Les amours platoniques de La Main Gauche

« J’ai remis sur le tapis les anticipations d’hier, projet mort né avant la pose de la première pierre ». Voilà maintenant trois ans que l’on attendait que La Main Gauche étire de nouvelles longues et denses émotions sur format court. Le vide est comblé intensément sur Ni le même, ni un autre, où l’artiste du XIIIe se montre particulièrement inspiré, morcelé et doux, avec toujours cette même voix tristement rieuse, habillée par les habituels compagnons de chemins à inventer : Stekri et Dtracks, mais aussi Monsieur Connard (vous ne trouverez jamais un meilleur blaze). Cinquante nuances de gris qui parsèment, non pas cinq jolies, mais cinq belles chansons sur le dezordr des cœurs. Cinq grandes chansons où La Main Gauche est coincé(e) de son plein gré dans un entre-deux permanent et rassurant, entre semelle et ciment. Ni optimisme, ni pessimisme, juste l’émotion funambule, ni pudique, ni outrancière, ni la même que la nôtre, ni une autre que la nôtre, universelle et singulière. « Tu m’aimes tellement moins, je ne peux pas mieux… » C’est déjà beaucoup.