nodey, Swift Guad, Loko, Demi-Portion et Lartizan.


Gueule d’ange « On est bien là »

« Ce titre, c’est l’un des premiers morceaux que j’ai reçu, peut-être même le premier. Gueule d’ange, c’est l’exemple parfait du mec qui n’a pas pu être sur le volume 1 mais qui aurait dû y être. Si je l’avais rencontré quelques mois plus tôt, il aurait été là il y a 5 ans [le précédent volume d’Appelle-moi MC est sorti en 2010, NDLR]. Tout à l’heure, tu me faisais remarquer qu’il y avait plusieurs écoles assez marquées sur le projet, dont celle de Paris Nord. Mais tu sais, j’avais un studio là-bas, et Gueule d’Ange fait partie de tous ces gens que j’ai rencontrés et enregistrés là-haut. Il est l’un de ceux qui est devenu un ami. Le syndrome du type rencontré trop tard pour être là sur le précédent volume, il n’est d’ailleurs pas prêt de s’arrêter. Des mecs comme Lacraps ou Melan, les potos du Gouffre, obligés on les verra sur le prochain Appelle-moi MC. [Le morceau tourne en même temps et les scratchs commencent] DJ Djaz ! C’était obligatoire d’avoir des scratcheurs aussi, et des bons. Je suis fan de ça. Djaz n’est pas n’importe qui, Hesa non plus. Tous en vrai : D’Side, Nixon, Venum. Il y a même Nelson ! J’ai le champion du monde DMC qui est venu scratcher sur mon projet. Ça tue. »

Jeff le Nerf & Saké « Enfants du hip-hop »

« L’une des idées du projet, c’est de constituer des duos. Saké et Jeff le Nerf sont tellement deux gros kickers que les rassembler était évident. En plus ils ont un délire en commun ! Je ne comprends toujours pas pourquoi ils n’ont jamais été réunis avant. C’est aussi le premier morceau que j’ai mis en avant dans la promo du projet, et pour l’anecdote, c’est quand j’ai poussé ce titre sur internet que le distributeur du projet m’a appelé : « DJ Blaiz’, t’es sur le Volume 2 ? Ça nous intéresse ! » Finalement, on a pressé deux milles exemplaires, et à côté on le propose en numérique. La distribution numérique ça pèse plus que le physique aujourd’hui. Quelque part, même pour nous c’est confortable. On aura toujours besoin d’avoir un objet, des skeuds, mais le digital, ça ne te coûte rien, il n’y a aucun risque que ça te reste sur les bras et ça te permet de toucher des gens que tu ne toucherais pas avec une distribution physique à petit tirage. Comme je tourne avec pas mal de monde, le dernier pilier, c’est le merchandising en concert. Ces trois types de distribution associés, ça permet à ton projet de bien se diffuser. Même si tu n’en vends que quelques-uns par concert, une fois multiplié par 50 dates ça commence à avoir du sens. Après, ça dépend où aussi. En Suisse ça part bien. Le lac, les montagnes, Montreux, je kiffe la Suisse ! [À propos de la dédicace « à mes Suisses » dans le livret du disque] C’est une expression, il y a un de double sens [il rit]. À l’époque, quand on faisait l’album de la Scred, les petits du quartier disaient toujours « Mon sauce, mon sauce ! » Nous on s’est mis à dire « Mon suisse, mon suisse ! » C’est une dédicace aux amis, aux proches, c’est ça « mes suisses » ! [rires] »

Paco, 10Vers & Ritzo « Respect »

