Nos 25 morceaux du second semestre 2016
Rap français

Nos 25 morceaux du second semestre 2016

Des têtes d’affiche, des auto-produits, des jeunes, des anciens, un prince de la vigne, un autre de Montreuil, un fenek, une animalerie, un barlou et une mégadose, voilà pour le panel de notre sélection semestrielle de 25 titres de rap français et francophone en cette fin 2016.


Zekwe Ramos – « Animos »

Zekwe a fait le deuil de ses rêves de devenir une rap star. « J’prends la paie du CDI, j’attends rien d’la paie du rap », admet-il dès l’ouverture de Frapp Musiq. Pourtant, sur « Animos », il joue à merveille sa partition de diva mal-élevée, bourrée et dans les draps d’une femme de cocu. Avec la mélodie gueule-de-bois de sa composition et son interprétation éméchée, Zekwe offre un morceau qui aurait pu être un tube s’il avait été dans les mains des Rae Sremmurd : autodérision, humour potache, sens de la formule (« mes saligots te font prendre la ligne C sans passe navigo »), et un flow qui dilapide les rimes en « o » comme on jette de la flotte devant une foule déchaînée. Tant pis pour les fastes : Zekwe reste un furieux rappeur. – Raphaël

Prince Waly  & Myth Syzer – « Soudoyer le maire »

La chose est paradoxale : un flow old-school, des textes dans la pure tradition de la fin du siècle dernier, un style de ricain des 90’s, et Prince Waly aura fait souffler un vent de fraicheur sur la fin d’année 2016. Aux côtés du brillant Myth Syzer, le Montreuillois a sorti l’EP Junior en octobre dernier, sur lequel figure l’excellent « Soudoyer le maire », faisant écho au morceau « Kidnapper le président » de son groupe Big Budha Cheez. Storytelling et name-dropping sont au programme pour trois minutes pleines de style, qui ne sont pas sans rappeler les belles heures d’Oxmo Puccino, ou des Sages Po. – B2

Nivek – « Vie d’alloca »

Parti de l’un des meilleurs jeux de mots de l’année, Nivek rappe l’envers du décor, l’autre versant de la médaille. Ici, c’est celui du mythe de la vida loca qui se fait suspendre par les pieds et mettre la tête à l’envers, sur une production des fétiches beatmakers du MC tourangeau que sont Kremlin et Juxebox. Un passage à tabac glaçant, le sens du détail autant dans les placements que dans les coups portés, avec les soirées de galère en invitées de marque. Du cent pour cent « Vie d’alloca », capturée dans une sordide friche de béton, et fourni par l’auteur des trop méconnues Very Bad Tape.zo.

La Main Gauche – « Je psalmodie » (Stekri Deep Rmx)

Début 2015, La Main Gauche, qui rappait déjà lorsque « le meilleur d’entre nous » était droit dans ses bottes, délivrait un premier essai en solitaire intitulé Derrière les palissades. Une réussite à tous points de vue, tant l’écriture du rappeur de K2C, à la fois intense et dépouillée, était sublimée par les productions de ses acolytes du Dezordr Recordz : Stekri et Dtracks. Depuis ? Peu de nouveaux couplets (il se murmure qu’un second EP est en préparation) mais quelques remixes offrant un nouvel écrin aux diamants du rappeur parisien. Trois sont d’ailleurs présents sur le neuvième volume des Dezordr Session. Il n’est pas question ici de les départager tant ils méritent chacun l’écoute, mais nous avouons un petit faible pour les psaumes revisités par le Kri-ste. – Diamantaire

Phénomène Bizness – « Ah Oué Oué Oué »

Encore assez discret, le duo Phénomène Bizness fait partie des grands espoirs du label de Nekfeu, Seine Zoo Records. Et il faut le dire, leur dernier titre continue d’alimenter nos espoirs : produit par l’orfèvre Hugz Efner, “Ah Oué Oué Oué” est une démonstration des qualités techniques et artistiques du duo qui lâche ici un tube dont le refrain reste un bon bout de temps en tête. Vite, la mixtape. – Brice

Kery James – « La Rue ça fait mal »

