Laisse pas traîner ton fils

Suprême NTM

("Suprême NTM", 1998)

'Laisse pas traîner ton fils' est l’une des démonstrations les plus abouties de ce que fut l’art du violon-piano dans le rap français. Présenté comme une preuve de la maturité acquise par le groupe (c’était un peu vite oublier ‘J’appuie sur la gâchette’), le morceau tournera en boucle, et pas seulement dans les chaumières des rois de la glisse.

Blessé dans mon égo

Ékoué

("Le poison d'avril", 1997)

Morceau phare des premiers pas discographiques de La Rumeur, 'Blessé dans mon ego' reste aujourd’hui encore le titre symbole de fils d’immigrés pris le cul entre deux chaises. "Statut de paria ici, intrus en cance-va au bled", le poison d’avril pose sur disque une réalité générationnelle beaucoup plus juste que la plupart des points de vue biaisés autour de l’identité nationale. Eric Besson devrait se pencher dessus.

la lettre

Lunatic

("Mauvais oeil", 2000)

Deux ans après Oxmo et Freeman, nouvelle évocation de la prison sur le mode épistolaire. Du fond de sa cellule, Booba donne à son acolyte un aperçu du quotidien carcéral et médite le Booba d’après : "J’veux devenir ce que j’aurais dû être". "Y’a pas à dire, le crime, ça paie", conclut Clint Eastwood en référence au premier hit de Lunatic.

Petit frère

IAM

("L'école du micro d'argent", 1997)

Années de grand débat sur la violence au 20 h et son impact sur les minots, en temps de pic du FN et d’imbrication du tout. IAM scratche ‘C.R.E.A.M.’, pose ses rides sur la table et livre son Sermon sur la montagne. Le message est-il passé ? Non. Dix ans plus tard, c’est 'Petit fier' qui accède à l’Elysée.

Repose en paix

Booba

("Temps mort", 2002)

Booba seul, en pleine nuit, au sommet d’un immense cimetière illuminé. Crâne rasé, torse bombé. Fier et légitime dans son rôle de fossoyeur du hip-hop français. Une pluie d’images fortes sur lesquelles le météore "contourne les MCs à la craie blanche".

Abcdr du Son : Tu as un peu cette image du fossoyeur du rap français, qui a écrasé toute concurrence. Du coup, on voit plein de petits Booba un peu partout, des mecs qui veulent t’imiter sans connaître le même succès. Comment tu perçois ça ?

BOOBA : Moi ça ne me dérange pas. Si j’influence les gens, très bien. Mais quand je fais un morceau comme 'Repose en paix' ça va plus loin que ça. Ca parle du mouvement en général. A force d’écouter la radio et des mecs qui disent faire du rap mais ne savent pas ce qu’ils font… [il soupire] Quand j’écoute Skyrock, je me dis que 80% de ce qu’ils passent ça n’est même pas du rap. Quand je dis "Que le Hip-Hop français repose en paix", je parle de la plupart des mecs de maisons de disques, de ceux qui tiennent les grosses radios, je considère qu’ils n’ont pas de culture et qu’ils ne sont pas à leur place. Là, c’est à se demander si les mecs écoutent la musique. J’écoute les trucs d’aujourd’hui, les beats on a l’impression d’être en 1990. Les mecs ils sont toujours en train de pleurer, ils ne s’amusent pas. Tu peux danser sur aucun morceau. T’as l’impression d’être dans une salle d’attente pour une thérapie et que les mecs ont envie de se jeter par la fenêtre [rires]. Tu ne peux pas chialer tout le temps, il faut aussi faire de la recherche musicale, trouver des gimmicks, faire en sorte que ce soit un peu dansant. Le rap il a évolué. Artistiquement, il n’y a aucune recherche.

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