« J’ai d’abord connecté 10Vers et Paco, ensuite Ritzo s’est associé au truc. Tous se connaissent, mais chacun a enregistré depuis sa ville : Paco avec moi à Paris et Ritzo et 10Vers chez eux, respectivement à Besançon et Toulouse. Ils ont déroulé à partir du couplet et de la première phase de refrain qui ont été écrits par Paco. Que Paco se soit remis au rap, ça tue, surtout vu comment il revient : plusieurs projets super bien faits, des scènes. Paco Errant [son dernier album, NDLR] c’est une tuerie, et contrairement au titre de l’album, dans le genre MC cohérent, tu peux difficilement faire mieux. Je ne sais même plus où on s’est rencontrés, ça commence à faire un bail. Peut-être via Swift Guad. Ou à La Miroiterie, dans les soirées organisées par Nasme [les soirées Réflexion Capitale, NDLR]. On en a fait une bonne soixantaine des soirées là-bas et la dernière qu’on a faite, ça ne pouvait pas être mieux pour finir. Ce qu’il s’est passé est moche, mais c’est la vie [La Miroiterie est un squat parisien où des concerts étaient organisés. Le lieu a été fermé suite à un accident puis un incendie, plus d’informations ici, NDLR]. Après c’est à nous de trouver d’autres lieux comme ça, même si c’est vrai que dans Paris ça se fait rare. Moi ce sont des ambiances que je kiffe. On parlait de la Suisse tout à l’heure, des spots comme ça, ils en ont plein ! Mais c’est vrai que Panam’ c’est un peu calme en ce moment. Pourtant, ce n’est pas par manque de concert, plus par manque de public. A chaque fois que j’ai joué en Suisse, j’avais deux fois plus de monde qu’ici. [Il montre l’affiche d’un plateau rap français de la soirée One Shot, organisée en Suisse] Tu vois ça, on avait presque 1 000 personnes. A Paris je ne sais même pas si je pourrais accéder à une salle me permettant de ramener autant de monde, ni s’il y aurait eu autant de monde. 500 peut-être ? Je ne sais pas. J’espère me tromper. »

Wira & Furax « Traîtrise »

« Pour moi, c’est comme Saké et Jeff le Nerf : une autre évidence, une combinaison qui aurait dû être faite depuis longtemps. Le Black Viking et Barbarossa, rien que les blazes tu sais à quoi t’attendre : deux énervés sur le même morceau. Quand tu regardes les clips de « Les trois murs de ma chambre » ou « Du poids du mal », tu vois que Furax est un gars qui va au bout des choses. Avec Chaz [le réalisateur, NDLR] ils sont complètement dans leurs délires, ils se font leurs décors, pour l’un des clips ils se sont mêmes construits des haches la veille [rires]. Ils choisissent des endroits perdus, ils ont des gros concepts et Chaz à la réal, c’est un chaud. Le délire horrorcore je ne le kiffe pas systématiquement, surtout en français. Mais quand c’est Furax Barbarossa, je trouve ça vraiment mortel. Quant à Wira, il fait partie des indispensables, de ceux que tu retrouves sur les deux volumes. Les Zakariens de toute façon ce sont mes potes, je referais des concerts avec eux les yeux fermés. »

L’Hexaler, Aketo, Arsel MC & Malik Zuitdi « Insoumis »

« L’Hexaler, je tenais vraiment à ce qu’il soit-là. Il a enregistré en premier et je me suis dit qu’avec Aketo ça le ferait. Je sais qu’il a aimé Sniper en plus. De son côté, Aketo a pris vachement de volume en écriture. Il fait des trucs avec Haroun. Entre l’un et l’autre, c’est pas la pire école ! [En discutant, on en vient à parler des compilations Kool & Radikal, de Tunisiano et de M.Group] Puisque tu me parles de M.Group, Tunisiano je devais le faire poser aussi, avec un ami. Ça devait être un morceau en arabe. Seulement ça n’a pas pu se faire car la vie a fait que mon poto a pris d’autres chemins. Par contre s’ils reforment Sniper, moi je suis super chaud pour les voir sur le Volume 3 des Appelle-moi MC. [Lui demandant si à l’image de son ami, d’autres rappeurs qui se sont arrêtés ou été stoppés lui manquent] Mysa c’était un rappeur de ouf. Il est dans d’autres délires maintenant, sa vie de famille et tout. Je pense qu’il s’en bat les couilles maintenant du rap. De toute façon, le milieu, il s’en est toujours un peu battu les couilles. Mais c’est un tueur ! On s’est encore revus il n’y a pas si longtemps. J’étais avec Nasme après un concert, il nous a trimbalé dans tous Metz en nous expliquant la ville quartier par quartier, son histoire, sa population. C’est du Mysa tout craché. Si tu veux l’interviewer, prévois un peu de temps ! [rires] »