Pourquoi Kery James parle t-il encore autant de la rue si longtemps après y avoir fait ses premières armes ? Même pour l’intéressé, la question n’est pas évidente. Est-ce pour la montrer sous son vrai jour – celui des larmes et du sang – quand les autres la glorifie ? Pour rappeler d’où il vient à tous ceux qui l’auraient un peu trop vite oublié ? Parce qu’elle est simplement trop ancrée en lui ? Sûrement un peu tout ça à la fois. L’important, c’est que Kery James rappant la rue en 2016, soit vingt ans après le chef-d’oeuvre « Le Ghetto français », est toujours pertinent. Entre formules lapidaires (« Je viens de la rue, je ne fais pas semblant, j’ai fait des que-tru qu’on ne fait pas sans gants ») et réminiscences à glacer le sang (« Ils ont tué mon pote, ils ont brûlé son corps, la souffrance que je porte défie ton hardcore »), l’ombre de LAS Montana et de la Mafia K’1 Fry période grand banditisme plane sur ce morceau sombre et minimaliste. La phrase « Je ne suis pas un gangster de studio », répétée plusieurs fois, est bien plus qu’une pâle évidence : c’est un coup de marteau asséné par le fantôme de Mac Daddy Kery. – David²

Kekra – « La mort nous guette »

Avec quatre mixtapes sorties en l’espace d’un an, toutes de très bonne facture, Kekra aura marqué 2016 de son empreinte. Son flow, reconnaissable entre mille et l’aisance avec laquelle il roule sur n’importe quel beat sont époustouflants. Mais on peut aussi se poser la question de la pertinence d’un rythme aussi intensif de sorties. Comment peut-on avoir assez de choses à raconter pour livrer autant de morceaux ? Dans le cas de Kekra, il est intéressant de relever, au milieu de couplets tout à fait intercheangeables, les quelques lignes qui viennent conférer toute sa puissance à un titre. Ainsi sur « La mort nous guette », l’entrée en matière est un uppercut : « Tout ce qu’on veut c’est vivre, mais la mort nous guette, comme un re-frè mort en bécane dans Phuket, à l’aller entre reufs, au retour en soute wesh…en pleine forme devant ses proches j’sais pas où me mettre. »B2

Vald – « Mégadose »

Disons-le, Vald devient passionnant dès lors qu’il retire son vernis épais de dérision pour laisser place à son esprit dérangé et cynique. S’il s’était un peu perdu ces derniers mois dans des inédits qu’on qualifierait de rigolos mais pas marquants, “Mégadose”, le deuxième extrait de son album Agarta, est une claque tant il sonne juste. Désespéré et donc désespérant, le morceau nous met face à nos vices consuméristes, dans une ambiance trap étouffante. A l’image de cette saillie limpide en plein morceau : “Parfois j’ai honte quand je ne pense qu’à me droguer et baiser.” Pas mieux. – Brice

Dosseh – « Putain d’époque » feat. Nekfeu

« Un jour un ami m’a dit : « Ton problème c’est qu’tu rappes trop fort, tu gaspilles ton énergie pour que tchi, tu donnes du caviar aux porcs » ». En une rime sur « Putain d’époque », Dosseh a parfaitement résumé sa situation en une décennie de carrière, et la direction artistique qui en a découlée pour son premier album officiel, Yuri. Pourtant, aux détours de morceaux impersonnels, l’Orléanais rappelle son naturel de rappeur au propos complexe, plus efficace et dense que quand il « simplifie [ses] écrits ». Sur sa collaboration avec Nekfeu, Dosseh la joue cartésien, remettant tout en question, des décisions étatiques à la moindre expression toute faite en passant par ses relations avec les femmes. « Laud-sa, dis-moi quel est l’fuck ? » Le grattage de tête a dû être redoutable pour Dosseh lorsque son clip a été retiré de Youtube. – Raphaël

Kaaris – « J’suis perché »

