Sadek
Interview

Sadek

Une signature en maison de disques après seulement deux freestyles Booska-P, une première mixtape sortie dans la foulée en 2012, un premier album dans les bacs à peine un an après… Force est de reconnaître que Sadek aime faire les choses rapidement. Conversation téléphonique avec le rookie le plus mature du rap français.

Abcdrduson : Sur « Mektoub », un des premiers extraits de ton album, tu dis être rentré dans le rap par accident. Est-ce que tu peux développer ça ?

Sadek : Je viens du 93 et plus précisément de Neuilly-Plaisance. C’est une ville qui, contrairement à Vitry ou à Saint-Denis par exemple, n’a jamais sorti de grand rappeur. On n’avait vraiment aucun contact avec le rap. En ce qui me concerne, mon contact avec le rap est venu directement par l’écriture, suite à mon accident [NDLR : Sadek parle de cet accident dans le morceau « Mektoub »]. Je jouais à la Game Boy et j’écrivais des textes. Plutôt que de ne rien faire, je me suis mis à écrire des textes, à faire des rimes mais sans que ça ne s’apparente vraiment à du rap.

Dans le quartier, on se vannait énormément entre nous. On avait aussi envie de rapper sauf qu’on ne savait pas quoi raconter et qu’on ne voulait pas mentir non plus. Du coup, le film 8 mile a vraiment agi comme un détonateur chez nous. On a commencé à se vanner en rimant. 8 mile a vraiment été un point de départ.

A : Tu viens de me dire qu’il n’y avait pas de rappeur issu de ta ville mais ton département a été représenté par plusieurs groupes et, toi-même, tu en parles dans tes textes. Est-ce qu’il y a une fierté particulière à rapper et à représenter ce département ?

S : Tu représentes forcément l’endroit d’où tu viens. Si j’étais venu du 77, j’aurais représenté le 77. Dans le rap, tu commences aussi par convaincre les gens de ta ville, ensuite tu t’attaques à ton département, ensuite à la France… Et, pour certains, tu enchaînes avec le monde. Je représente l’endroit d’où je viens parce qu’il s’agit de l’atmosphère que je connais et que j’aime mais je n’ai pas de fierté particulière à représenter mon département.

J’ai beaucoup écouté un groupe comme Tandem étant petit mais si je devais choisir mon école entre NTM et IAM, je choisirais IAM. Je représente mais je ne suis pas chauvin. Je n’ai jamais eu de difficulté à dire que IAM m’a plus parlé que NTM.

A : L’an dernier, tu as sorti ton premier projet intitulé La légende de Johnny Niuum. Tu as déjà expliqué en interview la raison de cet alias [« Niuum » évoquerait le bruit d’un bolide qui prend de vitesse l’ensemble des autres véhicules] mais quelle réelle différence vois-tu entre Sadek et Johnny Niuum ?

S : Si j’arrive à faire une carrière et que j’ai la chance de sortir d’autres projets, Johnny Niuum sera un personnage que j’aurai envie d’exploiter dans toutes mes mixtapes. Il y a tout un univers que j’ai envie de développer autour. Sadek, en revanche, est mon vrai prénom et c’est quelque chose que je réserve plutôt pour mes albums où je vais plus parler de choses personnelles. Johnny Niuum sera plutôt un recueil de toutes les choses extravagantes qui peuvent arriver à un jeune de cité qui traîne dans le quartier et qui n’a pas opté pour le parcours classique école/boulot. C’est un personnage avec plus d’énergie, plus de frénésie qui parlera beaucoup plus aux gens de quartier. Quand j’apparaîtrais sous le nom de Sadek, ce sera plutôt pour des projets destinés à un plus « grand public », pour que d’autres personnes puissent comprendre qui je suis. Après, il ne s’agit pas de faire les choses en pensant à ce « grand public » là mais plutôt de réussir à attirer ces gens vers toi.

A : Cette mixtape est sortie il y a un peu moins d’un an. Quel bilan en fais-tu ?

S : Un bilan très positif parce que, sans le soutien des gros médias hip-hop traditionnels, on a réussi à attirer l’attention sur nous. C’est un projet qui a été apprécié par mes pairs, beaucoup de gens m’ont découvert dans la rue avec ça… Quand on dit que c’est mon premier projet, c’est vraiment mon premier projet ! Je n’avais jamais fait de mixtape ou de street-CD avant et c’est un disque qui m’a même permis de faire quelques dates, de rencontrer des gens qui comprennent mon délire… Sur les réseaux sociaux, je vois qu’il y a quand même une demande avant mon album. Je suis absolument contre tout ce qui touche au trafic de vues donc, quand je vois les vues de mes vidéos, je me dis que l’attente est quand même conséquente compte tenu des moyens mis en œuvre. Avec cette mixtape, je voulais faire en sorte que les gens m’attendent. C’est ce qu’on a réussi à faire donc je suis satisfait.

