Pepso Stavinsky : Péril jeune sur la lune
Interview

Pepso Stavinsky : Péril jeune sur la lune

A ses débuts, il s’est décrit comme une anomalie. Dans ses disques, il sample Tomasi, parle de voir la lune et d’errances astrodisiaques. Ca ne fait pourtant pas de lui le péril jeune 2.0, mais plutôt un hyper-actif qui souhaite verser son rap dans l’art total. Rencontre avec Pepso Stavinsky.

bcdrduson : Pepso Stavinksy, sans être tête d’affiche de la scène rap indé française, tu es un peu devenu le monsieur End Of The Weak de l’ouest de la France, mais aussi en national [Plusieurs fois champion de la section locale, vice-champion de France en 2008, plusieurs fois membre du jury, NDLR]. Considères que cette compétition t’a construit en tant que rappeur ?

Pepso Stavinsky : Même si j’y suis encore actif, les titres End of the Weak remontent tout de même à 2007/2008, à une époque où la compétition était moins cotée, même si tu y croisais des gens comme Mic Orni [Champion en 2008, NDLR]. Mais c’est vrai qu’avant les End of the Weak, j’étais un rappeur qui se contentait de poser dans sa chambre en faisant sa petite vie à Angers. Wadi, un rappeur d’ici avec plus d’expérience que moi et qui était un peu la référence locale, m’a inscrit avec lui aux End of the Weak. Personne ne me connaissait, et j’ai gagné le titre local devant tous les acteurs rap et hip-hop de l’ouest, donc forcément, tu te fais connaître. Et ça a clairement été un déclencheur. Tu sors de ta chambre, de ta petite ville, tu as un retour, alors directement, tu gagnes en envie et en sérieux, tout devient plus concret. Ça te permet de rencontrer des gens, d’avoir des plans pour faire des featurings. De là, tu as forcément le pied à l’étrier. J’ai enregistré un premier maxi [Itinéraire d’une Vie Banale, NDLR] dans le studio Full Mon Records tenu par Sixième Sens à Saumur. Ensuite, la compétition a été interrompue deux ans, jusqu’à être reprise par DJ Keri. De mon côté, j’ai continué à travailler mon rap, et en 2011, on a pu faire une tournée en Espagne avec Mic Orni, Dandyguel et Pand’Or qui remplaçait Kenyon. On a enregistré un album avec plusieurs gagnants des End of the Weak européens. C’était en Andalousie, et c’est là que j’ai forgé des vrais liens avec ces trois personnes. À partir de là, tout s’est un peu débloqué. Comme je suis quelqu’un d’assez réservé à la base, il faut que je me sente bien. Créer ces liens m’a aidé. Ça se passe super bien, on a des identités différentes, des projets différents, mais dès qu’on se retrouve il y a une énergie et une synergie que je ne retrouve pas ailleurs. Il y a des gens qui ont des renommées et des projets complètement différents, c’est disparate, mais c’est bourré de respect mutuel et ça colle, sans être une écurie ou un collectif. Parallèlement, les End of the Weak ont pris de l’ampleur. Il y a les showcases, les All Star, la présence à l’émission Incroyable Talents sur M6. Je suis parfois jury, parallèlement j’ai sorti l’an dernier un album solo [Voir la Lune, NDLR], il y a quelques semaines un maxi digital [Météorites, NDLR] et actuellement on enregistre un album End of the Weak. Donc oui, bien sûr, End of the Weak fait partie des choses qui m’ont construit.

A : Quand tu dis que tu n’as plus eu envie de n’être qu’un rappeur dans sa chambre suite à ta participation en 2007, qu’est-ce qui t’a vraiment plu, poussé à plus ? Être devant des gens ? Voir de la reconnaissance ? L’adrénaline ? Que c’est possible ?

P.S : Un peu tout ça. Je pense que j’avais déjà ce côté OVNI avec ma nonchalance, ma lenteur, mais que je ne le maîtrisais pas. [Il rit] Dès que je prenais le micro, je ne rappais pas aussi sérieusement que maintenant, il y avait ma timidité d’un côté et une espèce d’électricité de l’autre. Il y a eu de la magie ce soir-là. Et comme je te le disais, plein de choses se sont déclenchées : j’ai reçu des messages, je me suis fait un MySpace [Il en rigole], je me suis connecté avec les gens, j’ai été à vivre à Nantes où je faisais mes études. J’ai d’ailleurs monté avec trois autres étudiants un webzine, créé pour le festival Hip Opsession. Ça m’a permis de me connecter, de me bouger. On parle de toi d’un côté, tu rencontres des gens de l’autre, il y a des personnes pour te bouger au milieu… Wadi a été là pour ça d’ailleurs. Il m’a poussé à faire un maxi, à poser sur des sons. Ça donne la niaque. Je pense que ça fonctionne toujours comme ça. Je suis en solo, et des fois, tu n’as pas la force, tu es un peu démotivé. Mais il suffit d’un concert qui se passe super bien, d’avoir des bons retours, pour que ça s’enclenche, que tu te remotives. Ma motivation fonctionne un peu comme ça, même si j’essaie d’être toujours actif parce qu’une fois qu’on a commencé à parler de toi, il ne faut rien lâcher, surtout si tu cherches à construire une identité artistique.