Après deux albums plus hardcore que « les scènes de cul à la télé avant minuit », Kaaris a sans doute pensé qu’il ne pouvait pas réitérer indéfiniment la même formule. Sur Okou Gnakouri, le Sevranais se cherche, expérimente, et pour cette raison ce nouvel opus, au-delà de quelques frappes évidentes et attendues (« Le Sang », « Blow ») convainc moins que les précédents. Pourtant, quelques tentatives parviennent aussi à faire leur effet. « J’suis perché », par exemple, applique efficacement la formule PNL : instrumental suave et mélodieux, couplets chantonnés, refrain hypnotique à base de « hummm » et rythme changeant de rapide à temporisé. Mais sans faire dans le plagiat inutile, l’intelligence de Kaaris est d’y apposer sa touche. Pas la touche sanglante et sans pitié non, plutôt celle très personnelle, humaine et rare des morceaux « Or noir » et « Le bruit de mon âme », entre pensées à la mama et douloureuse introspection (« Je ne veux plus parler, je veux m’en aller »). Tout indique que « J’suis perché » aurait dû, logiquement, servir de titre au troisième album de Kaaris. C’était sans compter sur – fait inhabituel – d’autres morceaux tout aussi intimes (mais moins réussis : « Boyz N The Hood », « Contact », « Poussière ») qui viennent donner son intitulé autobiographique au projet. Gageons que le quatrième ne suivra pas la même voie, car nul doute que pour l’auditeur, un Kaaris qui se cache vaut mieux qu’un Okou qui s’épanche. – David²

Seth Gueko – « Mon année »

Avec Barlou, Seth Gueko semble s’être retrouvé après les errements perceptibles dans la direction de Professeur Punchline. Le Guex se concentre sur son personnage priapique, jamais aussi fin que lorsqu’il est grossier à outrance. Toujours entouré de Cody MacFly, DN, et surtout du binôme Hits Alive, il développe sur ce cinquième album son esthétique de vieux films d’horreur, à l’image de la conclusion « Mon année ». Equilibre entre egotrip et autodérision (« t’as l’swag à Jacquouille la Fripouille ma couille j’suis l’cousin Hub »), prise de recul (« les mosquées sont gratuites mais vides, les boîtes sont payantes mais pleines ») : Seth affirme un peu plus son côté vieux loubard qui a pris de la bouteille, pleinement joué dans « Maître de Cérémonie ». – Raphaël

Gérard Baste – « 28 Litres plus tard »

Jetez les éthylotests en l’air, en 2016 Gérard Baste sanctionne plus de vingt ans de carrière et autant de beuverie avec un premier album solo. Et sans surprise mais avec une efficacité redoutable, celui qui se surnomme désormais Kid Cubi réalise avec « 28 litres plus tard » un anthem éthylique imparable. Sur une production portée par un frénétique orgue transylvanien (Wizi P fait ici figure de Charly Oleg dans un bal décadent organisé par le comte Dracula), Gérard Baste rappe la frontière avec le delirium tremens. C’est indestructible, débité avec le manque aux lèvres, et souvent drôle – mais aussi très lucide pour celui qui sait lire entre les lignes- tant le titre revisite la frénésie alcoolique autant qu’il reprend tous les codes du scénario de film de zombies. On dit de l’âme qu’elle pèse 21 grammes. Chez Le Prince de la Vigne, c’est aussi son titre alcoolique 28 litres plus tard. – zo.

Jo l’Affront – « Puzzle de mots et de pensées »

Qui est Jo l’Affront ? Nous n’en avons pas la moindre idée. Mais à l’écoute de son morceau présent sur l’intéressante compilation Authentified Dangerous Players, dont la tracklist mêle noms ronflants du rap indé d’hier (Koma & Mokless, LIM, Sté Strausz…) et rappeurs de l’ombre, on devine un artiste au cuir tanné, facile dans l’exécution, un brin désabusé mais toujours accro à ce bon vieux rap. D’un classicisme total, il ne s’encombre pas de la figure imposée consistant à calquer l’originalité des autres, osant même des rimes d’un autre âge sans que l’on ressente pourtant une quelconque envie de le lui reprocher. Voix, style, phases, prod’, rien ne tire vers l’extravagant mais tout fonctionne, confirmant que le secret d’un bon morceau réside parfois dans sa simplicité. – Diamantaire

Ed Style – « Salopté »

Fidèle à son beatmaker attitré Lethal Track, le Guadeloupéen (désormais installé en région lyonnaise) Ed Style livre avec « Salopté » un morceau d’une redoutable efficacité. Inévitablement violent, dans le plus pur style trap music, c’est un titre sans filtre, flow agressif et beat de va-t-en guerre. En créole de bout en bout, Ed Style développe ses thèmes habituels, ceux d’un artiste dont le gimmick n’est autre que « Béréta béréta », dont les dernières mixtapes s’intitulent Rest In Trap ou Gz Up et dont la prochaine sera True Story. Plus du genre film d’action saupoudré de coke que comédie romantique. – B2

Hugo – « Là Haut »

Le nord de Paris est malheureusement également pour sa profusion de drogues et les destins des toxicomanes qui se lisent dans des indices laissés sur les trottoirs. Mais entre crack, Néocodion, Skenan, héroïne et Bavaria, le 18ème arrondissement possède une drogue autrement addictive. Son nom ? La bombe H, alias Hugo TSR, dont chaque son est livré dans le même pochon (couplets bulldozer, description des réalités sociales, une boucle spleenesque et un sens de la formule inépuisable, voici pour la recette de cooking) et assure une dépendance garantie. La seule drogue de Paris Nord recommandée les yeux fermés, tant elle protège le cerveau dans des quartiers où il est parfois dur de protéger son cou. – zo.

