Premier disque pour Graindsable

« J’ai taffé ma mixtape comme un album, comme mon dixième album. C’est juste que les neuf précédents ne sont jamais sortis. » Graindsable s’amuse de toutes ses années de rap sans avoir sorti de projet(s). Certes, il y avait l’équipe Touareg Records, la proximité qui ne date pas d’hier avec Kool Shen ou Jeff le Nerf. Mais il n’empêche : ses premiers fans étaient jusque-là les rappeurs eux-mêmes et le MC n’avait jamais figé toutes ces phases qu’il trimballe dans Paris Nord et le « off » du rap indépendant depuis 2003. Jusqu’au 15 décembre dernier, où après deux ans d’annonce, celui qui se veut un Bug dans la matrice a sorti son premier disque. Pendant quatorze pistes, Grain y redouble de puissance, exposant sa voix sombre et rocailleuse aussi bien à la trap qu’à des sons emprunts de plus de classicisme, entre productions originales, « Rayban music » avec Dino et nombreuses faces B. De cet album qu’il a voulu comme les mixtapes de rap américain qu’il affectionne, c’est à dire qui sont faites pour s’écouter d’une traite à balle et à blinde en voiture, il ressort une intransigeance de vingt ans d’âge. De celle qui mélange la rigueur des anciens à la fougue des nouveaux venus. Deux décennies d’influences et de courants rap condensées dans le sablier de Graindsable en somme. Parce que parfois, il faut bien se décider à figer le temps qui passe.