« Je ne me définis pas en tant qu’artiste. Je suis juste un mec qui fait du rap et qui essaye de mettre toutes les chances de son côté. »

A : Tu es jeune mais ton discours démontre une vraie maturité. On a presque l’impression que tu as finement analysé le milieu du rap avant de prendre le micro…

S : Je suis très observateur et, dès que j’ai commencé à rapper, les choses se sont accélérées pour moi et ça m’a permis de rencontrer des gens et de comprendre certains éléments. A 13 ou 14 ans, j’étais en studio avec Youssoupha parce que j’avais trouvé sa mixtape super intéressante. J’avais récupéré le numéro d’un de ses managers de l’époque sur Internet. J’ai toujours su que je voulais faire quelque chose dans le rap. A partir du moment où tu es sûr de toi, tu te renseignes. J’ai vu beaucoup de choses de l’intérieur et ça m’a permis de relativiser énormément sur la vie d’artiste.

Je ne me définis pas en tant qu’artiste. Je suis juste un mec qui fait du rap et qui essaye de mettre toutes les chances de son côté. On sait d’où on vient et on n’a pas 100 occasions de réussir donc, dès qu’on te donne une chance, il faut la saisir. Il ne faut pas avoir de regrets.

A : Avant la sortie de ta mixtape, tu avais dit que l’objectif, avant de penser aux ventes, était de faire découvrir ta musique à un maximum de personnes. Quels objectifs te fixes-tu avant la sortie de ce premier album ?

S : Honnêtement, même avec ce premier album, je ne pense pas plus que ça aux ventes. Comme avec la mixtape, l’idée est que les gens adhèrent au projet, qu’ils aillent le chercher, qu’ils le partagent, qu’ils continuent à en parler… En 2013, je pense que vendre des CD’s est moins important que d’alimenter l’actualité et d’entretenir ta « marque ». Plus on parle de toi et plus les gens sont disposés à écouter ta musique, à t’inviter dans des festivals, à tourner… J’ai envie de tourner avec cet album et de faire comprendre aux gens que je m’inscris dans la durée.

Ceci dit, ça reste important de vendre des CD’s. Soyons optimistes et imaginons que je sois disque d’or : j’en serai extrêmement fier. Mais je ne pense pas être en mesure de déterminer ce qui est réalisable pour moi en termes de chiffre et je ne pense à aucune estimation de vente.

A : Ceci dit, dans un de tes freestyles, tu dis que tu as parié au quartier que tu serais plus fort que Booba d’ici trois ans  [Sourire].

S : C’est une histoire vraie ! Au quartier, les gens croient en moi et on discute beaucoup du rap. Ils savent que je suis un compétiteur et je leur ai répondu « sur la vie de ma mère, je serai plus fort que Booba dans 3 ans, je m’en bats les couilles ! ». Cette phase était un petit clin d’oeil au quartier.

A : Tu as cette phase sur Booba, tu as aussi fait ta version de « Kalash » sur un des trois freestyles mis en ligne avant l’album… Est-ce que c’est un rappeur qui a eu une influence particulière sur toi ?

S : C’est un rappeur qui m’a marqué et j’apprécie son parcours et la façon dont il traversé les époques. Je pense que, quand Messi est rentré dans le foot, il regardait Zidane ou Maldini et voulait les détrôner. Je me situe exactement dans la même position. C’est pareil aux États-Unis où Lil’ Wayne voulait clairement détrôner Jay-Z. C’est de la compétition. En tout cas, j’ai beaucoup de respect pour Booba, j’apprécie son travail comme n’importe quel auditeur de hip-hop mais je n’ai jamais été un fan. D’ailleurs, je n’ai jamais vraiment apprécié un artiste plus que les autres et ça dépend vraiment des périodes et des projets.

Je n’ai même pas écouté que du rap et, par exemple, j’ai adoré un groupe comme Daft Punk. D’une part pour leur musique mais aussi parce qu’il s’agissait de français qui ont dominé la scène internationale. En fait, je suis un peu omnivore de musique, j’écoute de tout. Je peux passer de la soul au rock, de la house ou même de la polka quand je suis dans un certain délire [Sourire]. J’aime vraiment la musique.

A : J’ai cru comprendre que tu souhaitais continuer à alterner mixtapes et albums à l’avenir. Quelles différences vois-tu entre une mixtape et un album ?