Sëar lui-même « Tourne la page »

« Sëar, son duo c’est d’être avec Flev [qui a réalisé le production, NDLR]. C’est ce que je voulais ! Honnêtement le mec, je ne savais même pas avec qui le mettre comme autre MC, et je sais qu’il me pond trois couplets mortels sans problèmes, comme il l’a fait. À côté de ça, c’est un putain d’improvisateur, une vraie machine. Étant son DJ de scène, j’ai pu le vérifier. Pour un DJ, c’est d’ailleurs un MC super motivant. La première scène que j’ai faite avec lui c’était pour la soirée Rap Attack au Nouveau Casino. Pour que je me prépare, son frère m’a envoyé une vidéo de l’un de ses concerts : « tiens, c’est comme ça qu’il va falloir faire » [rires]. Tu regardes la vidéo, tu vois que c’est exigeant, qu’il faut suivre : ça cut, ça repart, ça joue avec le beat, laisse des blancs pour faire des effets, de la percussion. J’ai retourné la vidéo, bossé comme un dingue, et je suis venu. Ça a été carré et je me suis même permis de lui faire une feinte : il ne voulait pas faire « Combat de maître ». « Comment ça tu ne veux pas faire Combat de maître ? C’est une soirée Rap Attack, à l’ancienne, il faut le faire ! » Alors je lui ai balancé le son, par surprise à la fin du set. Son backer, c’est mon pote,  il est complice. Sëar n’a pas eu le choix et finalement le morceau a retourné la salle. Depuis ce jour-là, ça marche bien entre nous [rires]. »

Lino & Flynt « Appelle-moi MC »

« Un soir dans ma tête, j’étais ici, chez moi, foncedé et j’ai pensé à ce concert qui allait venir où Flynt Nasme et moi étions programmés avec Ärsenik. J’ai envoyé un texto à Flynt : « Flynt, un morceau avec Lino, t’es chaud ? ». Il m’a dit ouais. Au concert, j’ai été voir Lino : « Lino, un morceau avec Flynt, t’es chaud ? » Il m’a dit ouais. Avoir Lino sur mon projet, c’était un rêve. Et cerises sur le gâteau : Nodey a arrangé la production de Sound Cooking et DJ Nelson scratche dessus. Avoir un champion DMC comme Nelson, c’était un rêve. Taffer avec un pote d’enfance comme Nodey, qui est en plus un des meilleurs producteurs français, c’est que du bonheur. Trouver une production qui convient à Flynt et à Lino, c’est un rêve, merci Sound Cooking, car trouver une production pour Flynt, c’est parfois compliqué [sourire]. Bref, ça a été que du bonheur. Et je considère vraiment Lino comme un génie. Bien sûr il a ses singles, mais regarde les premiers trucs qu’il a balancé, genre « 12ème lettre » ou « Choc Funèbre ». « Le Flingue à Renaud » est dingue aussi. Il a mis tout le monde au pas avec 4 ou 5 sons avant même la sortie de l’album. Sa stratégie est bizarre d’une certaine manière, car il a envoyé les sons les plus hardcores en premier et ceux peut-être plus pour la radio il les a gardés en retrait avant la sortie de l’album. Mais j’espère que ça tourne à mort pour lui. C’est vraiment un génie. Regarde, même dans Bisso na Bisso il ne s’affiche pas ! Tu veux dire quoi ? [rires] Tu ne peux pas reprocher un couplet à Lino.  Tu peux lui reprocher une meuf sur un refrain ou quoi, mais pas un seul de ses couplets. Tout le monde respecte Lino. Et comme je te le disais, l’autre grand moment de bonheur, c’est d’avoir DJ Nelson, champion DMC. J’étais là quand il a gagné au DMC avec son show sur « Break Ya Neck ». [Il lance la vidéo réalisée suite au set, NDLR] Moi je ne suis pas un DJ de championnat, je kiffe ça mais tant qu’il y aura des mecs comme lui, que veux-tu que j’aille foutre en battle ? Me faire poncer ? [rires] Regarde ici, je n’ai même plus de platines ! Quand j’étais petit, je me prenais la tête, je m’entraînais, je bossais grave le scratch. Aujourd’hui, je n’ai même plus une installation pour bosser dessus. D’ailleurs, dès que la thune revient un peu, ce sera plan de travail, Serato et MK2, c’est prévu direct, ça me manque ! Même les championnats, j’étais à fond à l’époque de Kentaro et compagnie. À l’époque, j’avais rencontré Pfel. Aujourd’hui, plein de gens crachent sur C2C. Mais va chez Pfel, tu vas voir ce qui va t’arriver. On a fait un question/réponse scratch pour goleri. Au bout de deux réponses, j’ai été m’asseoir et je l’ai laissé faire les questions et les réponses [rires]. Un mec comme R-Ash, c’est pareil. Qu’est-ce que tu veux que j’aille faire en compétition ! Je suis un bousillé de scratch, mais j’ai pas leur niveau. »