« L’oubli fait aussi partie de la tendance d’aujourd’hui »

A : À propos d’activité permanente, tu sens cette obligation d’occuper le terrain constamment ?

P.S : Je le sens énormément, il ne faut pas se mentir. L’oubli fait aussi partie de la tendance d’aujourd’hui. Regarde certains des mecs qui ont fait les Rap Contenders et qui ont eu un gros buzz. Pour certains, ils sont encore plus que là, mais pour d’autres ? Les mecs sont passés de 500 000 vues à l’époque des Rap Contenders à autant que moi aujourd’hui sur un clip, c’est à dire d’un nombre à 6 chiffres à un nombre à 4 chiffres. Je ne dis pas qu’ils se sont fait complètement oublier, mais c’est déjà dur si tu es là en permanence, alors si pendant six mois ou un an tu fais le mort, c’est mission impossible.

A : Tu parlais de se créer une identité artistique. Avec cette « obligation » d’occuper le terrain, comment gères-tu, l’inspiration, l’image, le rythme ?

P.S : Je suis plus dans le cheminement de quelqu’un qui veut développer une identité artistique, quitte à ne pas trop se mélanger. J’aime ce genre d’artistes qui créent un univers. Pour que je développe cet univers, je dois travailler chaque jour, faire des morceaux, pour trouver des nouveaux trucs à chaque fois. Aussi bien au niveau des prods, de l’image, des textes. J’aime le concept d’art total. Tu fais un morceau, et derrière, il y a d’autres supports, d’autres artistes, qui convergent vers le morceau : une vidéo, une illustration, même une analyse d’un sociologue pourquoi pas ? Quelque chose comme l’identité visuelle donne aussi une autre lecture aux gens, ça marque ton identité. Pour construire tout ça, tu dois chercher en permanence, donc travailler. Et puis j’aime bien aussi ce côté hyper actif. Ça me donne pas mal de force, c’est une mécanique qu’il faut entretenir. Avant je ne foutais rien, je fumais, j’étais un jeune quoi ! Et c’est vrai qu’entre le moment où j’ai commencé le rap et celui où je lui ai donné plus de place dans ma vie, c’est quand il y a eu un peu de lumière sur moi. Ça te force à être actif et à donner aux gens des choses. Mais je ne te cache pas que parfois, j’ai l’impression que c’est au point de forcer l’inspiration. Concrètement, là j’ai sorti un maxi [Météorites, NDLR], et il y a un titre où j’ai vraiment eu l’impression d’être obligé de l’écrire [Marchand de Sentiments, NDLR]. C’est d’ailleurs ce que je dis à la fin : « On se retrouve à se fabriquer des sentiments, des émotions« . C’est aussi ça la mécanique, la machine. Tu fabriques des choses, même si parfois tu dois te forcer pour ne pas décrocher. Et tout ça, ce sont des périodes que le public ne voit pas forcément. Il y a des périodes où t’es super inspiré. Mais il y a aussi des fois où tu es moins dedans. Ça le public ne le sait pas, et toi tu te forces à taffer quand même. Parce que tu sais que si tu laisses passer un an et que tu reviens ensuite avec juste un clip, t’as intérêt à revenir avec un truc puissance dix par rapport à ce que tu proposais un an plus tôt. Maintenant, tu ne rappes pas pendant six mois, on va dire que tu as arrêté le son ! T’imagines, c’est comme se dire que tu ne peux pas partir six mois en voyage et te couper de tout, parce que pendant que tu te ressources, que tu te nourris de nouvelles choses, tout le monde va t’oublier. Ça tu ne peux pas te le permettre, surtout dans une période où ça commence un peu à frémir. Tu dois rester là, pour taffer, pour répondre à la question que certaines personnes commencent à se poser : lui il a fait des trucs, il a un univers, un petit truc, mais aujourd’hui, qu’est ce qu’il va pouvoir nous proposer de plus travaillé ?

A : Depuis qu’on a commencé cet entretien, tu parles de boulot, de travail. Pourtant, quand on écoute ton disque, on a surtout l’image d’un flemmard, toujours dans la lune, qui aime surtout chiller, picoler et les histoires avec les filles. Comment gères-tu le travail ? Quelle est ton hygiène de travail ?

P.S : [Rires] Je pense qu’il n’y a pas de secrets : j’ai appris à compartimenter ma vie. C’est bien d’avoir du talent, d’avoir une identité, mais s’il n’y a pas de travail… C’est vrai que je n’étais pas un bosseur. Je le suis devenu. À côté, je suis aussi resté un fêtard. Je sors beaucoup, tous les gens qui me connaissent te le diront. Mais oui, la musique demande du travail, même si je ne la vois pas comme une manière de gagner de l’argent.

