Sortie

Les Francofolies de La Rochelle

En 1997, tout va bien pour 2Bal 2Neg’. 3 x plus efficace a frappé fort l’année passée et pour défendre son album le collectif a sillonné la France, se taillant au passage une grosse réputation sur scène. Du coup, les voilà archi-validés par Jean-Louis Foulquier, qui les invite pour les Francofolies de La Rochelle. Et à la vue des vidéos de l’époque, on comprend l’enthousiasme : ça rappe dur, c’est marrant, plein d’énergie et, chose assez rare dans le rap, on sent que le show a vraiment été bossé. La même année, IAM est également à l’affiche, emmenant tout Marseille dans ses valises. Un set forcément plus « épique » que celui de 2Bal 2Neg’, avec des étendards, des drapeaux. En marge des Franco se déroulent également les Hip-Hop Folies, journée consacrée au rap comme son nom l’indique. Avec un programme exceptionnel, réunissant notamment Ménage à 3, Fonky Family, Ideal J, X-Men, Lunatic, Secteur Ä, La Rumeur, D.Abuz System, Soul Choc. 1997 a donc été une année marquante dans la belle histoire qui lie le rap français aux Francofolies et à la famille Foulquier en particulier. Mais le festival a aussi été déterminant dans certaines carrières : il marque la rencontre entre Pit Baccardi et l’équipe de Première Classe, les débuts officieux de Sniper et constitue en quelque sorte le baroud d’honneur de la clique Time Bomb, alors amputée de Booba, en prison.

Ambre Foulquier

(programmatrice des Hip-Hop Folies)

“L’édition 1997 des Hip-Hop Folies est l’aboutissement du travail qui était fait depuis 1989. Le souci qu’on avait eu à la base, c’est qu’en mettant le rap dans la programmation globale, les gens du rock n’étaient pas prêts, ils ne comprenaient rien. On a du créer un festival dans le festival pour convaincre. Personne n’y croyait, que ce soit en interne dans les Franco ou en externe dans la musique. À l’époque, je fais le choix d’être dans le radical, le rap dur, car j’ai vite compris que si on ne l’imposait pas, il allait très vite être dilué. Pendant des années, on a été à perte, mais ça faisait partie du deal. J’ai mis des affiches dans le métro parisien la première année. Et je n’ai plus jamais eu besoin de communiquer. Ça y est, l’info était partie. Les gens savaient que tous les ans, le rendez-vous hip-hop était à La Rochelle. C’était la grande colo pendant une semaine. Au niveau national, c’était le premier festival hip-hop de cette ampleur. Tout le monde avait vingt piges, vivait ses premiers moments où tu es considéré comme artiste. La mer, les filles, les cousins de tous les quartiers, ça créait une superbe énergie créatrice et humaine. Les DA ont commencé à venir… Beaucoup de connexions et de contrats se sont faits aux Franco. L’exemple le plus parlant, c’est Diam’s. C’est en 1997 qu’on a eu accès à la grande scène pour la première fois. Et j’avais laissé à Diam’s trois titres avant, je crois, le passage de la Fonky Family. Ils sont tous restés bouches bées. Elle est arrivée toute seule avec ses cheveux courts : « Je viens foutre le bordel… » Les danseurs regardaient la télé dans les loges et ils ont tous déboulé sur scène, les Aktuel Force et compagnie… Elle avait gueulé après parce qu’elle avait trouvé que le public n’avait pas bougé. Je lui ai dit : « Tu n’as rien compris ma fille, le Français, c’est ça, tu as scotché les gens ! »  Elle a signé ses contrats dans la foulée. Cette année 1997, c’est ça : l’apogée de dix ans de travail.” (Propos recueillis par L’Abcdr du Son, décembre 2017)

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