Deen Burbigo & JP Manova « Fonte des glaces »

« Deen m’a dit qu’il voulait faire un morceau avec JP. Il m’a surpris en proposant ça, dans le sens où je n’y avais pas pensé et qu’ils ne se connaissaient pas du tout. Mais tout de suite, je me suis dit : « ça tue ». Et pas seulement pour Deen, aussi pour JP ! L’air de rien, Deen a une exposition et moi ça me fait kiffer que quelqu’un qui ait cette exposition pense à un mec comme JP, qui était déjà deux fois sur le premier Appelle-moi MC. À cette époque, on se disait d’ailleurs que JP pétait les plombs à ne rien sortir, que ce n’était pas normal quand on voyait les 20 albums blindés de classiques en train de dormir dans ses disques durs. Pour moi, c’était acquis depuis le Volume 1 qu’il devrait être à nouveau de l’aventure pour le Volume 2. Ça l’a été encore plus quand on a vu qu’il avait enfin décidé de se lancer. J’espère vraiment que ça va être son année, que les gens vont comprendre la puissance. Jusqu’à maintenant il a gardé ses sons pour lui. Là il commence à faire sérieusement parler de lui, et il a le potentiel pour tout niquer. Quand je vois comment il mène sa barque depuis quelques mois, je comprends mieux sa stratégie. C’est un mec, quand tu l’écoutes, t’as l’impression que pour lui tout est facile. Et ça c’est rare. »

Le C.Sen « À l’aise »

« Je connais C.Sen depuis des années. Il était même aux vingt ans de mon petit frère, un vrai poto, alors obligé qu’il soit là. Il est dans trop de concepts ! Regarde le grand écart musical qu’il a fait en trois mois avec deux titres comme « Sourire Jaune » et « Nid de Coucou ». Seulement, dans les deux cas, ça a vachement de style, l’écriture reste fidèle au personnage, les concepts sont super bien maîtrisés. C’est vraiment quelqu’un qui dégage une personnalité et qui sait surprendre. Sur Appelle-moi MC 2, il est plus dans quelque chose de classique, moins audacieux peut-être, mais ça reste super singulier. Et encore une fois, j’ai voulu faire la compilation que je voulais acheter. C.Sen, je me reconnaîtrais toujours plus dans « Sourire Jaune » que « Nid de Coucou », mais de toute façon, il le sait et il le fait. Il connaît la couleur de la compilation, il sait très bien dans quel délire on est et qui écoute et écoutera. Et dans tous les cas, ça reste du pur C.Sen, en plus sur une production de Nodey. Avec Nodey, il faut passer le casting pour poser sur une de ses productions. Mais C.Sen ça fait longtemps qu’il les a passés les castings de Nodey [rires]. »

Swift Guad « Évidemment »