S : C’est déjà très différent dans la conception puisque j’ai fait la mixtape quand j’étais entre le rap et la vie de quartier. Même si j’étais signé en maison de disques, je n’avais pas les deux pieds dans le rap. C’était moins carré puisque je pouvais écrire trois couplets dans ma voiture avant d’aller au studio… Pour l’album, j’ai vraiment pris mon temps, j’ai fait tout un travail d’introspection histoire de trouver les bons thèmes, les bons instrus, j’ai tenté de nouvelles choses au niveau des refrains, j’ai pris beaucoup plus de risques…

Pour moi, les mixtapes s’apparentent à des compilations de punchlines. Si tu regardes Lil’ Wayne, il va te lâcher dix fois plus de punchlines dans No Ceilings que dans tous ses albums. C’est ce que j’aime et je kifferai que les producteurs français mettent plus souvent en ligne leurs intrus histoire qu’on puisse les kicker. C’est comme ça que je vois les mixtapes : très punchlines, pleines de street bangers pour ceux qui aiment le rap dur. Sur l’album, tu parles davantage avec ton coeur, tu ouvres davantage en termes de musicalité… Je veux montrer un autre aspect, d’autant plus que les gens croient que je ne sais rapper qu’en criant [Sourire]. Il faut que je leur montre que je sais aussi me poser sur un instru.

A : Tu avais dit que la mixtape s’était faite de manière très intuitive. Le premier album étant symbolique, est-ce que tu avais certaines idées en tête depuis des années que tu voulais absolument retrouver dans ce disque ?

S : Non parce que je l’ai vraiment conçu durant cette dernière année. Il n’y a qu’un seul morceau antérieur que j’ai réutilisé. Il s’appelle « Bref » et il n’a rien à voir avec la série de Canal, c’est juste une idée de refrain. Ça n’est pas non plus un morceau gimmick « bref, j’ai fait ci, bref, j’ai fait ça », ne t”inquiète pas ! [Rire] C’est le seul morceau qui n’avait pas sa place dans la mixtape et que je voulais garder pour l’album. Sinon, tout a été enregistré à partir de septembre parce que je ne voulais pas faire deux Légende de Johnny Niuum. Sur son précédent album [NDLR : La Fouine vs Laouni], La Fouine avait découpé son album avec un CD très rap et un CD un peu plus « musical ». Dans l’idéal, j’aimerais que cette séparation existe entre mes mixtapes et mes albums. Sur les mixtapes, j’ai envie de balancer des morceaux pour la rue alors que j’aimerais que mes parents puissent écouter mon album. C’est super important que je puisse leur faire écouter ce que je fais, qu’ils en soient fiers, qu’ils aillent en parler à mes oncles en ayant autre chose à leur faire écouter que des « va niquer ta grand-mère » [Rire].
A : C’est justement un point crucial pour un rappeur, comment réussir à passer d’une base de fan purement rap au grand public. En même temps, tu n’as pas peur de t’aliéner ta base de fans initiale en raisonnant ainsi ?

S : Je pense que ceux qui aiment le « Sadek qui crie » doivent aussi prendre un peu de recul. Je ne connais aucune caillera qui ne rigole jamais, qui n’a pas envie d’avoir des enfants, une femme qui l’aime… Je ne veux pas qu’on parle de moi comme d’un rappeur conscient ou engagé mais, par contre, j’essaye de donner de l’espoir aux gens. Je veux leur montrer que tout est possible et je préfère les faire rigoler avec un morceau de trois minutes que les faire pleurer avec un album de six heures. Je ne joue pas un personnage. Sur « Mektoub », je mets en avant mon parcours rapologique parce que c’est un parcours sous le signe du travail et tout le monde peut s’y identifier. Je ne mets pas en avant mon parcours de mec de rue parce que je ne pense pas que ce soit nécessaire.

A : Tu viens de dire que tu ne joues pas de personnage et, justement, on te voit assez actif sur les réseaux sociaux, notamment Twitter. D’ailleurs, on est dans une période où les rappeurs se font vanner à longueur de journée. En ce qui te concerne, il y a parfois eu des comptes parodiques…

S : [Il coupe] Tout à fait et, au départ, ça m’agaçait parce que je ne m’étais pas rendu compte que c’était des petits qui se cachaient derrière ces comptes. Quand on était petit, on allait sur les chats et on lâchait le plus de « nique ta mère » possible pour se faire virer du chat… Et ça nous faisait rire alors que c’était complètement stupide ! Tu fais des trucs qui n’ont aucun sens quand tu es petit. Avec du recul, c’est quelque chose que je comprends et Twitter met la lumière sur ce genre de trucs mais c’est vraiment pas grave. Quand je me balade dans la rue, personne ne vient me vanner.