Kalash Criminel – « Famas »

Il y a un motif musical qui revient beaucoup sur R.A.S. de Kalash Criminel : les tintements de lames en acier des boites à musique pour bercer les enfants. Des mélodies qui évoquent plutôt des cauchemars chez le rappeur de Sevran, comme sur « Famas », l’ouverture de son premier album. La violence viscérale qui parcourt son propos, et qu’il remonte à son plus jeune âge, prend soudainement sens quand, au détour d’une rime (« Merco est parti trop tôt j’arrête même pas d’y penser »), il évoque son défunt frère. En toute fin du morceau, il demande naïvement, comme un gosse interroge ses parents sur la mort : « Tu penses qu’on ira au paradis en restant bre-som ? ». Il y a des plaies qu’on dissimule mal, même sous une cagoule. – Raphaël

Booba – « DKR »

Mélanger musiques traditionnelles et rap est un exercice clairement casse-gueule. Pourtant, ils sont plusieurs en France à avoir tenté le coup cette année : on pense évidemment à cet incroyable “Luz De Luna” de PNL, qui convoque les notes flamenco de Paco De Lucia, mais on aurait tort de ne pas saluer l’hommage de Booba à l’Afrique. Sur une production interprétée à la kora, le natif de Boulogne, d’origine sénégalaise, évoque dans “DKR” l’esclavage, le pillage des richesses, ou ses origines. Et continue de s’imposer au rap français. – Brice

Eddy Jimmy Martin et Anton Serra – « Devenir un homme »

On retient souvent d’Anton Serra et de Eddy Jimmy Martin (Dico, pour faire simple), leur complémentarité, leur sens de la performance, leurs grimaces verbales et leur insolence de sales gosses. Ce qu’on ne dit pas assez d’eux, c’est leur capacité à remettre en cause la « normalité » (la majorité ?), à viser entre les deux yeux de la vie aux itinéraires tout tracés, ainsi qu’à reconnaître les peurs qu’inspire la vérité. Bref, à déjouer « La Carte de l’ignorance. » C’est exactement ce qu’ils font sur le doux-amer « Devenir un homme » où rarement deux rappeurs auront si bien posé la fin de l’enfance et les faiblesses de la vie d’adulte. Quand le temps passe, l’horloge d’Anton Serra et Dico est toujours là pour sonner les 400 coups. Ceux de la vie. Définitivement Sales Gones. – zo.

Riski – « 26 »

Né un 26 septembre, Riski a sorti son premier album solo un 26 mai. En cette année 2016, celui que l’on a connu sous le nom de Metek a mis en ligne de juin à octobre un morceau inédit le 26 de chaque mois. Parmi eux, le titre « 26 » sorti en juillet laisse entendre le Noir Fluo rapper sérieusement sur une production de Frencizzle. Il en résulte une superbe chanson, quoique difficile d’accès et franchement cryptique. Elle suffit en tous cas à rassurer les auditeurs désarçonnés par l’EP Matière Noire : s’il a prouvé être un artiste versatile, Riski demeure un rappeur hors-pair. – B2

ZA – « CvCg »

« Appuie sur rec qu’ils aient des preuves de la strophe » rappait ZA dans « Pour mes boyz » en 2010. Des preuves de son talent, ZA en a disséminé ici et là au gré de compilations, mixtapes et autres freestyles, mais on désespérait de le voir figer ses fulgurances sur long format. C’est désormais chose faite avec Césarienne, projet qui amorce la reconquête du rappeur bruxellois. Et si les moments forts ne manquent pas sur le disque, difficile de passer à côté des trois collaborations entre ZA et le beatmaker Lex Lut’Or, un de ses compères de longue date. Sur « CvCg », le Gars du H ne s’embarrasse pas dans l’écriture mais dégage ce que ses boyz attendent de lui : style et assurance. – Diamantaire

