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Al K-Pote expliqué à ma chienne de femme

[Décalé]A l’occasion de la première Journée mondiale de la chienne de femme, un lecteur nous a fait parvenir le courrier suivant, copie d’une lettre adressée à sa compagne. Et si le personnage d’Al K-Pote n’était au fond qu’un gigantesque malentendu savamment entretenu par l’intéressé ? La question est posée. Eloignez vos grands-mères et ajustez vos lorgnons.[/Décalé]

Ma chérie,

Je souhaiterais par cette lettre te présenter le cadeau qui l’accompagne. Al K-Pote, c’est le nom marqué sur la pochette du CD, est un MC du 91. Il a sorti en mai dernier son premier véritable album, modestement intitulé L’empereur, que tu tiens entre tes mains tremblantes. Cela me ferait immensément plaisir que tu l’écoutes et que tu en prennes de la graine au lieu de faire ta migraineuse à chaque fois que je t’entreprends physiquement. J’aimerais d’ailleurs beaucoup accrocher certaines de ses maximes au-dessus de notre lit – avec ton accord, bien entendu, nous sommes au XXIème siècle. Par exemple celle-ci, qu’il n’énonce pas exactement en ces termes mais qui je trouve ferait bien en gros caractères brodés sur ton oreiller, en guise de profession de foi à méditer chaque soir : « Salope t’as trois issues : c’est soit ta bouche, soit ta chatte soit ton cul« … Dans la cuisine, nous pourrions aussi coller celle-ci, par exemple au dessus du frigo : « Lèche mon concombre et mes citrouilles« . Ou celle-là, labellisée SPA : « Chiennasse t’as qu’à dresser la patte pour que je vienne te caresser la chatte« . C’est beau non ? Moi ça me rappelle le Doc Gyneco de la grande époque, celui qui confessait : « Ma pose préférée ? Prendre la fille à quatre pattes, et qu’après l’amour elle me fasse chauffer les pâtes« .
Outre son flow juvénile et ses prods empruntées autant à Violator feat. Big Noyd qu’aux entrailles de 25G ou au patrimoine traditionnel irlandais, ce que j’apprécie chez Al K-Pote – et que, je l’espère, tu apprécieras autant que moi – c’est son sens aigu de la diversité derrière sa façade monomaniaque. Il y en a pour tout le monde, en gros, et je suis certain que tes copines aussi y trouveront leur compte. Ta copine Valéria, la fermière du Jura ? « Comme la vache à Fernandel, t’aimes faire trempette : tu baignes dans le sperme« . Ta copine Soraya, avec qui tu lisais des contes aux enfants à l’époque du BAFA ? « Frotte ma lampe d’Aladdin, n’oublie pas de faire un vœu« . Ton amie Anne-So, la mono de spéléo ? « Les gouttes de sperme coulent sur ton nez, tu comprends qu’on va te surplomber« … Et ta mère alors ? Même à elle, il y a pensé – à croire qu’il a lu dans mon esprit lors de tes fameux repas de famille du dimanche : « Je vais me faire piper par ta mère et lui faire bé-ger le dîner (salope)« .
Je passe sur un sens fascinant du refrain en perpétuel mode « donne-moi une bite et une bique » (« Mec tape la chatte de Casta (Laetitia), on a de la putain de frappe, de la putain de pasta, qu’est-ce qu’ y a ? Salope, nique Sarkozy (Cécilia), parole d’escroc dans le ghetto, ma musique vaut des milliards (salope)« , sur un précédent morceau), les trouvailles comme le verbe « désanusser » ou les étonnants multiples accolés au vocable « pénétration » (« triple« , « quadruple« , ouch !). Je n’insiste pas sur les invités, au diapason – mention spéciale à LIM, Salif et l’inénarrable 25G (qu’il faudra qu’un jour je pense à te faire rencontrer autour de quelques rondelles de Bâton de berger)… Non vraiment, j’ai beau me creuser la tête, je ne pense pas que j’aurais pu trouver plus beau cadeau à t’offrir en cette première Journée mondiale de la chienne de femme.

Car je sais que tu as de l’humour et de l’esprit – sinon tu ne serais pas ma femme, pardi. Tu as de l’humour et de l’esprit ma chérie, et je sais que tu vas aller jusqu’au bout de ce disque. Et que, comme moi, tu vas revenir sur au moins trois pistes : ‘Respect aux femmes’, ‘Mon histoire’, et ‘On crève à petit feu’. Et t’apercevoir à cet instant que de femmes, dans ce disque, il n’est finalement que très peu question, sinon en bien.  Oui, oui, tu as bien lu : ce n’est pas sur les femmes qu’Al K-Pote crache le plus sur son album, mais sur ses concurrents MC, qu’il féminise et bestialise par (dé)goût façon Booba 2006 (« Laquelle de ces rappeurs veut tester un MC de Bakel« ), quitte à paraitre ambigu tendance chelou… La pirouette te scie ? Comme disait jadis Oxmo, « c’est dès le début de ce texte qu’il fallait calculer« . Et comme dit aujourd’hui Al K en forme de cathartique et libérateur CQFD final : « Bande de chiennasses, bande de vieillasses, bande de grognasses, bande de poufiasses, bande de pétasses… Eh ben voilà ! »

Nulle insulte à l’intelligence et à l’humour féminins, donc. Juste un test.

Pourvu qu’elles comprennent plus vite qu’eux.

 😉

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