Un quart d’heure avec Siboy
Interview

Un quart d’heure avec Siboy

Siboy travaille actuellement sur son premier projet. À l’occasion de la sortie du titre « Mula » avec Booba, nous sommes allés poser quelques questions au Mulhousien, pour en savoir un peu plus sur ce qui se cache derrière la cagoule.

Photographie : @keffer

Abcdrduson : On t’a découvert il y a maintenant deux ans, en 2014, avec une série de morceaux filmés par ton réalisateur attitré James Cam’Rhum et estampillés « Marabout Music », étaient-ce effectivement tes débuts dans la musique ?

Siboy : Auparavant il y avait eu d’autres choses, mais j’avais d’autres blases. Ce n’était pas sérieux, je ne me visualisais pas vraiment dans le rap, je me voyais plus en tant que beatmaker. Marabout Music, Ça devait devenir une structure officielle, mais le problème est qu’on n’a pas fait les démarches jusqu’au bout. Ensuite avec la signature c’est devenu compliqué, chacun faisait un peu les choses de son côté. On est toujours ensemble en fait, mais on n’est pas allés jusqu’au bout pour monter ça comme un label. C’est allé super vite avec la signature, j’étais dépassé moi-même.

A : En deux ans, depuis Mulhouse tu as réussi à bénéficier d’une certaine exposition.  Tu t’étais déjà fait un nom sur la scène locale ?

S : Je vois ça comme un coup de chance de ma part. Il existe une vraie scène rap à Mulhouse, et j’ai pu m’inspirer de gens qui font du rap dans ma ville. Mais je ne rappais pas avec les gens de ma ville tout le temps, je rappais juste avec mes potes, et un jour j’ai eu le studio chez moi, j’ai rappé et je l’ai balancé sur le net. C’est comme ça que ça s’est passé. J’ai pu faire mes preuves, mais mon exposition, je trouve que c’est juste de la chance.

A : Depuis 2014, tu n’as pas été ultra productif, alors que c’est pourtant la tendance. Est-ce dépendant de ta volonté ?

S : Ce rythme ne dépend pas que de moi. Si ça ne dépendait que de moi, j’aurais sorti tous les morceaux que j’ai faits pendant les deux dernières années. Mais quand on écoutait les morceaux, des fois ce n’était pas assez solide ou assez efficace. Moi en vérité, je m’en fous que mon morceau ne soit pas efficace, des fois je l’aurais balancé ! C’est un mal pour un bien en fin de compte, parce que ça m’a permis de m’entraîner encore plus, de me perfectionner. Parce que je suis fou moi, je peux balancer des morceaux tout le temps, sans vraiment me poser la question de savoir s’ils sont efficaces.

A : Assez rapidement tu t’es retrouvé à signer chez 92i, comment les choses se sont-elles décantées ?

S : C’est à partir de « Mailler », que Booba avait partagé sur son compte Instagram. Après ça, j’entendais des rumeurs, puis deux personnes sont venues me voir au Noumatrouff, une salle de concert à Mulhouse. Elles m’ont dit que Booba et Universal étaient intéressés par ce que je faisais, et m’ont demandé ce que j’en pensais. L’approche s’est faite comme ça, mais moi je ne me rendais pas vraiment compte. Je me suis dit que c’était un truc de fou, je ne faisais pas beaucoup de vues, ça m’a surpris.

A : Suite à ça, fin 2015, tu te retrouves sur le titre « Zer » de l’album Nero Nemesis de Booba, quelle est l’histoire du morceau ?

S : À la base je devais poser sur « Pinocchio ». J’avais fait mon couplet, Damso aussi, mais je n’avais pas entendu le sien, seulement celui de Kopp. Après avoir réécouté mon couplet, je n’en étais pas super fan, mais les choses devaient rester comme ça normalement. Et plus tard, j’étais au studio et Benash jouait le titre « Zer », je me suis dit « mais c’est quoi ce morceau ?! » [rires] Comme par hasard quand je rentrais, je parlais avec Booba, il m’a demandé si j’aimais le morceau et m’a proposé d’être dessus.

A : Peu de temps après, en 2016, ton morceau « Enemy » apparaît dans la bande originale du film Divines, comment cela s’est-il passé ?

