Sortie

Koma - Tout est calculé

Un peu comme l’année 1997, Tout est calculé est à la croisée des chemins. Il suffit de regarder sa pochette. Le CD évoque Le Complot des bas-fonds, le collectif composé de Fabe, Koma, Lady Laistee, Diable Rouge et les Sleo pour parler de ceux que l’Histoire a retenus. Quant au vinyle, en plus du Complot des bas-fonds, il fait pour la première fois référence au mot Scred. Car Tout est calculé est en réalité l’antichambre de la connexion la plus célèbre du rap français, celle qui habite à côté de Tati et qui ne sera jamais dans la tendance mais toujours dans la bonne direction. Profitant de l’exposition du titre « Époque de fou », bombardé par Cut Killer sur le mythique Hip-Hop Soul Party 3 sorti l’année précédente, l’EP confirme évidemment le lien fort qui unit Fabe et Koma, mais surtout, il scelle la présence de Morad et d’un Haroun beatmaker adolescent, quelques semaines à peine après la sortie de Le Fond et la forme, le second album de Befa. Déjà, Koma rappe cette conscience, lui qui sera l’un de ceux qui avec La Rumeur symbolisera le mieux ces titres qui ont été caractérisés de « rap de fils d’immigré ». Mais comme il l’explique aussi devant la caméra de Julie Bonan, deux ans plus tard lors de l’enregistrement du Réveil, il y a cette volonté de « sauver sa peau » et que « tout ce qu’on dit c’est ce qu’on vit. » Le rappeur de Barbés avouera même à Vice, il y a à peine quelques mois : « Sydney et Dee Nasty nous ont sauvé la vie. On aurait pu être des dealers, des braqueurs. Mais ils nous ont donné cette passion qui est devenue notre métier. » Entre la fin du Complot des bas-fonds et la naissance de la Scred Connexion, aux côtés de Fabe, Ekoué ou Morad, Ahmed Koma a dès 1997 mis un peu de plomb dans la tête. Dans celle des jeunes qui l’écoutait, dans celle du hip-hop français aussi. Peut-être pas de quoi sauver des vies, mais assez en tous cas pour tenir la barre depuis vingt ans dans une époque de plus en plus folle.

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