A : Ça tu en parles plusieurs fois dans le disque, où tu te décris plusieurs fois comme une « anomalie », mais où tu dis aussi que tu veux « rester un amateur au milieu des professionnels ».

P.S : Quand je dis ça, je suis dans une démarche symbolique pour simplement dire que je ne ferai pas tout pour devenir professionnel. Je préfère travailler ma musique, construire mon identité, même si ce n’est que pour trois personnes. J’essaie de ne pas perdre de vue le plus important : aller où je veux aller. Ça me parait beaucoup plus méritant qu’un mec qui va utiliser 70% de son temps à monter des stratégies pour savoir comment être pote avec tout le monde, chercher les bonnes personnes et qui a en tête un nombre de vues ou de clics, cela au détriment du temps qu’il peut consacrer à la création.

Même dans ma propre ville, ici à Angers, je ne suis pas pote avec les bonnes personnes. J’aime beaucoup cette ville, mais je pense que je n’ai plus grand-chose à y faire. J’aurai pu chercher à être le rappeur d’Angers, la tête de pont de la ville en termes de rap. Mais humainement et esthétiquement, ça ne l’a pas fait. Par exemple, ce qu’il se passe en vidéo ici ne me parle pas forcément. Idem pour la programmation et pour les labels. Et c’est d’ailleurs réciproque : je ne leur parle pas forcément non plus. Il n’y a pas d’embrouilles, juste une absence d’atomes crochus. Mais pour moi ce n’est pas grave de pas être pote avec machin. Je vais forcément être pote avec quelqu’un d’autre, ici ou ailleurs. J’en ai jamais voulu à personne. Dans les petites villes, il y a souvent des petites guéguerres, et je n’étais pas dans ce mode là. J’ai été faire de la musique à Rennes, à Paris, où j’ai accroché avec des gens comme les gars de Micronologie par exemple. C’est un peu tout ça que je dis dans cette phrase : je fais ma musique, et c’est pas grave si on n’est pas potes ou si tu me mets pas sur ta compil’. J’ai envie de faire les choses à petite échelle, pour qu’elles soient assez solides pour pouvoir monter tranquillement. Et il ne faut pas non plus avoir une image romantique du rap en indé. Aujourd’hui, même en indé, tu te retrouves forcément dans des formes de business. Il y a d’ailleurs un rappeur en France qui pour moi est un modèle à ce niveau, c’est Grems. Je trouve son cheminement très fort. Il a une vraie identité, de vrais projets marqués, un public qui n’est pas un fourre-tout. Il y a des mecs qui le suivent depuis le début, et ils sont encore là.

A : Ce que tu dis sur l’ancrage géographique me fait penser à Ahmad. Ahmad se construit une identité depuis plusieurs années, forte, aime Montpellier, mais tout en ayant jamais cherché à se placer comme LE rappeur de Montpellier. Aussi bien pour la manière de travailler que musicalement parlant, tu viens de citer Grems, mais as-tu d’autres références ?

P.S : C’est marrant que tu me parles d’Ahmad, on a été en contact très récemment. Il y a un mois, il est venu me parler sur Facebook et on a convenu qu’on se capterait cette année. Je suis super content, parce que c’est encore une preuve qu’on peut ne pas venir de la même ville, ne pas avoir de potes en commun, et que pourtant, il y a une connexion qui se fait. J’aime beaucoup ce que propose Ahmad, aussi bien en terme d’identité que musicalement. Son placement, ce côté laidback, son humour un peu noir et son côté anti-héros. Il y a une nonchalance où l’on se retrouve et je pense qu’on a des champs de vision qui peuvent se croiser. J’aime bien ses références qu’elles soient littéraires ou cinématographique. Lui il est vraiment dans une écriture plus cinématographique que moi, plus abstrait, quand je suis plus dans l’esprit vagabond et l’auto-fiction. Alors je ne pourrai pas dire que c’est une influence parce que je ne l’écoute pas non plus depuis dix ans, mais oui, j’aime beaucoup et je pense que forcément il y a un rapport si on se met spontanément en contact.

« En France, Grems est un modèle pour moi. Son cheminement est très fort. »

A : Et quelqu’un comme Wadi, ça a finalement été un manager pour toi ?

