Vol de nuit avec Hatrize et Arm

Il y a des rappeurs qui explorent la nuit comme personne. Des rappeurs dont le chant frôle tellement l’omniscience que leurs pensées rallument les villes et leurs périphéries une fois que le jour a déserté. Hatrize est de ceux-là. Après avoir déjà longuement flirté avec les errances nocturnes et les limites du monde sur Chargé, son EP sorti l’an dernier, le Strasbourgeois a remis cela. D’abord avec « Vers minuit », en chantant ces heures où il n’y a plus que les gyrophares qui viennent t’éclairer. Puis il y a quelques jours, en duo avec celui qui a le feu dans les paumes et qui éclaire, depuis 2004 et l’album Des Lumières sous la pluie, des villes qui ressemblent de plus en plus à Neo Tokyo. Il s’agit évidemment d’Arm et la complémentarité entre les deux MCs est bluffante. Glissant le papier calque de leurs textes sur le calendrier lunaire, transportant la nuit jusqu’à novembre 2049, éclipsant les restes du vieux monde qu’ils ont coincé quelque part sous les pompes, Hatrize et Arm lâchent toutes les amarres et photographient les villes depuis leur rap vaporeux, entre doux autotune, éclairs, lune avec un air de défi et phases cinglantes. Insaisissables mais figeant le moindre détail, voici donc le portrait des derniers empereurs, ceux qui régneront encore sur la nuit un soir de Novembre 2049.