PNL – « Tu sais pas »

Dans la légende est le meilleur album de PNL, car il est le plus finement réalisé, le plus précis, le mieux pensé, construit à la perfection, contrairement à ses deux prédécesseurs, qui plaçaient pourtant la barre très haut. Parmi les multiples détails qui font de cet album le meilleur du groupe, il y a l’enchaînement des pistes huit et neuf, « Luz de Luna » et « Tu sais pas ». Le premier couplet de « Luz de Luna »  s’ouvre sur une apostrophe d’Ademo à lui-même, « Eh Tarik ! », le premier couplet de « Tu sais pas » commence par la même apostrophe qu’il adresse cette fois à son frère, « Eh Nabil ! » Et quand « Luz de Luna » relève de l’introspection, les têtes sont baissées et les mouvements ralentis par le poids du passé, « Tu sais pas » porte un regard taquin sur ce même passé, dont le binôme s’est détaché en 2016 pour avancer à toute allure. Au bel immobilisme un peu triste de « Luz de Luna », s’oppose la démarche arrogante et déterminée de « Tu sais pas », celle d’une famille qui croque le monde et commence enfin à sourire à la vie. – B2

Georgio – « L’Espoir meurt en dernier »

« L’Espoir meurt en dernier » est une performance d’équilibriste. Déjà dans l’instru de Diabi, né d’un accident, qui offre une ambiance pensive et convie les choeurs gospels d' »Ultralight Beam ». Georgio, lui, donne l’impression d’être en lévitation – il y évoque les bars de Lisbonne, l’estuaire de la Loire et les highlands d’Ecosse – tout en étant encore retenu par les galères de ses proches sur Paris, comme un ballon d’hélium est freiné dans son ascension. « J’ai l’impression qu’c’est maintenant ou jamais, on va d’l’avant même si les r’grets nous courent après » : pour couper la corde qui le retient, il ne reste qu’à Georgio qu’une seule lame, celle de l’espoir. – Raphaël

SWC Records – « Come Back »

Lourd est un mot qui est rentré dans l’argot. Particulièrement dans celui du rap, où il est souvent utilisé à tort et à travers, plus régulièrement pour son sens figuré et enthousiaste que son sens premier. Mais avec « Come Back », l’adjectif aux kilotonnes retrouve ses cinq lettres qui font péter les balances. Ici la production assoie une ambiance noire, menaçante et pesante, digne des nuits où il faut « apprendre à être large dans les rues étroites ». Chose que réalise très bien au micro l’ultra combo entre les MCs du label suisse SWC (Mr Mat est définitivement une pointure) et ceux de la clique Six2Six de Baltimore, qui boxent les uns et les autres leurs « gospels politisés » et lapidaires entre deux scratches d’Eagle. Un son super poids-lourd, sans un gramme de graisse. Pour ceux qui en doutaient encore, Abd Al Malik n’avait pas les épaules. – zo.

Caballero, Lomepal & JeanJass – « Les Yeux Fermés »

L’insolence du talent. C’est exactement ce qui transparaît de cette collaboration entre JeanJass, Caballero et Lomepal. Portés par des projets qui figurent dans le top de la jeune scène francophone 2016 (voir notre Bilan 2016) le trio enfonce le clou avec un morceau qui ne rate pas sa cible. “Les Yeux Fermés” est une pépite de production, notamment pour ses nappes synthétiques planantes piquées à la musique électronique en milieu de titre, agrémentée des prestations excellentes des trois garçons. Trois flows différents, trois univers, et une synergie presque parfaite sur cette piste à la production minutieuse et fouillée. – Brice

Zippo – « Palme d’Or »

Zippo ne fait pas qu’aiguiser sa hache ni réviser des techniques de survie loin du monde moderne. Zippo descend aussi souvent en ville. C’est d’ailleurs ce qui inspirera son prochain album Zippo contre les robots. C’est de là que vient « Palme d’Or », compte-rendu d’une mission d’intérim lors du Festival de Cannes. Et là-bas, le Z n’a pas saisi son stylo pour le tendre afin d’obtenir des photos dédicacées. Non, il s’en est servi comme Joe Pesci s’en sert dans Casino. Une bonne trachéotomie de la société du spectacle et des parasites qui gravitent autour et viennent, eux aussi, y faire leur cinéma. – zo.

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