P.S : Il avait un manager, qui s’appelait Vincent et qui gérait l’organisation des dates Hip Opsession à Angers. C’était lors des premières éditions du festival, qui à l’époque avait encore lieu également à Angers en plus de Nantes. Vincent faisait la passerelle pour Angers. C’est quelqu’un de très calé, très intellectuel aussi. Il s’est battu pour le hip-hop à Angers, chose que je ne percutais pas forcément à 18/19 ans. Au final, tout le monde ne l’a pas suivi, entre autres à la municipalité. Mais c’était le manager de Wadi. Tous les deux m’ont beaucoup aidé. Vincent nous trouvait des scènes en local, donnait des conseils, de la motivation, c’est le genre de personne qui te tire vers le haut. Wadi, lui, nous faisait travailler, Dajanem et moi, avec lequel on formait un crew qui s’appelait Rue de la Pisse. La méthode de travail de Wadi tournait beaucoup autour de l’impro. Il nous a aussi amenés dans nos premiers studios, nous a poussés à faire nos premiers enregistrements. C’était un mentor.

A : Tu racontais tantôt comment les End of the Weak avait été une source de motivation pour toi. Depuis quelques années, les End of the Weak, et dans un style différent mais finalement assez proche les Rap Contenders, ont explosé. Ce sont des événements et des concepts qui ont subitement gagné en popularité. Toi qui était dedans il y a déjà 6/7 ans, comment as-tu vu ça ? Tu t’y attendais ?

P.S : End of the Weak et Rap Contenders, ce n’est pas le même parcours, mais dans les deux cas, et surtout pour les Rap Contenders, c’était dans le cheminement des choses avec Internet. End of the Weak a galéré pendant plusieurs années, Rap Contenders ça a été direct : première vidéo, premier buzz. La première fois que je les ai vus, j’ai été comme tout le monde, je me suis pris une claque. Je les ai vus rapper, je me suis dit : « Olha, il se passe un truc là, faut que je rebosse moi », surtout que c’était durant une période où j’étais un peu dans ma province assis sur mes lauriers. Retour aux multisyllabiques, gros jeux de mots et grosses vannes, grosse prestance scénique… Tu vois ça, tu te remets en question. Depuis, je trouve que le niveau a un peu baissé. D’ailleurs, toutes proportions gardées, des mecs « galèrent » aujourd’hui en comparaison du buzz qu’ils ont eu sur les épreuves. Regarde un mec comme Wojtek qui pour moi est la plus belle image des Rap Contenders : il est venu avec son style, il n’a pas cherché à s’aligner sur les multisyllabiques ou quoi. Il a vraiment ramené son truc. Mais est-ce qu’il a réussi à retranscrire son identité sur des projets discographiques ? Je ne suis pas sûr. Moi, cette identité, c’est ce qui m’intéresse le plus. Les battles, c’est cool, mais ça ne suffit pas. J’ai renoncé à les faire d’ailleurs, alors que j’y ai un moment pensé. Je ne me sentais pas capable. Je ne sais pas si je saurais être assez méchant [Il sourit]. Je sais être méchant avec moi-même, mais avec les autres ? En parallèle, les End of the Weak ont eu la trajectoire inverse. Il y a pas longtemps je regardais des vidéos de nous en 2007/2008. Quand je les compare au niveau d’aujourd’hui… [Il en rigole] Aujourd’hui, c’est bouillant, les mecs sont chauds. La dernière fois à Nantes, on a fait 3h30 sans entracte, finale Ouest + plateau All Star à la suite, et le niveau était très très haut. Je sais que si je refais un End of the Weak en tant que compétiteur, je ne pourrai pas y aller les mains dans les poches. Les mecs s’entraînent tous les jours, ne font que ça. Je trouve ça cool, parce qu’End of the Weak a galéré au début, et qu’aujourd’hui, on arrive à remplir des salles de 500 personnes, où il y a une grosse ambiance et un gros niveau. Et je ne suis même pas sûr que ce soit un effet Incroyable Talent, car à mon avis, c’est deux publics très différents. Les gens qui vont aux plateaux End of the Weak, ce ne sont pas ceux qui regardent leur télévision.

A : Ces compétitions ont-elles rehaussé le niveau technique selon toi, surtout après les années 2004/2008 que beaucoup ont vu comme une période de purge ?

P.S : Si tu fais référence à la période où le rap caillera et dirty, a été prédominant, peut-être. Mais en même temps, je ne sais pas. À cette période, soit j’écoutais du rap des 90s, soit j’écoutais déjà du rap dit « alternatif », des gens comme Soklak ou La Caution. Donc je n’ai pas senti ce vide. Dans le documentaire Un Jour Peut-être, certains disent que c’est le rap alternatif qui a influencé le rap d’aujourd’hui, c’est à dire notre génération, plus décomplexée. Le Rap Contenders a sûrement assis ça. Mais je pense qu’il y a aussi eu un changement côté musical. Il y a eu le retour du boom-bap après une grosse vague dirty. Mais même ça on s’en éloigne. Aujourd’hui, on tend pas mal vers l’électro. Moi-même c’est mon cas. C’est plutôt vers ce genre de choses que je m’oriente. Les choses planantes m’inspirent plus en ce moment. C’est là-dessus que j’arrive à construire mon identité. Et le boom-bap, on arrive de nouveau un peu à saturation. Un mec comme RezO [beatmaker de longue date, installé à Rennes, et qui a sorti deux projets l’an dernier, NDLR] est très fort et très branché boom-bap. Mais aujourd’hui, je ne lui prends plus qu’une prod’ par an.

