Sortie

IAM - L'école du micro d'argent

Pas la peine de se leurrer, on ne dira rien qui n’ait encore été dit sur le troisième album d’IAM. Ombre est Lumière était un fourre-tout monumental, L’École du micro d’argent est un monument tout court. Le disque de la consécration, qui sonne plus américain que La Bannière étoilée et plus marseillais que La Marseillaise, qui est rempli de tubes que tout le monde connaît par cœur (« Petit frère », « Nés sous la même étoile ») et qui se clôture par un plan-séquence de neuf minutes en plein cœur de la cité phocéenne (« Demain c’est loin »), le plus grand titre de rap français jamais réalisé. En 1997 pourtant, Delabel ne donnait pas cher de sa peau. « Super, mais avec ce type de morceaux et ce type de contenu, on va avoir du mal à dépasser les 150 000. On va vendre uniquement aux fanatiques. C’est un album d’extrémistes » nous ramenait Akhenaton. En 2017, il a largement dépassé le diamant pour devenir l’album de rap français le plus vendu de l’histoire, et demeure l’une des plus belles portes d’entrées au genre pour tous les jeunes curieux avides de creuser un peu. Mais comment pouvait-il en être autrement, alors que la pochette cite le Kagemusha de Kurosawa, que les morceaux invoquent les mythes créés par Sergio Leone et George Lucas ou que Shurik’n, dans un couplet passé à la postérité, rend hommage aux contes de Perrault et des frères Grimm ? Aussi populaire qu’il est exigeant, L’École reste un modèle indépassable de production et de réalisation, mais aussi le témoin d’une époque bénie où Akhenaton et ses cinq comparses enregistraient des morceaux par camions, multipliant les apparitions mémorables et les projets à l’envergure toujours plus folle.

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