« Sur ce son, il devait y avoir Taïro au refrain, mais ça n’a malheureusement pas pu se faire pour des questions de planning. Le rap et les emplois du temps, c’est dur ! [rires] Swift est arrivé avec son premier couplet, son refrain, et en ayant choisi son instru. Comme tout ne se passait pas comme prévu, il s’est adapté et a fini tout ça en studio. C’est du Swift tout craché : un mec hyper productif avec une écriture ultra réactive et toujours inspirée. Comme Sëar, je crois qu’il fait partie de ces MCs tout terrain, qui s’adaptent à tout. En plus, il est hyper ouvert musicalement. T’aimes ou t’aimes pas, mais moi je valide tout ce qu’il fait, car jusqu’à maintenant, il l’a toujours bien fait. C’est un mec qui te fait de la trap, des reprises acoustiques, des collaborations avec Rapsodie, du boom-bap, des sons hyper-sombres… Il a des connexions dans tous les sens et ne se refuse rien. Alors tu sais, les gens peuvent gazer sur un son comme « Icare », mais moi qui suis son DJ de scène, quand on balance ses sons plutôt trap, ils sont autat repris en chœur que les autres. Pour Appelle-moi MC, bien sûr que je l’ai orienté vers quelque chose de plus mi New Yorkais, mi Montreuillois. Comme je te l’ai dit, c’est le projet que j’aurai aimé acheter. Et Swift, en étant tout terrain, il représente l’un des trucs que j’aime dans cette vie qu’on mène tous dans le pera : être connecté avec plein de monde. Moi je ne me sens pas comme un homme de l’ombre, car il y a un peu de lumière quand même avec les concerts ou une compilation comme celle-ci. Mais c’est clair que bouger partout, voir du monde, se connecter avec plein de gens qui aiment ou font du rap, c’est mortel. Même en Suisse, en Belgique. En fait, on se fait des petites équipes partout. Si demain j’ai un enfant, je peux l’envoyer partout en France, il aura toujours un tonton à moins de 100 kilomètres ! [rires] Sur la compilation, c’est beaucoup de trentenaires, mais on est aussi connectés avec des mecs comme Nekfeu ou Alpha Wann, que j’espère voir sur le volume 3. 1995 ce sont des jeunes qui ont eu une visibilité de ouf pendant une période, et ils nous respectaient et nous respectent encore. Ils nous écoutaient et nous écoutent encore. Ce sont des gars qui nous ont toujours suivis sans jamais changer vis à vis de nous, qu’ils fassent des milliers de vues Youtube ou pas. Et ils ont ramené des nejeus à leurs concerts, et de fil en aiguille aux nôtres. Parle avec un mec comme Alpha Wann, c’est un mec qui connaît super bien ses classiques. Des gens les critiquent, ont eu le seum qu’ils aient une Victoire de la Musique, mais quoi ? Tu crois que s’ils ne l’avaient pas eu, c’est à toi qu’elle serait revenue ? Et on dira quoi dans 10 ans ? Regarde 113, des gens ont eu le seum quand ils ont obtenu la Victoire de la musique. Aujourd’hui, tout le monde l’a admis et est d’accord que c’était mortel pour le rap. C’est pareil quand je me souviens d’Urban Peace. La première édition, j’y suis allé en traînant des pieds, en trouvant ça commercial. Mais quand je regarde l’affiche aujourd’hui, c’était un truc de ouf. Y avait Mafia K1Fry, B.O.S.S, IV my People, Oxmo, Sniper. Lourd ! Et déjà à l’époque on disait : « waoh c’est commercial ! » L’année suivante tu regardais l’affiche du 2 : Kenza Farah. « Oh mais qu’est ce qui se passe les mecs ? » [rires] »

Dem & Loko  « Rappelle-toi »

« Tu vas me parler uniquement de Loko ? Mais je peux comprendre. C’est Neochrome le mec quand même. Et c’est aussi pour moi le meilleur ingé son rap de Panam. Si on ne le connaît finalement moins comme rappeur que comme ingénieur du son ? Dans le public peut-être. Mais parle de Loko avec Al-Kpote par exemple ! Il te dira que c’est un putain de rappeur et un putain d’ingé-son. Et le mythe qu’il est injoignable, que c’est une galère téléphonique, qu’on retrouve beaucoup dans les textes des gens avec qui il fait des featurings, ce n’est justement pas un mythe. Ce mec, tu peux le détester pour ça alors qu’il a tout pour que tu l’adores. Il est trop sympa, il mixe très très bien, tu te tapes des barres avec lui, il a fait beaucoup pour le rap, mais quand t’entends trop souvent les cinq sonneries de son téléphone, tu te mets à le haïr [rires]. En terme de mixage, j’ai une confiance aveugle en lui alors je lui ai donné les clefs de la compilation. Moi, je ne pouvais pas le faire, je manquais de recul sur les morceaux, j’avais trop rodé les maquettes. Tous les délires de réalisation qu’il faisait ça tuait. Et je pense qu’il mixe mieux que moi. En plus je n’ai plus de studio, alors entre louer un studio et le faire moi-même ou faire bosser un mec fort comme Loko sur des morceaux sur lesquels je manque de recul, le choix est vite fait. Loko est un gars qui a bousillé le rap, avec énormément d’expérience. Il connaît ses machines, son studio. Je voulais que ce soit lui ! De toute façon, un mec qui bousille les raccourcis claviers comme lui le fait, ça veut tout dire. [rires] Et là avec son pote Dem, ils m’ont vraiment fait ce pourquoi on se rappelle du Loko rappeur : des concepts, du story-telling à base d’histoires de galères et d’embrouilles de poto bien tournées. »