A : Tu es sur son projet qui est sorti il y a quelques semaines, ainsi que sur le disque qu’il a réalisé avec K.Oni [Rappeur de Micronologie, NDLR].

P.S : Ouais ! C’est la famille. RezO, c’est un gros niveau. Je lui ai fait écouter tous les titres de mon album avant qu’il sorte. Il a fait pareil pour Réflexion [Album commun avec K.Oni sorti en 2013, NDLR]. Micronologie, RezO, KoolKal, ce sont des potes. On fait la teuf ensemble, on rappe ensemble, on se respecte musicalement tout en rigolant ensemble. Après on est chacun dans nos projets. Micronologie je les ai beaucoup écoutés. Et ces mecs-là, c’est vraiment l’exemple du truc décomplexé. Je les voyais comme ça. D’ailleurs, le titre « L’Anomalie » que j’ai enregistré en 2008, c’est vraiment ce que j’essayais de dire. À l’époque, il y avait encore ce vécu quartier, et moi je ne l’avais pas. Mais j’avais vraiment envie de rapper. Rien à foutre de venir du centre-ville, pas envie de devenir une caillera, contrairement à des rappeurs que le rap a rendu caillera, ou même qui deviennent caillera pour leur rap. Moi je n’ai pas voulu renier mon côté classe moyenne, petite ville. C’est dans ce sens-là que je me qualifie à plusieurs reprises d’anomalie. Et c’est cool, parce que ça correspond à l’idée d’identité dont on parlait tout à l’heure. Aujourd’hui, les gens reconnaissent ce que je fais. Après ils adhèrent ou pas, mais ils m’identifient.

A : Selon toi, le rap ne se mélange pas plus aujourd’hui ?

P.S : Je ne sais pas. Je ne pense pas trop. C’est compliqué. Si tu regardes un projet comme Le Gouffre, oui. Mais est-ce que la Scred ou le rap de Paris Nord c’est le genre de groupe auquel on pense quand on parle de rap caillera ? Je ne pense pas. Alors bien sûr, un truc comme Le Gouffre montre qu’il y a des rapprochements possibles. Mais quand on pense au rap caillera, on pensera peut-être plus à Kaaris, même si c’est un peu facile de le citer lui en ce moment.

A : C’est à des gens comme ça que tu penses quand tu parles des « pédophiles dont le son finira en sonnerie de téléphone portable, t’as vu » ?

P.S : [Il rit] C’est surtout le côté éphémère de ces titres gimmick qui rentrent dans la tête, tabassent tout dans les clips, sont passés en boucle dans les téléphones et même parfois au supermarché pendant deux mois puis disparaissent. Ce côté pédophile… [Pensif] Ce qu’il faut savoir, c’est que je n’ai pas peur de la contradiction. Ce morceau je l’ai écrit il y a deux ans, et aujourd’hui, je ne sais pas si je l’écrirais de la même manière. Je reste toujours avec une idée de défense du rap, mais je pense que je ne le vis plus pareil aujourd’hui. Je ne sais pas si je dirais encore pédophile par exemple.

« Dans le rap indé, il y a des discours qui pourraient parler au grand public. »

Mais puisqu’on en parle, prenons Kaaris. J’aime bien regarder Kaaris. Ces derniers clips sont propres, les prods sont très soignées, le gars a de la technique, je trouve ça très chiadé. En fait, je vois ça comme si je regardais un film de Tarantino : c’est un divertissement super abouti. Après, les jeunes l’écoutent-ils comme ça ? Est-ce que ça mérite aussi de prendre autant de place ? Je pense pas, et c’est là qu’est le débat. Et parallèlement, on ne sait pas bien ce qu’il y a dans la tête d’un Booba ou d’un Kaaris. Ils disent s’en foutre du rap, ils en parlent de manière très détachée, le présentent comme un business. Mais pour avoir le niveau qu’ils ont, pour sortir des clips tout le temps, il faut être un amoureux de rap et du travail. Quand tu as ce niveau, même si tu as un don, tu n’as pas le temps de jouer de la kalachnikov ou de dealer de la coke. Peut-être que dans leur entourage, dans leur vécu, il y a des mecs armés, des histoires, mais eux non. D’ailleurs pour Booba on sait tous qu’il s’est créé un personnage. Et à côté de ça, même si aujourd’hui on a une scène qui s’est décomplexée, ce n’est pas encore trop ce que les médias montrent. On est en France, ce n’est pas comme aux Etats-Unis. Les gros médias veulent montrer certains trucs. Ils ont encore et toujours quelque chose derrière la tête, et même s’il y a du mieux, on fait encore et toujours passer le rap pour une sous-culture. Chez Ardisson quand t’es un rappeur, on t’attend comme pour une embuscade, on te sort toujours les mêmes trucs. Dans la meilleure des situations, on te vendra comme un gangster tout en cherchant à te faire passer pour un gus. Et tu vois aussi que Kaaris chez Ardisson, il n’est pas à l’aise dans ce show business blanc. Après j’ai l’impression qu’ils s’en satisfont. Un mec comme Booba te dira qu’il s’en bat les couilles, que ça sert ses intérêts, qu’à partir du moment où on parle de lui, il vend des disques.

