Sortie

N.A.P

Le Boulevard des rêves brisés

“On fantasme sur le rap sans parfois le connaître de l’intérieur. C’est la même chose pour les cités. Et c’est également la même chose sur l’Islam”, c’est ce que disait Abd al Malik à l’Abcdr dans une interview donnée en 2014 après la sortie de son film. Depuis le début de leur carrière et tout au long de celle-ci, les New African Poets, son groupe d’origine, ont été guidés par cette volonté de déconstruire et d’apaiser le dialogue. Le Boulevard des rêves brisés n’est pas un projet souvent cité quand on évoque la discographie de N.A.P., déjà parce qu’il ne s’agit pas d’un long format, et surtout parce qu’il apparaît après La Fin du monde, premier album du groupe dont les morceaux et les featurings ont marqué les esprits. Sur des productions de Bilal et de Sulee B Wax, N.A.P. aborde des thèmes comme la précarité, les trafics, l’aveuglement de l’État face aux problématiques des quartiers pauvres, en essayant de comprendre par exemple “Pourquoi Le Neuhof brûle-t-il ?” et de proposer non pas des solutions, mais des leitmotivs , des états d’esprit positifs et déterminés. Le titre éponyme est représentatif du message de ce maxi sur lequel les rappeurs strasbourgeois reviennent à une réalité plus locale ; nulle envie de changer le monde, « juste (…) changer l’image des mecs du quartier” / “Dans le boulevard on a tout vécu, on a tout subi ». Le Boulevard des rêves brisés apparaît comme un besoin de rappeler que, malgré une signature en maison de disques, le groupe ne s’est pas laissé dépassé par son ego ni par le succès – même s’il fut plus d’estime que commercial – et de clore qu’ils sont « toujours pauvres et célèbres ».

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1999, une année de rap français - le mix
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