S : C’est un truc de fou ça ! Cette histoire, c’est quelque temps avant la signature chez Universal et 92i. L’équipe du film m’a approché pour me proposer une participation au projet. Le côté cinéma m’intéressait. J’ai fait confiance à leur projet, j’ai lu le synopsis, qui me plaisait, et c’était parti. Au final ça a payé, puisque le film a été récompensé ! [NDLR : Caméra d’or au Festival de Cannes] Ce n’est pas un film à super gros budget et je savais à la base que ce n’était pas une énorme production, mais ça a payé, j’ai bien fait.

A : A la fin de l’année 2016, tu révèles le morceau « Eliminé », doit-on le considérer comme le premier extrait de ton premier projet ?

S : On peut voir ça comme le premier extrait, mais il se peut qu’au dernier moment, on ne le mette pas. C’est une décision qu’on prendra après. Je fais tout le temps de la musique, sans que le public le voie. On va refaire une sélection, mais le projet se concrétise là, on balance des morceaux et dès que ça prend, on envoie le projet.

A : Le morceau « Mula » avec Booba pourrait être déclencheur. On y entend quelque chose qui participe de ton identité, à savoir une musique mêlant le drôle et le sombre, c’est quelque chose que tu cultives ?

S : Je ne le cultive même pas, ça me reflète juste comme je suis. J’aime bien rigoler et d’un coup je redeviens sérieux, je suis comme ça tout le temps, un peu schizophrène. [Rires] Mais comme tout le monde en vrai, c’est comme ça dans la vie, des fois tu rigoles, d’autre fois t’es énervé. On est tous schizophrènes à un petit degré.

A : Cela dit l’ensemble de ce que tu produis est très sombre, non seulement en termes de musique, mais aussi de par les décors de tes clips, et même ta gestuelle, très agressive.

S : Oui j’entretiens cet aspect sombre par les images, ma gestuelle et mon attitude. Mais quand je fais mes gestuelles, des fois je suis en train de rigoler moi-même, ça le public ne s’en rend pas compte. Je crois que c’est la cagoule aussi qui donne ce côté sombre, sans que ce soit forcément maîtrisé. Je la conserve pour le moment, elle fait partie de mon identité.

A : Tu n’as pas peur de te laisser enfermer dans la case du rappeur bourrin ?

S : En vrai je fais aussi d’autres morceaux, beaucoup plus calmes, mais on attend le bon moment pour les faire découvrir. Mais je sais faire des sons pour les calins ! Il y en aura sur le projet, bien sûr, même avant, j’en balancerai un ou deux. Il faut des sons pour faire des calins, mais à la base je préfère faire des sons qui donnent la patate, qui sont là pour te booster.

A : Dans « Low » tu disais « être amoureux du rap » et commettre des «crimes passionnels». Au-delà de la métaphore, quel rapport entretiens-tu à cette musique comme auditeur ? Quels rappeurs t’influencent ?

S : J’écoute de tout ! Après, parmi les trucs tendances il y a des artistes que j’écoutais avant et que je n’écoute plus. A l’époque j’aimais bien Young Thug, les trucs comme ça. Maintenant ce sont les nouveaux qui émergent, 21 Savage je l’écoute par exemple. Les cainris m’inspirent, mais des fois je trouve qu’eux-mêmes tournent en rond ! En ce moment, tout le monde se ressemble.

A : Et si on remonte un peu dans le temps, un groupe comme Three Six Mafia ça te parle ?

S : Three Six Mafia comme jamais ! [Rires] Je kiffe grave ! Eux, ils m’ont fait aimer l’univers trap, et puis ce côté « on s’en bat les couilles, on montre nos dents, on se met torses-nus ». Faire des trucs bizarres en s’en battant les couilles qu’il y ait une caméra ou pas, c’est eux qui m’ont fait kiffer ce délire-là !

Fermer les commentaires

1 commentaire

Laisser un commentaire

* Champs obligatoire

*

  • Kevkilla90,

    Les sons de siboy sont énervés, le flow est WTFFFF, la gestuelle est monstrueuse; en gros c’est de la peufra!! Comme il le dit si bien dans l’ITW  » sa donne la patate, te boostes ». Cpdt j’ai également hâte de découvrir les sons où il est posé,oklm. Je pense que son 1er projet sera très abouti, bien structuré ( je fais confiance à Kopp pr tout cela) ce qui va lui permettre d’avoir une fanbase plus importante et ainsi lancer sa carrière pr de bon. Grosse Force au 92i, on attend les projets
    Ps: Mula ; le genre de bail qui met en PLS le Rap FR