L'amour

Ideal J ft. Rohff & Demon One

("Le combat continue", 1998)

En convoquant Wilbur Bascomb et Mariah Carey, Chimiste a peut-être signé la prod de sa vie. Kery James, intimement cassé de partout à 20 ans, Demon One plus sheitan et vénéneux que jamais, et Rohff au sommet de ses certitudes, déjà. Plus instructif que trois heures de TP en fac de psycho.

Pour ceux

Mafia k'1 Fry

("La cerise sur le ghetto", 2003)

Titres tristes, egotrips, bourrins... La Mafia sait tout faire. Avec ce terrible morceau-bélier mis en images par le collectif Kourtrajmé et source de polémiques avant même sa sortie, la pieuvre du Val-de-Marne annonçait sans prendre de gants l'arrivée de son premier – vrai – album, le trop sous-estimé "La Cerise sur le ghetto".

J'attaque du mike

X-Men

("J'attaque du mike", 1995)

Sur 'Jeunes coupables et libres', il était question "d'apprendre à être large dans des rues étroites". Nous accusons les X d'avoir prémédité cette punchline dès leur premier morceau, qui leur a ouvert le rap comme un boulevard.

Une saison blanche et sèche

Ärsenik

("Quelques gouttes suffisent...", 1998)

Quelques gouttes suffisent, alors quand il en tombe une pluie... Matraqué par le beat et les formules assassines des deux frangins de Villiers-le-Bel, le pauvre petit sample bouclé par Djimi Finger ressort du studio avec la même gueule que Rodney King un dramatique soir de mars 1991. Et que dire de l'actualité du morceau dix ans plus tard ! Ici on t'insulte avec un regard...

Tallac

Booba

("Panthéon", 2004)

Pour que son nom n'évoque plus jamais un petit ourson adorable, Booba a trouvé la parade ultime : placer, en intro de son deuxième solo, la citation solennelle qui clos l'épisode final du dessin animé. Coup de génie : son couplet mémorable et la production cruciale de Skread donnent à l'extrait une dimension quasi-prophétique, tout en redéfinissant a posteriori le sens même de son pseudo. MC Jean Gab'1 et Chantal Goya n'ont rien trouvé à redire.

'Tallac' vu par SKREAD (producteur) : "'Tallac' est le premier titre que j'ai placé. A l'époque, j'étais en contact avec deux, trois têtes à Boulogne. Je connaissais un peu Salif, j'avais un peu bossé avec Nysay mais il n'y avait encore rien de concret. A la base, j'ai su que je pouvais envoyer des sons à Mala par l'intermédiaire d'un pote du Pont-de-Sèvres. Au final, c'est Booba qui les a écoutés.

J'avais fait l'instru dans ma chambre, chez mes parents, avec juste une MPC. J'avais utilisé un sample de classique que j'ai découpé, mis à l'envers et rejoué avec les instruments. Je crois que c'est un truc de Bach. J'ai le morceau quelque part dans un ordi, mais impossible de retrouver le passage samplé. Je l'ai trop modifié.

J'avais envoyé à Booba une palette de sons. Il y avait 'Tallac' dedans mais c'était une version pas finie. Il n'y avait que la boucle du "couplet" dessus. Booba m'avait demandé de l'accélérer un peu et trouver deux, trois variantes. Il m'a appelé à 18 heures, j'ai du bosser dessus toute la nuit et je suis parti le lendemain à Paris pour lui apporter. Il a kiffé le son direct, dix jours après on était en studio. Booba savait ce qu'il voulait, son texte était prêt. Moi, je n'avais jamais fait de studio, j'étais à Artop, le studio de Kore & Skalp, c'était un peu impressionnant. J'ai rentré toutes les pistes dans l'ordi. C'était la première fois que je le fais donc j'ai un peu galéré avec l'ingé, ça m'a pris une bonne heure ! Une fois que j'ai tout rentré, je me suis posé. Il est venu, il a kické. Il a du faire cinq, six prises, c'est tout.

'Tallac' a été l'un des premiers morceaux enregistrés pour "Panthéon". C'était l'été 2003 et l'album est sorti en mai 2004. Placer un son pour Booba, ça fait plaisir. C'était un peu surréaliste aussi. Je n'avais encore rien placé, alors je ne l'ai dit à personne de peur que ça ne se fasse pas. J'étais un peu sceptique, il y avait encore de la marge avant la sortie de l'album et je me disais "C'est possible qu'il saute, donc je ne vais pas m'enflammer". Je ne l'ai dit qu'au moment où le disque a été pressé. Je me rappelle la première fois que j'ai entendu 'Tallac' à la radio. C'était au Cut Killer Show, j'étais dans ma vieille AX, j'ai mis le son à fond, j'étais content ! . 'Tallac' m'a servi de base, tout est parti de ce morceau. Même si on ne bosse plus trop ensemble, Booba m'a mis le pied à l'étrier. Je lui dois ça."

Lire la chronique de "Panthéon"

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