A : C’est tout de même moins pire qu’avant non ? Et puis, même si ça c’est mal passé et que ça sentait effectivement l’embuscade, on a pu voir 1995 chez Ruquier par exemple.

P.S : Oui, peut-être, et de toute façon, tout ça, pour des gens comme toi ou moi ce n’est finalement pas si grave. Mais si je prends mes parents, voilà ce qu’ils voient du rap. Alors quand ils voient Stromae, ils trouvent ça du coup formidable. Mais quand t’y réfléchis, est-ce que dans le rap indé, il n’y a pas des discours qui pourraient être grand public, populaires ? Moi je pense que oui. Alors c’est sûr, il n’y aura jamais le paquet mainstream, gros son, et d’ailleurs, s’il y avait ça, ce ne serait plus de l’indé. Mais je pense que quelque part, le potentiel est là. D’ailleurs, Stromae, plein de gens disent que c’est chant-mé, qu’il a une identité, qu’il est fort et tout, ce que je pense aussi. J’ai entendu Vidji du groupe Fixpen Sill se questionner sur pourquoi il chantait sur de l’électro-club, est ce que c’était pour que ça marche ? Je ne saurais pas répondre à cette question, mais si ça se trouve il aime réellement ça. Mais on se demande quand même pourquoi il fait sa musique sur un son club. Plein de gens sont persuadés qu’il le fait pour que ça marche. Mais si ça se trouve, il aime simplement ça. Le problème c’est qu’en France on n’a plus de grands chanteurs comme on a eu des Brel, des Gainsbourg. C’était populaire, ils étaient grand public. Aujourd’hui on a perdu ça et du coup, dès qu’un mec aujourd’hui se ramène avec du talent, on dit qu’il fait de la soupe, de la musique au rabais ou de l’électro de club. C’est vrai que les instrus de Stromae, parfois, c’est la fête foraine [Rires]. Mais est-ce qu’on peut aujourd’hui avoir des artistes grand public, comme on en a eu avant, sans d’un côté partir dans des caricatures, et de l’autre dans procès d’intention, sans dire « ouais, c’était mieux avant » ?

A : À propos de « mieux avant », sur plusieurs de tes morceaux, tu es fâché avec les puristes aussi.

P.S : Ça m’est arrivé de rencontrer des mecs qui me disaient « ouais, t’es pas conscient, t’es pas underground« . Mais tant mieux mec ! T’existes déjà, heureusement que je ne suis pas comme toi. La Rumeur existe, moi je viens faire du Pepso. Pourquoi il devrait y avoir un rapport ? Ça m’a fatigué ça. Avec les puristes, tu dois toujours te justifier. Ton discours doit être raccord avec et durant toute ta vie. Mais attends, on a le droit de se tromper, d’évoluer, de revenir de certaines expériences. Et comme je te disais tout à l’heure, il y a les puristes qui sont chez eux, jouent à la playstation, et qui te disent que ton rap il n’est pas conscient parce que tu ne parles pas du système comme-ci et de la planète comme-ça. Mais je n’y connais rien moi ! Je ne sais même pas comment il fonctionne réellement le système aujourd’hui ! Et franchement, ça ne me captive pas des masses. Je préfère les vies personnelles, les existences. Est-ce que j’ai tort, est-ce que j’ai raison ? C’est même pas le sujet, c’est une question de goût. Je ne critique pas les rappeurs conscients. Et enfin t’as les puristes qui sont devenus des cailleras qu’à partir du moment où ils se sont mis à rapper. Je caricature un peu, évidemment. Et j’ai écouté du rap de Paris Nord ou La Rumeur, j’ai sincèrement aimé ça. Et c’est d’ailleurs ça qui est chiant : chez les puristes, tout doit être bien cloisonné, faut surtout pas se mélanger et dès que tu fais quelque chose d’autre, ils te tombent desus. Mais il n’y a pas d’interdit. Il y a plusieurs publics, plusieurs artistes, tu peux passer de l’un à l’autre sans te contredire…

A : Dans ton disque, tu parles « d’une génération désabusée qui ne lève plus le petit doigt de peur d’y arriver ».

