Sidekicks

La première fois qu’Al’Tarba a évoqué Projet Ludovico, le LP en préparation de son collectif Droogz Brigade, doit bien remonter à 2007. L’année suivante sortait le EP Dissection puis… assez peu de nouvelles, à part quelques morceaux et collaborations. A tel point qu’on pensait que le premier album de la Droogz Brigade ne verrait jamais le jour, tant le producteur toulousain semblait parti explorer des voies musicales moins « brutes ». Mauvaise pioche. Il y a quelques jours est enfin sorti sur le label Crazy Mother Fuckers Records ce Projet Ludovico qu’on n’espérait plus, annoncé par deux clips et disponible en écoute intégrale sur Youtube. Verdict ? C’est exactement ce qu’on pouvait en attendre à l’époque de Rap, Ultraviolins & Beatmaking : des instrus sombres et imparables signés Al’Tarba, des raps bordéliques et pleins de rage de Staff L’Instable, Sad Vicious, Rhama le Singe et Al’tarba lui-même, un univers fortement marqué par Orange Mécanique, un état d’esprit de punks… Bref, le cassage de nuque(s) assuré.

Chaos 93′ d’Ocean Wisdom est un album réussi, qui confirme tout le bien qu’on pouvait penser du jeune prodige anglais et sur lequel on reviendra inévitablement plus en détail dans le futur. Le dernier extrait clippé en date, « Freeze », voit Ocean inviter Ed Scissortongue et Dirty Dike (producteur du morceau, comme de tous ceux de Chaos 93′) pour un titre lent et étrange, auquel les images collent parfaitement.

Nacho Picasso est un doux dingue. Voilà plusieurs années qu’il arpente les zéros et les uns de notre internet, notamment avec le duo Blue Sky Black Death, entre gothique et fantaisie. La musique de cette équipée sauvage est bourrée d’illustrations sonores de grand spectacle, entre Game of Thrones et l’Histoire sans Fin. Tel un Falkor moderne, Nacho virevolte dans les cieux des Freaks, évoquant le sexe débridé, les drogues prises pour atteindre ce sexe débridé et les songes incroyables que lui provoquent la prise de ces drogues. Et il y a du sexe, forcément.

Un cercle vicieux extrême qui devient presque virtuose quand il évoque tous les comics et cartoons imaginables. L’alliance infernale avec Jake & Finn d’Adventure Time parait donc innée, tellement les trois partages un univers où la magie marrante et les sorcières presque jolies sont légion. Un divertissement comme on n’en fait plus, qui touche tous les Peter Pan du monde entier.  Nous y compris.

S’il avait disparu des radars musicaux depuis 2012, Gizo Evoracci, figure emblématique de la riche scène rap de Grigny, annonçait son retour depuis plusieurs semaines. Le revoilà enfin et en images, avec le titre « Mort », premier extrait de son prochain album. Le morceau est noir, à l’instar de la Buick Regal que Gizo conduit dans son clip. Tout y paraît sombre : les lunettes Charme, le sweatshirt Nirvana et ce cercueil dans une forêt effeuillée. Le moggo revient et c’est obscur.

Din Records est un label à idées, c’est un peu dans leur ADN. Pour la sortie du deuxième album de Brav, Error 404, sorti le 26 février simultanément avec les nouveaux projets de Nakk Mendosa, Jazzy Bazz et Kamnouze, ils ont mis en ligne ce « Tout à refaire » réunissant les quatre rappeurs, et invoquant même Kool Shen par un sample vocal. On dit qu’un geste vaut parfois mille mots ; ce morceau vaut cent hommages, et faire revivre l’esprit des collaborations présentes sur les compilations de rap français d’il y a quinze ans.

Après vingt ans de carrière et de multiples succès, le parcours de Kamnouze s’enrichit d’un nouvel album, OSNS (pour Old School New School), son quatrième en solitaire. L’ancien protégé de Nouvelle Donne avait déjà annoncé la couleur avec deux premiers extraits réussis, « Philosophie Nas & Jay-Z » et « Extra-terrestre », et a enfoncé le clou mi-février avec l’énergique « Galactik Flow » où il démontre qu’il n’a rien perdu de sa technicité au micro. Un titre qui devrait se prêter à merveille à l’exercice de la scène. Ça tombe bien : le rappeur de Bagneux défendra son nouvel opus le 11 mars prochain au Petit Bain à Paris.

Si le grand public ne le connaît que pour « Slow Jamz », son tube avec Kanye West et Jamie Foxx, les autres le connaissent pour tout le reste : ses 25 ans de carrière, son album Adrenaline Rush (classique du gangsta rap Midwest sorti en 1997), ses innombrables featurings et, bien sûr, son flow mitraillette, jadis homologué par le Guinness des records comme le plus rapide du monde. Donc oui, Twista est une légende vivante de Windy City, au même rang que Michael Jordan ou Barack Obama. Livin’ Legend, c’est d’ailleurs le titre de son nouvel EP et de sa tournée européenne (qui passe aussi par Dubaï…). Pour son unique (et première, nous semble-t-il) date en France, rendez-vous ce samedi à partir de 20h30 au fameux centre culturel de créations urbaines du vingtième arrondissement parisien. Ça va tung twister, chérie !

L’un vient de sortir avec In My Mind l’un des meilleurs albums r’n’b de ce début 2016. L’autre, avec 90059, l’un des albums rap les plus cités de l’an dernier, et a fêté à l’hôpital les nombreux Grammys remportés par son pote Kendrick, après un accident de moto. BJ The Chicago Kid et Jay Rock ont déjà partagé plusieurs titres ensemble, mais ce « OMG », absent de l’album du chanteur, est un vrai cadeau de sa part (et rappellera de bons souvenirs aux fans de 1st Infantry). Il n’y a plus qu’à espérer un prompt rétablissement de Jay Rock pour les entendre de nouveau ensemble.

Ultime tentative de sauvetage de l’empire Cash Money ? Alors que Lil Wayne et Birdman ont visiblement enterré la hache de guerre après une année 2015 belliqueuse, Mannie Fresh, ancien producteur maison du label de la Nouvelle Orléans (qui avait quitté le bateau il y a quelques années) vient de réunir les deux auteurs de Like Father Like Son, avec en prime Juvenile (qui lui aussi avait… enfin vous connaissez la suite). Le son est un peu paresseux, Lil Wayne a l’air d’essayer de faire du Young Thug à un moment, mais c’est toujours enthousiasmant d’entendre ces quatre-là réunis, surtout avec Mannie Fresh à la composition. Ne manque que ce grand B.G., sous les verrous jusqu’en 2026 pour détention d’arme à feu et subornation de témoin. Un « hot boy », pas de doute.

Pour être taillé comme un pilier géorgien, il n’y a pas de secret : le boug Ol Kainry doit beaucoup trainer dans la salle de l’esprit et du temps à pousser le sol et frapper dans un sac. L’écoute de ce « Rap torse nu » donne envie de faire la même chose, façon Adonis Johnson dans les rues de Philadelphie, entre l’instrumental protéiné de Dave Daivery et les crochets verbaux de Freddy. Superman noir, le sixième album solo d’Ol Kainry, est prévu pour le 1er avril prochain. Et sa pochette est plutôt marrante.