Gino & R.E.D.K « Maîtres de cérémonie »

« Sur ce morceau, je voulais qu’il y ait aussi Perso le Turf mais on était trop courts niveau délais pour que ça se fasse. Gino je le connais par Flynt. REDK je l’ai rencontré quand La Swija avait fait son Planète Rap. Ils avaient ramené tout Marseille avec eux et bien sûr Carpe Diem était là. Avec R.E.D.K, à l’occasion des scènes Biffmaker ou des concerts avec Flynt, on s’est revus à Marseille. Le temps que je revienne le voir, il avait eu le temps de me bousiller le cerveau par internet, avec ses freestyles. On parlait de Lino tout à l’heure, et justement R.E.D.K quand il rappe avec Lino, il fait mal. Quand il rappe avec Scylla, il fait mal. Tu le retrouves aussi sur Dernier MC avec Kery James, ce n’est pas rien. Tu sais le rap marseillais, je le trouve souvent regardé bizarrement, mais le rap, quand c’est bien fait, c’est bien fait. Évidemment, je vais te citer IAM ou la FF. Mais Keny [Arkana, NDLR], j’ai toujours kiffé, depuis Etat Major. RPZ ça déboite. Un mec comme Le Rat je n’en parle même pas. On ne peut pas regarder le rap marseillais de travers quand on pense à tous ces gens-là. Parce que je fais des scènes avec Flynt et que je suis rentré dans le rap via un studio un peu emblématique du 18ème arrondissement de Paris, on peut me voir comme quelqu’un de très branché Paris Nord. Mais rien du tout. Je suis de Normandie à la base. Je suis arrivé ici en 2002. Même au studio à l’époque, quand on a commençait à l’ouvrir aux clients, on a enregistré des gars comme Lalcko, Virus passait souvent, tout comme des mecs comme LIM ou Rim’k. Avec Appelle-moi MC, je ne cherche pas à représenter un quartier, une école. Je cherche à mettre en valeur des MCs que j’écoute et qui correspondent à ma définition du MCing. »

Les 10 & Nakk « Superlyricistes »

« Là ça va aller très vite tant c’est une association mythique. OK, ce n’est pas une combinaison inédite, mais c’est l’évidence de faire renaître une association qui est devenue un classique. Le faire sur Appelle-moi MC, surtout avec leur style, leurs phases, l’idée du MCing qu’ils font naturellement transparaître dans leur phase, c’était inévitable. L’Indis et son refré Lavokato, ce sont des tueurs. L’indis connaît le rap, c’est incroyable. C’est un véritable ancien. Lavokato pareil, tu me parlais de son implication dans Down With This, c’est typiquement ça : des mecs impliqués, qui connaissent le son. À trois, ils se surnomment les triplés. Sur la compilation, je voulais surtout faire des combinaisons inédites avec des duo comme Wira et Furax, Lino et Flynt, Deen et JP Manova. Là OK, je ne l’ai pas fait, mais ils ont restauré un trio qui appartient à nos classiques. Et quand tu les vois en studio, quand tu les écoutes rapper, ils sont vraiment ça : des triplés. »

Bazané & Romano le Stick « Mes démons me poursuivent »

