Anthem

Common, Gucci Mane et Pusha T pour le remix de « Black America Again »

Il y a des connexions qui prennent par surprise. Des personnalités qu’on pense opposées sur tous les points et qui finalement n’ont jamais paru aussi proches.

Au départ, il y a Black America Again, l’excellent nouvel album de Common produit avec un grand Kareem Riggins. Le rappeur y est de retour avec une position fière et tournée vers l’avenir malgré les tensions raciales omniprésentes. C’est un véritable contraste après le constat dur et froid de Nobody’s Smiling, son précédent opus réalisé avec un No ID énervé. Ici, le morceau éponyme, « Black America Again » est un postulat de la conscience noire américaine historique, marqué par un refrain poignant de Stevie Wonder ainsi qu’un film court produit par Ava Duvernay à l’esthétique juste et au propos sincère.

Le parti pris est total, le morceau n’étant finalement qu’évoqué par les couplets scandés par Common sur des rythmiques quasi guerrières mais détachées. C’est une véritable mise en scène de tout l’esprit de l’album qu’on retrouve ici condensé. Après son très bon live chez Jimmy Fallon, on se demandait bien dans quelle forte direction pouvait nous emporter le vétéran de Chicago.

« Gucci Mane and Common, did you see this comin ? »

C’est avec un remix qui n’a quasiment rien à voir avec l’original que Common continue de marquer les esprits. Avec BJ The Chicago Kid en remplaçant de luxe sur le refrain, il propose une version plus classique au rythme et piano paraissant tout droit sortis des années 90. Et là, les premières rimes fusent, assurées et naturelles. « Come look into the eyes of a man named Gucci  / Got me peepin’ out the blinds like Malcolm with the Uzi ». Le ton est donné, Gucci Mane, le rappeur ignorant par excellence pour une grande partie de l’auditoire réfractaire, montre sa facette la plus consciente et sérieuse, avec Malcom X et 2Pac dans son coin, tout en gardant son franc parler et ses images loufoques. Guwop semble se balader tranquillement, remettant en place tous ceux qui souhaitent toujours garder leurs petites boites étiquettées Trap ou Boom Bap.

Common enchaîne de la meilleure façon avec ses références historiques africaines et Pusha T termine comme pour finir de relier ces deux univers, entre violence et repenti. Cette connexion incongrue sonne comme un nouvel hymne de cette Amérique diversifiée mais unie contre celle de la haine, une communauté qui est fière de se tenir debout quand tout s’écroule. L’album de Common est très important et ce grand écart des genres l’est au moins autant.

« From the 6 to the Chi, got so much in common »