Le Bavar dans un clip de Elom 20ce

Ce 19 septembre est sorti un clip puissant du rappeur togolais Elom 20ce, en hommage au militant indépendantiste de Guinée et des îles du Cap-Vert Amílcar Cabral. Sa mort y est figurée par une danse introductive, qui donne toute sa force visuelle au clip. Le combat de Cabral était double, celui contre les colons et pour l’unité des colonisés. L’invitation faite au Bavar ne pouvait mieux coïncider avec de telles prises de position. Le message général est d’ailleurs à l’image de son arrivée sur l’écran et sur le beat : l’affirmation d’une dignité inaltérable. 365 cicatrices et toujours ce flow et cette classe incorruptibles (« Je ne changerai pas le monde mais il ne me changera pas »), qui en font certainement le rappeur le plus touchant de La Rumeur. Le lieu de tournage le confirme, puisqu’il s’agit de l’île de N’Gor – « dignité » en wolof. Le clip est extrêmement référencé, et chacun y verra des significations nouvelles en fonction de sa culture. Elom 20ce lie l’histoire des luttes noires partout – afro-américaines, avec le « each one teach one » placé dans son couplet, le choix de lier une voix antillaise et une voix togolaise – et la revendication de son lien inextricable avec le hip-hop. Et c’est, à l’écoute de son EP sorti en 2015 où figure ce titre, une caractéristique propre à l’artiste, connu pour son panafricanisme. De plus, les femmes n’y sont jamais en reste : l’hommage à Dona Ana Maria Calbral, mariée à Amílcar, militante même après sa mort, vient confirmer le désir d’unité, à la fois personnel et politique, qui se dégage de la démarche de celui qui a choisi sa mère pour la couverture d’Indigo. En attendant peut-être, un album en 2018 aussi puissamment visuel que ce clip et son écriture, comme il l’annonçait à demi-mots ici.