P.S : C’est rétrospectif cette phrase. Il y a eu un moment où je ne foutais rien : pas de taf, pas d’études, pas de projets. Je sortais avec une fille et je vivais chez elle. Elle, elle trimait comme une dingue : les cours, le boulot à côté, plus tout ce qu’il y a à gérer au quotidien. Elle devenait folle, me disait de me bouger, et moi, ça a été six mois pendant lesquels j’ai loqué. Il y avait ce côté sans espoir, sans ambition que tu peux souvent retrouver chez pas mal de jeunes. J’ai un certain nombre de potes qui sont comme ça, et ça te touche très vite en fait. Tu te contentes de ton RSA, de sortir boire des bières, et puis c’est tout. Le reste, tu l’esquives, tu ne veux même pas essayer. C’est un peu symptomatique de notre génération : on a pas mal de choses à portée de main, on n’est pas obligés de travailler pour toucher un peu de blé. Avec ce peu de blé, tu te débrouilles pour te mettre des races et puis c’est tout. On est assez libres de nos faits et gestes, on se débrouille, et au final, on s’en contente sans chercher rien de plus. Pour moi, ce mode de vie devient très vite une prison invisible et c’est ce que j’ai voulu décrire dans morceau qui s’appelle d’ailleurs « Comme un Lundi », parce que tu rentres jamais dans ta semaine, tu n’en sors jamais non plus. C’est une espèce de zone de transit permanente dans laquelle tu squattes. Tu végètes, tu erres, les jours de la semaine n’ont aucune importance, aucun sens, tu te réveilles de tes quatre jours de teuf, tu vas loquer le lundi avant de repartir en apéro dès le mardi… C’est un peu symptomatique de notre génération. Personnellement, j’ai été comme ça, mais aujourd’hui, c’est quelque chose qui ne me convient plus. Et pourtant, je trouve quand même une beauté là-dedans, une nonchalance, quelque chose qui a une esthétique. C’est aussi pour ça que je te disais tout à l’heure que je compartimentais ma vie. Quand je vais à Rennes par exemple, je recherche ça : ce côté vagabond, bucolique. Tu ne dépends plus forcément du temps, de la réalité, de ce que t’impose le système, et c’est là que tu trouves un peu le côté rêveur. Si tu as tout fait, tu ne rêves pas. Et à l’inverse, quand t’as les jambes coupées par une cuite, le portefeuille jamais rempli, et que tu te poses à un endroit, c’est là que tu rêves. J’aime travailler là-dessus, un peu sur terre, un peu dans l’espace. [Rires]

A : Tu samples Le Péril Jeune sur Voir la Lune. Au-delà de l’esthétique du film, le disque a un peu cette idée de jeunesse à la fois épicurienne et un peu dés½uvrée. Tu n’as pas eu peur d’enfermer le disque là-dedans ?

P.S : Peut-être, je ne sais pas, je ne me suis jamais vraiment posé la question. D’un côté, ça allait simplement bien avec le morceau. De l’autre, je voulais retrouver ce côté où on sample beaucoup de films. Sauf que ce sont souvent des films de mafieux ou d’Audiard par exemple. Je voulais un peu autre chose. Et c’est un film qui a beaucoup marqué ma génération, sûrement même plus la partie non rap d’ailleurs. Beaucoup de gens qui m’écoutent ne sont pas forcément issus du public rap que l’on a un peu tendance à représenter, mettre en avant, décrire. Je voulais un peu parler à ces gens qui ont vu ce film. Et puis au lycée, entre potes, on matait tout le temps Le Péril Jeune. Et je suis un rappeur, j’adore ce côté sampleur de film, mais je suis un rappeur français, je ne me vois pas sampler du De Niro. C’est un peu comme quand j’ai samplé Philippe Katerine au début d’un titre, parce que c’est un mec qui me parle. Cette folie que l’on retrouve chez certains artistes français, qu’il pouvait y avoir chez un Gainsbourg. Je trouve ça intéressant et ça marque une différence, le côté anomalie dont on parlait tout à l’heure. Tu prends une technique traditionnelle, connue, peut-être même un peu usée, mais en terme de contenu, tu fais le contre-pied. Et puis dans ce sample du Péril Jeune Tomasi est perché sur son panneau de basket, parle de filles. Ça collait bien avec mon univers. Ça peut faire ressortir le côté antihéros, mais c’est très assumé, autant que le côté rétrospectif de l’album. Ça fait partie de mon identité, et c’est aussi un peu la vie c’est à dire un mélange de qualités et de défauts. Je suis un peu mou, introverti, mauvais en sport, mais à côté, je suis entreprenant, j’aime rapper, je sais faire tel ou tel truc. J’aime développer ces aspects de ma personnalité. Des fois, tu as des moments où tu es super satisfait de faire du rap, de ce que tu produis et de ce qui t’arrives dans le milieu. Et d’autres fois, tu déprimes. J’essaie de travailler là-dessus, d’écrire sur des moments d’émotions.

