Sortie

Diam's

Premier Mandat

Se pencher sur Premier mandat à la lumière de la superstar que Diam’s est devenue, c’est se souvenir qu’avant les lumières du showbiz, Mélanie Georgiades a affronté l’obscurité. Sorti sur Reel Up le 19 janvier 1999, c’est une « Diam’s dure, 100% hip-hop, 100% vraie, pure », du premier au dernier track, loin de tout ce qui sera retenu d’elle : ni tube, ni prétendues pleurnicheries. Dix-huit titres de rap estampillés son des années 1990, parfois proches du freestyle – exercice dans lequel elle excellait. Talent qui n’avait pas laissé insensible Driver, avec qui elle travaille plusieurs fois à cette période, et qui lui trouve ce titre. Il le raconte dans une de ses Hip-hop stories en 2015 :  « Premier mandat, parce que tout était très politisé à l’époque, donc ça faisait genre « Diam’s présidente » ! »  En featuring avec elle sur « Drôle de bizz », il qualifie ce morceau de « prémonitoire, surtout pour elle » : les deux MC y rassurent leurs parents sur le fait qu’ils finiront par leur offrir des maisons avec l’argent du rap. Star en devenir ? La jeune rappeuse de 18 ans en tout cas fait preuve de qualité d’écriture (les allitérations dans « Le Fléau »), témoigne d’un engagement lycéen que ne renierait pas un Nekfeu aujourd’hui (l’antiracisme candide de « C’est toi qui m’gênes ») et, partout, d’un flow chargé d’énergie et d’émotions. Le disque créé même des vocations : Radikal MC raconte avoir écrit son premier texte après avoir écouté « Rimer ou ramer. » Pourtant, il est considéré, par l’artiste en premier lieu, comme un échec. Ce n’est qu’après que Diam’s deviendra « le coup de cœur à vie » de Benjamin Chulvanij, qui ne voyait dans Premier mandat « rien à vendre, aucun tube à exploiter » mais « un potentiel de dingue. » La suite est connue, mais voilà d’où tout est parti : d’une musique résolument plus proche du son ATK que de n’importe quelle chanteuse de variété.

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1999, une année de rap français - le mix
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