Sortie

Fabe - Le Fond et la forme

« Lettre au Président », « Des durs, des boss et des dombis » n’ont jamais réussi à effacer totalement la première impression laissée par « Ça fait partie de mon passé ». Tu ne peux pas lutter contre un premier morceau surmédiatisé, il est dans la tête des gens. » Ces mots sont ceux de Texaco, qui chapeautait Fabe dès son premier album chez Sens Unik Records. Pourtant, si Befa surprend ses frères avait encodé la mémoire des gens avec le succès de « Ça fait partie de mon passé », son successeur occupe une place particulière dans la discographie du MC de Barbés. D’abord, Le Fond et la forme est l’antichambre du Fabe qui s’attribuera l’alias d’Impertinent puis d’Emmerdeur public N°1. Écrit en 1996, ce deuxième LP est rempli d’attaques frontales vis à vis de ce que devient le rap. Bien calé sur ses appuis, déjà préoccupé par des thèmes politiques – notamment le passé esclavagiste de l’hexagone ou le sort réservé à la jeunesse de France -, Beuf’ se remplit de défiance, entre lettre au président et adresses à ceux qui « lèchent, lâchent puis lynchent. » Faussement humble, comme à son accoutumée (« Au départ, ils s’étaient plantés, ils m’ont greffé le cerveau de Solaar, trop intelligent, j’ai disjoncté ») mais toujours arrogant, l’adepte du fond et de la forme livre ici son dernier disque aux couleurs chaudes et parfois légères (« 5h du mat »). La cause ? Un peu comme Tout est calculé de Koma sorti la même année, ce deuxième album est la queue de la comète du Complot des bas-fonds et du Long Posse mais aussi et surtout de la collaboration quasi exclusive avec DJ Stofkry. Fabe partira ensuite vers l’excellence du Double H avec son mythique Détournement de son. Pour associer définitivement son nom aux notions d’intransigeance et de rigueur, que ce soit dans le fond ou dans la forme.

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