Sortie

La Boussole

On fait comme on a dit

Peu de labels régionaux peuvent se targuer d’avoir placé leur ville sur la carte du rap français, et ce en totale indépendance depuis deux décennies. Din Records reste un modèle de structuration parallèle dont la direction a été réfléchie et assumée depuis le début ; le collectif fondé en 1998 ne se nomme alors pas La Boussole pour rien. Ness et Cité (Sals’a et Proof) ont été rejoints par N.H., formé par Moodee et Global (aujourd’hui Médine), Bouchées Doubles, dont les membres se nommaient Pad et Ibrah (aujourd’hui Tiers-Monde et Brav), Ripost-Rime (groupe de Koto), Enarce et Razzia. Dans le premier numéro du Dîn News, petit magazine produit par le label pour mettre en avant leurs valeurs et leurs actions, l’édito disait ceci : « Le hip-hop doit rester pur, dur, concret, connecté au réel. » Leur premier album, On fait comme on a dit, est clairement dans cette veine : un rap ancré dans son époque, des textes au kilomètres et des propos réalistes et peu optimistes. Quand certains misent sur un flow rocailleux, d’autres s’attardent sur les allitérations et la technique, laissant aux derniers le soin de jouer sur la corde sensible de l’introspection. Cette hétérogénéité fait la force de La Boussole dont les membres, bien que tous différents, s’engagent dans la même direction, conduits par une volonté d’être quelqu’un de mieux.

Alassane Konaté, alias Salsa

(Rappeur de la Boussole, cofondateur de Din Records)

« Le projet a été fait en moins d’un mois, on était jeunes, on ne se posait pas de questions à l’époque, on y allait simplement. Le label Din records existait déjà officieusement mais n’était pas dans une configuration professionnelle. On avait tout fait dans le quartier, il n’y avait pas de budget. Notre objectif était d’abord d’avoir une reconnaissance locale avant la reconnaissance nationale. On a eu un gros succès régional, tout le monde en parlait, il n’y avait pas les réseaux sociaux à l’époque, c’était gratifiant de croiser des mecs qui parlaient de notre rap. Il y avait un morceau voire deux par groupe et des combinaisons, sur un thème libre. Ness et Cité n’a pas fait de titre, on était sur la direction artistique et la réalisation, mais il y avait un morceau caché de Proof, assez important dans le projet. Je me souviens aussi du morceau d’Enarce, “Regrets”, un titre très mélancolique dans lequel il se livrait, et à ce moment-là ça ne se faisait pas beaucoup dans le rap. » – Propos recueillis par L’Abcdr du Son en novembre 2019.

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