Kenny Beats, l’avantage concurrentiel 2018

Dans un marché en phase de maturité, les acteurs doivent faire preuve d’imagination pour se démarquer de la masse. De manière pragmatique, une logique stratégique préconise de trouver son avantage concurrentiel. Cette année, la production musicale a été mise à mal. Pour les nouveaux entrants, monter les marches pour s’établir en la qualité de “super-producteurs” est devenu rude, et une forme de servitude s’est instaurée entre jeunes producteurs et têtes d’affiche. Un producteur a su se jouer des règles préétablies : Kenny Beats. Homme de l’année au temps additionnel, son ascension est une surprise. Après avoir visité les cinq continents et mixé de l’EDM dans des stades pleins à craquer, retour aux sources pour Kenny, et ce, par la petite porte. La tactique opérée a été simple : s’associer avec des artistes localement importants, excentriques, empreints de singularité, pour se muer en amplificateur d’idées avec une règle d’or : ne pas envoyer ses prods par mail. Cette éthique de travail est coûteuse à une époque où nombreux sont les artistes en tournée, mais Kenny Beats a réussi à produire la musique la plus excitante des douze derniers mois. Des nappes saturées pour une écoute sur portable, ou bien des basses vrombissantes pour animer les pogos, les compositions de ce miraculé sont la confrontation de deux univers parallèles, sous-exploités, pour une myriade d’artistes (Key!, 03 Greedo, Vince Staples, Freddie Gibbs, Rico Nasty…). Le succès de “Whoa, Kenny!” est plus qu’un simple succès, il représente l’importance des liens dans une époque dématérialisée, où les sphères s’effritent à notre insu, même les plus évidentes, comme celle du producteur et du rappeur. – ShawnPucc

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