Concert

NTM à Rock à Paris

Quand en 1997, le festival Rock à Paris s’annonce au Parc des Princes, il était question d’y voir les excellentes féministes grunge de L7, la folie de FFF et de Marco Prince, « La Peau » de No One is Innocent, les mots qui manquent d’Helmet et surtout la Rage Contre la Machine de Tom Morello et Zack de la Rocha avant un final sur les délires de la Jilted Generation de The Prodigy. Bref, Rock à Paris ressemblait à une compilation Plus de bruit et brassait un public rock et grunge. Alors évidemment, intercaler NTM et le Wu-Tang Clan dans cette programmation se terminant en apothéose fusion, c’était audacieux. Et quand à 18 heures arrive le point de rupture, celui symbolisé par l’arrivée de NTM, la scène est improbable : les chevelus venus pour l’affiche saturée fuient le jardin de Raï et Dely Valdes et c’est une horde de b-boys et de banlieusards qui envahit la pelouse. Un vrai transfert de masse créé par une meute de fans de rap semblant sortie de nulle part. Elle vient fêter la présence du Suprême Nique ta Mère sur scène. Le groupe avait été condamné quelques mois plus tôt au point d’être suspendu de concerts. Pendant que baggy et cheveux ras se substituent aux mèches grasses, Joey Starr déboule. Parmi ses premiers mots ? Un guttural « nique la police » qui couvrira jusqu’au vrombissement des voitures sur le périphérique. Une dizaine de cars de CRS cernait l’enceinte du PSG et si personne dans le public n’a vu leur tête de petit Pujol, beaucoup ont souri jusqu’aux oreilles. Quant au Nikomouk, il fera la plus belle prestation du festival avec celle de Rage Against the Machine (excusez du peu). Bien devant le Wu-Tang Clan qui déjà rappait en marchant. Habillée tels des télétubbies du hood (rappelez-vous, la mode était aux survêtements unis); fascinée par les pigeons qui volent au-dessus de la fosse et dissertant une bouteille à la main sur les morts récentes de Biggie et 2Pac, la bande de Staten Island a réalisé les funérailles les plus pathétiques que la France ait vue tout en scellant sa réputation d’escroquerie de scène. Wu-Tang forever peut-être, mais plus jamais en concert. Since 1997.

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