E.One est William Blake

Le parcours d’E.One ne commence pas avec l’alternance de « moments d’éruption et de faux calme » que Première Ligne porte sur disque depuis cinq ans maintenant. Au contraire, même si son trio avec Skalpel et Akye a aiguisé un peu plus ses saillies libertaires et sa conscience aiguë du béton armé, E.One déverse ses lignes et son flow ciselé depuis 1999 et son groupe Eskicit. De cette époque, le rappeur originaire du Blanc-Mesnil a construit ses thématiques politisées, son engagement attentif aux lacérations qui se trouvent derrière les murs et sur le goudron, ainsi qu’un alias : William Blake. Ce sera justement le nom de son premier album solo, introduit par le titre « La Vérité ». Et si le morceau est lumineux, clamant que « la vie est simple et n’est pas une grande idée, » E.One ne s’éloigne pour autant pas des fondamentaux. Même s’il promet un disque aux rythmiques plus lentes qu’à l’accoutumée et des années de réflexions à partager de façon plus personnelle que les saillies menées avec son groupe. À coup sûr avec un peu de Dead Man, un peu du renversement des valeurs mis en rimes par le poète anglais duquel il tire son alias, et sa garde rapprochée à ses côtés.