« L’un des morceaux les plus sombres de la compilation ? Oui, effectivement. Mais quand tu connais leur style de rap, ce n’est pas étonnant, et je pense que l’instru de Fonka les a encore plus poussés dans cette direction. Eux aussi, ce sont des anciens. Romano fait partie de l’équipe FMR, la mixtape Mizo Point c’était eux par exemple. Mais surtout, il y a dix ou quinze piges les trois quarts du rap français ont enregistré dans la chambre de Romano, chez sa darronne. Même un mec comme Sinik y est passé. Il y avait même des mecs qui descendaient au ED juste en bas pour remplir le frigo de la darronne tellement ils squattaient [rires]. J’ai l’impression que tout le pera est passé chez lui. Et Bazané c’est Warlock et Ol’Ziko. Que des mecs déjà là lors du Volume 1 et que ça me faisait plaisir de faire revenir. Ce sont des anciens. Warlock il backait Haroun à l’époque des concerts d’Au Front [premier album solo d’Haroun, en 2007, NDLR]. Il était là à l’époque des clashs au Batofar. Ce sont des gens peu connus par le public, mais qui pour moi font partie de l’histoire. C’était important de les avoir sur le volume 1, ça l’est tout autant de les avoir sur le volume 2. »

Hermano Salvatore, Aki La Machine & Mesa  « Pour les bonnes raisons »

« Sur ce morceau, il y a des phases qui me parlent beaucoup. Quand ils disent « confonds pas la qualité et les vues Youtube », ne serait-ce que parce que les vues Youtube s’achètent, je trouve que c’est bien de le dire même si pour les auditeurs de la compilation, c’est sûrement une évidence. Alors entendre ça sur Appelle-moi MC, c’est un peu une évidence, peut-être même attendu, surtout qu’en regardant le tracklist, tu vois bien qu’il y a peu de gens qui pèsent des centaines de milliers de vues sur internet. Nous, à quelques rares exceptions près, notamment le clip de « Mon pote » [morceau de Flynt et Orelsan sorti sur le second album de Flynt, NDLR], on ne peut même pas parler de millions [rires]. Pourtant tout le monde défend la qualité et s’acharne depuis toujours à faire du son sérieux et de qualité. Je pense qu’acheter des vues, ça pourrait même faire partie du budget de maisons de disques aujourd’hui. En même temps je dis ça, mais quand on me dit qu’une vidéo de petits chats à 49 millions de vues ! [rires]

« Notre zik de dernier de la classe s’est faite taxer par les bourges » ça me parle aussi. Je ne sais pas à qui il s’adresse en particulier, mais moi je l’entends comme ça : si tu veux être médiatisé, tu dois forcément te tourner vers des gros médias. Et ces médias là n’appartiennent pas à des mecs en chien. Ceux qui y travaillent non plus. Il y a de la récupération à ce niveau-là. Après que le rap devienne grand public, c’est pas une mauvaise chose si tu me parles de 1995, Bigflo et Oli ou Orelsan. Si tu me parles de Gims ou de Black M, c’est encore différent. Leur public c’est beaucoup des enfants désormais. L’autre jour, je voyais le petit d’une copine qui n’a même pas deux ans. À cet âge-là, ça scotche déjà le clip de Black M ! Et vu son âge tu ne peux pas dire qu’il a pris une disquette de Skyrock. Les mecs de Sexion d’Assaut, c’est assez dingue ce qui leur arrive. Et en même temps, tu sais qu’un mec comme Gims ne sort pas de nulle part. Dans le succès de tous ces gars, je ne sais pas qui a pris l’oseille, mais j’espère que c’est eux. »

Demi-Portion « MC en chantier »

« Je suis hyper heureux de son succès. C’est un bête de gars. Son album défonce de la première à la dernière minute et je trouve qu’il a appris à plus se lâcher. Demi-Portion, c’est un acharné de travail qui n’a jamais dévié de son truc. Il a toujours bossé son rap et tout ce qu’il y a autour. Regarde ses lives avec DJ Rolex, ils sont super bien réglés. Demi ça fait des années qu’il tourne, qu’il fait des ateliers, qu’il propose du son. Jamais tu ne l’as vu prétendre à quoi que ce soit, jamais tu ne l’as vu chercher à monter sur les autres pour y arriver. Il n’a pas non plus oublié sa ville, d’où il venait. Pour moi son succès est vraiment mérité et qu’il y soit arrivé en restant indépendant, ça fait encore plus chaud au coeur. C’est un bosseur et un bonhomme, un petit gars pépère qui te donne envie d’être son pote. En plus, sur la compilation il a deviné le morceau que je lui aurai demandé. Il a vraiment livré le son que j’imaginais sans que je n’ai rien besoin de lui dire. Pour moi c’est la définition du mec travailleur, opé, doué, et qui ne doit rien à personne. »