A : Il y a notamment des vannes sur ta corpulence et tu y réponds dans tes textes avec des phases du style « je ne peux pas échouer même si j’suis plus lourd qu’une baleine », ça te fait rire de prendre tout ça à contre-pied ?

S : Bien sûr ! Je viens d’un quartier où on se vannait toute la journée. Les vannes sur les gros que j’ai entendues dans ma vie sont bien plus hardcores que celles de Twitter ! Quand tu te fais allumer à la kalash à vannes, tu es obligé de t’équiper en conséquence. Au final, je vois vraiment le rap comme du divertissement. Si tu aimes mon rap, ça ne veut pas dire que tu es un suceur, si tu ne l’aimes pas, ça ne veut pas dire que tu vas me tirer dessus dans la rue… Il ne faut pas se prendre la tête avec le rap.

A : Tu es un des rares rappeurs de la nouvelle génération qui semble aussi bien à l’aise avec la scène boom-bap et la scène plus street. L’exemple le plus édifiant est probablement le morceau « Canette » sur lequel tu rappais avec Niro sur la version originale et avec Deen Burbigo sur le remix…

S : Je n’ai aucun souci à dire que j’écoute aussi bien Deen que Niro. Je trouve Deen Burbigo extrêmement talentueux, il a des punchlines super pointues et c’est un mec avec qui je m’entends très bien. J’ai toujours eu énormément de facilités à rencontrer des gens. Par exemple, à l’école, ça a toujours été super compliqué pour moi : j’étais tout le temps absent, j’enchaînais les zéro aux devoirs maison… Et, pourtant, je suis allé jusqu’au bac L alors que j’avais 140 journées d’absence cette année-là. Un jour, je montrerai mon bulletin ! En tout cas, avoir ce bac L m’a permis de rencontrer des gens différents et j’ai toujours été ouvert. Ça ne m’a jamais dérangé de traîner aussi bien avec des skateurs qu’avec mes potes de cité. Soyons honnêtes, ça m’a même aidé dans le business puisque, quand tu veux vendre du shit, tu ne vas pas en vendre aux mecs de ta cité. C’est plus simple si tu as des potes avec des sacs à dos et un peu d’argent de poche [Sourire].

Il y a quelque chose que je respecte beaucoup chez les Orelsan, 1995 ou Deen Burbigo, c’est l’authenticité. Tu ne peux pas reprocher à des gens qui ne sont pas cailleras de ne pas faire du rap caillera ! En revanche, ils sont passionnés de rap et personne ne peut les empêcher de prendre le micro. Les valeurs du hip-hop, ce sont aussi le partage et l’unité. Comment s’étonner que les mecs nous refusent dans leurs entreprises si on leur “interdit” de rapper à nos côtés ? Je fais un gros raccourci parce que je ne dis même pas que 1995 sont des fils de riches. Par contre, il y a deux mondes différents et c’est aussi à nous de faire le premier pas et de montrer qu’il y a de la place pour chacun.

« Tonton Marcel est un peu comme un fabricant d’armes : « j’ai construit une kalachnikov mais je ne vous ai jamais demandé de vous tirer dessus ». »

A : Récemment, il y a une vidéo qui a beaucoup tourné dans laquelle on te voit discuter un peu malgré toi avec Tonton Marcel. Je pense que c’est une vidéo qui a beaucoup surpris parce que tu dois être un des premiers qui refuse de rentrer dans son jeu…

S : En fait, Tonton Marcel a fait plusieurs interviews, notamment avec des rappeurs peu connus de ma ville, où il leur pose des questions du style « alors Sadek, est-ce que c’est vraiment la rue ? etc ». Je n’aime pas cette démarche et je n’ai jamais été fan de sa propension à diviser les gens. Bref, on s’est parlé et je vois que, depuis, il fait des vidéos dans lesquelles il essaye d’être un peu plus positif. Après, il essaye de faire son pain comme il peut et il a compris que les clashs faisaient le buzz sur les réseaux sociaux. Tonton Marcel est un peu comme un fabricant d’armes : « j’ai construit une kalachnikov mais je ne vous ai jamais demandé de vous tirer dessus ».