« Sampler Tomasi dans Le Péril Jeune, perché sur son panneau de basket en train de parler de filles, ça collait bien avec mon univers. »

A : Ton disque a un rapport fort à la sexualité, et en des termes qu’on ne retrouve pas souvent dans le rap : ni complètement dans la vulgarité, ni complètement dans l’humour, pas vraiment dans la séduction non plus, mais plus par images sexuelles et désir. Sans le côté péjoratif que peut englober ce terme, est-ce que ça a un côté un peu psychanalytique, description des rapports hommes/femmes ?

P.S : [Il rit, surpris] Je ne me suis jamais posé la question.

A : Une phrase qui m’a marqué par exemple c’est « Découvre la lune céleste, plume légère plantée dans son vagin ». Et en fait, si elle m’a marqué, c’est qu’autant j’en ai entendu des rappeurs parler de cul, autant je crois que c’est la première fois que j’entendais un rappeur associer ce vocabulaire et ce genre d’images. Finalement, le rap parle souvent de sexe, mais en général, c’est plus testostérone et vulgarité, ou alors très dans le sous-entendu lover.

P.S : Ah oui, je vois la phase. Je trouvais ça beau. Psychanalytique, je ne sais pas, mais poétique, ça oui sûrement. La sexualité est un sujet hyper intéressant. J’ai aussi eu une relation qui m’a beaucoup inspiré. On s’est séparé et remis ensemble beaucoup de fois, c’était compliqué, ça l’est même encore aujourd’hui. Ça m’a beaucoup inspiré. J’ai eu un parcours… Avec elle, j’ai l’impression d’avoir vécu quelque chose d’unique, qui ne nous appartient qu’à tous les deux. C’est l’une des rares fois dans ma vie où j’ai eu cette impression en termes de vécu, de connexions qui se font. La sexualité, c’est aussi ça, quelque chose qui n’appartient qu’à deux personnes avec des moments suspendus. Dans la sexualité, j’aime bien ce côté instantané, l’orgasme qui est un peu un instant où tout s’arrête, où tout devient intemporel. Je trouve que c’est une belle métaphore avec le côté lune, abandon, errance. Ce côté rapport humain unique dont je te parlais, hors du temps, hors de la couche terrestre, dans les étoiles où tu te découvres toi-même tout en appartenant un peu à l’autre. C’est vraiment connecté avec mes autres thèmes. C’est aussi ce que je recherche.
Après, en terme de vocabulaire, c’est peut-être ce que m’inspirent les femmes, pas forcément uniquement celles avec qui j’ai une relation. Tu me dis qu’au final, ça t’interpelle plus d’entendre vagin sur un titre de rap que chatte, mais je trouve ça moins vulgaire.

A : Je ne dis pas que c’est vulgaire ni choquant, c’est juste inattendu et pas commun en fait.

P.S : Oui, je comprends. Peut-être que c’est psychanalytique au final [Sourire]. Mais j’ai toujours ce côté où je veux que ce soit écrit d’une certaine façon, et ce genre de choses en fait partie. Pendant longtemps je n’ai jamais voulu écrire de chansons d’amour. Je trouvais ça tout nul dans le rap français. Même des potes à moi qui rappent vachement bien, quand ils me sortaient un texte style chanson d’amour j’étais là : « mais non ! » Aujourd’hui, je suis vachement plus décomplexé là-dessus, j’en parle beaucoup plus. Le prochain CD en parlera beaucoup d’ailleurs. Il y aura une bonne part sur la sexualité. Aujourd’hui, j’aime beaucoup être avec des femmes, je les trouves très inspirantes, et j’ai souvent des coups de foudre. Même si je reste encore un peu marqué par la relation dont je te parlais. Et dans notre génération, je trouve le rapport homme/femme super complexe mais super intéressant. Sans dire que les femmes ont pris le pouvoir, je trouve quand même les hommes un peu perdus. Et la société a un côté de plus en plus androgyne. Les femmes ont pris leur place, leur indépendance, et tu vois que comparé à la génération de nos parents ou de nos grands-parents, les hommes sont un peu paumés face à ça. Même par rapport à ce qu’on a vu dans notre background culturel, des films, tout ça. Ce rapport m’intéresse. Y a peut-être une psychanalyse, qui n’est pas forcément que la mienne d’ailleurs.

A : Pour terminer, tu dis « les gens sont des esclaves modernes, ternes, qui cliquent sur j’aime sans savoir ce qu’est l’amour, Damn ! »

P.S : Ouais. J’ai trouvé cette phrase super simple, presqu’un peu conne, mais en même temps assez juste. Internet est beaucoup dans les rapports humains aujourd’hui, mais ce n’est pas le rapport humain. Ça clique sur j’aime de partout, c’est la mitraillette de bisous. Moi je préfère les vrais bisous. Mais c’est surtout qu’on s’attache beaucoup à ça, nous les rappeurs, artistes, même sûrement vous dans les magazines, les sites internet. Tu mets un truc en ligne, t’es à fond, tu comptes les likes, tu vas presque voir toutes les cinq minutes comment ça tourne. C’est fou tout cet amour sur internet. [Rires]

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