Shabazz The Disciple & Godfather Part.III « I Know Now »

« Tout est parti de la production de Lartizan. De loin, on pourrait croire qu’il n’est plus que directeur de label [Lartizan est fondateur de LZO Records et co-fondateur de Bad Cop Bad Cop, NDLR] mais niveau production il froisse toujours. C’est vraiment l’une des productions sur laquelle j’ai flashé à l’époque où j’étais occupé à collecter des sons pour le projet. Je l’ai même sûrement trop écoutée sans MC, au point que je ne voyais plus bien qui faire apparaître dessus. Puis il y a ce refrain en anglais, qui pour moi impose d’avoir des MCs qui rappent en anglais. Je ne me voyais faire poser des français avec ce refrain au milieu. J’ai donc suivi cette piste et décidé de proposer à des ricains de poser sur la production. Je l’avais déjà fait sur le volume 1 en plus. Shabazz s’est imposé, d’une part parce qu’il est éternel, d’autre part car on s’est souvent croisés. Il a beaucoup squatté Paris. On s’est notamment vus à pas mal de concert. Il a accepté tout de suite de participer au projet. Quant à GOD, il est venu car il rodait aussi pas mal dans les parages et qu’il est très connecté avec I.N.C.H. »

Gaïden & Yoshi « Appelle-moi papa »

« J’ai souvent croisé Gaïden sur des dates. Yoshi était régulièrement là, car c’est vraiment un duo eux-deux. Sur la compilation, ce sont souvent des histoires comme ça en fait : des gens rencontrés au gré des concerts, au studio, par d’autres rappeurs. Comme je te l’ai dit, le rap est un petit milieu au fait, on se croise et on se connaît vite tous. Yoshi & Gaïden, que ce soit sur scène ou en-dehors, c’est que de la performance. [rires] Sur scène, ça rappe sec, ça improvise à tour de bras, ça taffe beaucoup. Et en dehors, ça vanne beaucoup, ça se met bien au rhum pour Yoshi, ça se tape des barres, surtout avec la répartie de Gaïden [rires]. Alors il faut pas s’étonner que leur morceau soit le plus délirant de la compilation. C’est aussi pour ça que j’ai souhaité le mettre à la fin, pour finir sur quelque chose de moins sombre, surprendre un peu. C’est un peu comme quand tu es fanatique de films d’auteur, sombres, mais que tu as aussi besoin de te mater une bonne comédie de temps en temps. Là c’est totalement ça, mais tout en gardant une grosse qualité de réalisation. Leur morceau est hyper-technique, rythmé, avec une grosse production derrière le délire qu’ils se font. Bref, c’est vraiment leur touche. Si je vois une touche Saïan chez eux ? Bah de toute façon c’est des potos à eux, mais ce sont des influences. C’est plutôt un compliment je crois non ? Saïan ce sont des génies. Et même sur scène c’était grand. D’ailleurs, ce morceau, Yoshi et Gaïden l’ont testé sur scène ça a vraiment bien fonctionné. SOAP l’a testé dans les bars où il mixe, les gens ont kiffé. Et puis même aujourd’hui, j’ai déjà entendu à propos d’autres MCs : « Oh il rappe comme Yoshi ». C’est bon signe quand même non ? Avec eux, c’est toujours des barres. Et Yoshi, j’ai fait le salon du rhum avec lui. C’était incroyable. [rires]« 

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1 commentaire

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  • Xtombtz,

    C’est une bonne compilation avec des gars motivés et un vrai thème. En principe une compil’ se récume a quelques morceaux piochés à droite à gauche, mais là non. Et le dernier morceau m’a bien fait délirer, contredire le thème c’est bien marrant 🙂