Plus largement, j’ai toujours été dégoûté par les interviews pleines de complaintes des rappeurs. « Comment ça se fait que ce soit eux qui soient en haut ? Pourquoi est-ce que ce n’est pas nous ? Vive l’indépendance. » En ce qui me concerne, j’ai rappé dans une cave pendant six ans, j’ai bossé et, quand j’ai senti que j’étais prêt, je suis allé voir les médias. Des gens comme Booska-P sont aussi des mecs de rue et ils n’hésitent pas à donner leurs chance aux artistes qui le méritent. Les gens oublient qu’il ne suffit pas de rapper pour être diffusé. Il faut un certain talent et je pense que, pendant longtemps, je ne l’avais pas. Je me suis senti prêt, j’y suis allé et ça a fait mouche mais j’aurais pu me tromper. Si je m’étais trompé, je serai retourné travailler dans l’ombre. Ça montre encore une fois qu’on est en retard parce que, aux États-Unis, tu as plein de rappeurs underground qui sont en connexion avec des gros noms et qui comprennent leur place de rappeurs undergeound. Il faut faire des choix et tu ne peux pas être mainstream en faisant des morceaux qui ne parlent qu’à toi et tes potos.

 

A : Ceci dit, sur la mixtape, tu avais déjà un morceau avec Soprano qui correspondait déjà à la définition de « morceau d’album » que tu sembles donner.

S : Pour moi, c’était un morceau de mixtape parce que je ne voulais pas inviter de rappeur français sur l’album. Je respecte énormément Soprano qui est un des vrais tauliers de la discipline en France mais c’est un choix qui me tenait à coeur depuis longtemps de ne pas avoir de rappeur français sur l’album. Il fallait vraiment que je raconte mon histoire. Du coup, le morceau s’est retrouvé sur ma mixtape parce qu’on est tous les deux dans la même maison de disques, qu’il appréciait ce que je faisais, que j’apprécie ce qu’il fait depuis des années… C’était une vraie collaboration et je la trouvais à sa place sur la mixtape.

A : Il n’y a pas de rappeur français mais il y a une collaboration avec Meek Mill sur l’album. Est-ce que tu peux nous en dire davantage ?

S : La connexion s’est faite via Kore. Ça s’est super bien passé et on va aller enchaîner avec le clip à Philladelphie.

On devait se rencontrer pour faire le morceau directement et, entre temps, on avait envoyé la prod à Meek Mill alors que je n’avais pas encore écrit. Il a vite rappé dessus et il nous a envoyé une sorte de test… qui était archi concluant. Ça collait vraiment et je ne voulais qu’il touche à rien. Il nous a vraiment respecté et ça nous a aidé de passer par Kore puisque les deux s’entendent bien. On lui a expliqué que, comme lui, j’étais un rookie qui faisait parler de lui, que je venais aussi des battles, de la rue et il a respecté la collaboration. Il n’y avait même pas besoin qu’on se rencontre en studio puisqu’il y a immédiatement eu une alchimie à distance.

A : Sur la mixtape, tu avais déjà un morceau avec Jae Millz, autre rappeur américain. Même si les collaborations rappeurs américains/rappeurs français n’ont pas toujours été concluantes, c’est quelque chose que tu sembles avoir envie de poursuivre.

S : J’aime bien ça et j’ai la chance de parler anglais. Je ne prends pas un cainri uniquement pour avoir sa voix mais je veux vraiment travailler avec lui. Par exemple, je n’ai pas du tout basé la communication de l’album autour de la collaboration avec Meek Mill. Pour moi, c’est cool d’avoir ce genre de collaboration et je vois aussi ça dans une logique de performance. En faisant ça, je pense au public et j’ai envie que les gens voient ce que la rencontre de nos deux univers peut donner. Je ne veux pas rentrer dans l’univers de Meek Mill, je ne veux pas qu’il rentre dans le mien mais j’ai vraiment envie qu’on fasse quelque chose à mi-chemin de nos univers respectifs. C’était déjà le cas sur « Nino Brown » avec Jae Millz où on était parti dans un délire à la New Jack City. Il avait complètement respecté ce délire et avait même repris des phases dans lesquelles il me faisait des dédicaces… C’était une vraie collaboration et pas un morceau marketing.

A : Tu es signé chez Hostile. Qu’est-ce que ça représente de faire partie de ce label historique et quels disques choisirais-tu si on te demandait de résumer ce label en quelques projets ?

S : Franchement, c’est une grande fierté de faire partie de la maison Hostile. Si je devais résumer le label avec des projets marquants, je citerai Dans ma bulle de Diam’s, Le Code de l’honneur de Rohff, la compilation Hostile 96. J’ai peut-être plus écouté Hostile 2006 parce que c’est ma période mais, avec du recul, celui de 96 était meilleur.

Fermer les commentaires

Pas de commentaire

Laisser un commentaire

* Champs obligatoire

*