Concert

MC Solaar à l'Olympia

1998 est une année pleine pour MC Solaar. Un album, un festival de Cannes, une reconnaissance par l’Académie Française. Alors pourquoi choisir plus spécialement cette date du 11 mai, soir d’un concert de Claude MC à l’Olympia et qui donnera naissance à un album live la même année ? D’abord car ce double CD balaie le souvenir mitigé des deux derniers disques de Laar-So. En 1997, Paradisiaque était sorti et avait laissé entrevoir un MC dont les ressorts étaient usés, impression un peu plus accentuée par l’absence de Jimmy Jay. Avait suivi en 1998 l’album éponyme : MC Solaar. Celui-ci était très franchement dispensable. Et pourtant, pour Claude M’Barali, il ne l’était probablement pas puisqu’il devait quatre albums à la major avec laquelle il était en contrat. En effet, en conflit larvé avec Polydor devenue Universal, le rappeur de Maisons-Alfort s’apprêtait à changer de label. Le début de cette rupture contractuelle ? Paradisiaque et MC Solaar ne devaient faire qu’un, mais jamais les deux parties ne sont tombées d’accord sur ce principe. Et tant que la procédure judiciaire qui opposait le rappeur à la maison de disques n’était pas résolue, les albums restaient la propriété d’Universal. En d’autres termes, l’exploitation des cultes Qui sème le vent récolte le tempo et Prose combat n’appartiennent plus à MC Solaar. Changer de label n’y fera rien, mais publier un live, c’est aussi le moyen de reprendre symboliquement la main sur « Caroline », « La Concubine de l’hémoglobine », « Nouveau Western » et consorts. Alors ce concert à l’Olympia, au-delà de sa force symbolique pour un artiste considéré comme l’un des symboles majeurs de l’exception culturelle française, servira à Solaar à amener son catalogue historique chez Warner et East-West, avec qui il vient de signer. Il faudra simplement se contenter des versions live. Quant aux versions studio, elles sont encore bloquées aujourd’hui dans des coffres d’Universal. Derrière les apparences, du tapis rouge du festival de Cannes aux ors de l’Académie Française, la réalité est parfois un peu plus moche.

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