J. Cole, un modèle à suivre ?

Outre-Atlantique, cette année a été souffrance : trois cent soixante cinq jours d’un vacarme médiatique prolongée par les réseaux sociaux, à mi-chemin entre la télé-réalité et la vacuité. Dans ce climat de post-vérité éreintant, certains ont été rattrapés par une réalité sans état d’âme. Ces périodes d’agitation sont une opportunité pour scruter les têtes d’affiche, leurs directions, leurs choix, et anticiper les changements potentiels à venir. Cette année, J. Cole est une figure centrale. D’un côté, sur son cinquième album KOD, il a contenté son cœur de cible, son public, comme assez souvent depuis 2014 Forest Hills Drive. De l’autre, douze apparitions au cours de l’année, chirurgicales, scrupuleusement choisis dans les segments de marché non occupés par sa présence. 21 Savage, Moneybagg Yo, Royce Da 5’9”, 6LACK, Anderson. Paak, Jay Rock… La liste est longue, et tous ont perdu la face. Mais dans une ère dominée par les anti-héros, le clivage, la popularité, la posture incarnée par le rappeur de Caroline du Nord, ce rejet ostensible de la célébrité, ces apparitions furtives, ces albums personnels, que certains caractérisent par l’ennui, tous ces éléments interrogent sur les vrais moteurs du changement. Les tendances se font et se défont plus vite que les saisons. Les cycles de consommation se sont écourtés. Les nouvelles stars surgissent de toute part. SoundCloud. Télé-réalité. YouTube. Et J. Cole est une des rares têtes d’affiche à avoir tenu son rang. La distorsion a caractérisé 2018. Avec du recul, toutes ces frivolités ont certainement renforcé son statut, et questionnent notre perception de la réussite. Dans un genre de plus en plus assujetti à l’instantanéité, certains succès ne se mesurent pas dans l’immédiat, car loin des projecteurs, des acteurs défient réellement les règles du jeu. – ShawnPucc

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