Interview

mr teddybear

Metteur en son remarqué de Psykick Lyrikah première version, mr teddybear – en minuscule comme le « m » de modeste – avait quasiment disparu des écrans radar depuis. La sortie discrète, le 26 avril 2010, de son album solo Huis clos était l’occasion de prendre de ses nouvelles. Interview haïku.

Photographie : Cyril Zannettacci

Abcdr Du Son : Commençons par les questions qui fâchent. Tu t’es fait connaître à l’époque de Psykick Lyrikah. Puis ton nom est apparu sur le projet Kamasoundtracks, et après plus rien ou presque. Que s’est-il passé ?

mr teddybear : Il s’est passé une chose très simple. J’ai failli laisser tomber la zic.

A : Pourquoi ?

T : L’expérience Psykick a laissé des traces. En positif comme en négatif. En positif parce que sans ça je n’aurais jamais bougé mon cul. Je faisais déjà du son avant, mais là ça m’a poussé à me structurer, à avancer…

A : Et les traces négatives ?

T : Tu parlais de sujets qui fâchent, eh bien dans les instrus de l’époque Pyskick il y a pas mal de sujets qui fâchent. Des trucs refoulés, intérieurs, qui sortent mais pas de gaieté de cœur… C’est une expérience qui m’a un peu violenté [Sourire].

A : Mais tu les a sorties quand même, ces instrus ?

T : Oui, mais c’était à force de discussions, ça n’a jamais été simple. J’étais moins mature aussi.

A : C’est l’une des explications de votre séparation ? Arm me parlait aussi du rapport à la scène, tout ça…

T : Oui, oui… Au fond nous n’en avons jamais vraiment parlé. Il y avait aussi le fait que nous ne partagions pas le même rapport à la musique. Lui voulait vraiment se lancer à balle dedans, alors que pour ma part je préférais garder une distance, avoir un boulot à côté pour ne pas être totalement immergé. Il faut une certaine force pour se lancer à fond dans la musique. Moi j’aurais vécu ça comme une baston. Je pense que ça m’aurait fait du mal.

A : Ce que tu dis là, tu l’analysais aussi clairement à l’époque ?

T : Non, j’ai mis du temps à mettre tout ça en mots. Je ne le formulais pas, tout simplement.

A : Tu fuyais le sujet ?

T : Un peu, sans doute. C’est clair que ce n’était pas une fin très assumée.

A : Il y a eu une décision de se séparer ou l’éloignement a été progressif ?

T : En fait je suis parti à Paris pour le boulot. Du coup bosser à distance, lui à Rennes, moi à Paris, c’est devenu chiant. Sur des projets annexes, tu peux tenir. Mais quand c’est ton projet principal, la distance c’est chaud.

A : D’autant que vous n’êtes pas le premier duo à avoir été confronté à cette donnée-là…

T : Oui, je crois que c’est aussi ce qui est arrivé à Hustla. Je ne connais pas les détails de l’histoire entre Grems et Le Jouage mais je crois que ça y ressemble.

A : Est-ce le destin des duos d’artistes que de devoir un jour splitter ? Mieux vaut-il rapper seul que mal accompagné ? Y’a-t-il trop de non-dits ? Dans les couples ceux qui durent sont souvent ceux qui savent le mieux se parler…

T : Oui et non. Dans les relations humaines, je distingue l’amitié, l’amour et la musique. La musique, c’est hybride. Autant l’amour, j’ai vaguement une idée de comment le définir, autant la musique, je crois que je n’aurais pas trop de ma vie pour y arriver [Sourire]. Pour le reste, la communication c’est la clé, c’est vrai.

A : Justement, comment communiquiez-vous, Arm et toi, sur cette période ?

T : Essentiellement par téléphone. Mais il n’y avait déjà plus la flamme… C’était pas « loin des yeux loin du coeur » mais quelque chose dans le genre.

« C’était une histoire musicale, je devais la solder en musique. »

A : Et aujourd’hui, vous envoyez-vous des messages par albums interposés ?

T : Oh, il y a certainement des indices effectivement dans nos travaux respectifs. J’ai écouté distraitement les derniers projets de Psykick. Il m’a semblé déceler des clins d’œil à cette époque, mais rien de fait exprès, je pense. Dans mon disque aussi il y a forcément des trucs de ce genre, mais si c’est le cas c’est vraiment l’inconscient qui aura parlé.

A : Vu que vous formiez un duo, pourquoi le nom Psykick a-t-il survécu à ton départ ? 

T : Parce que ce nom était son idée. Je ne te cache pas que j’ai mis longtemps à le digérer, et c’est normal. Avec le recul, je me suis souvenu que Cypress Hill aussi a survécu à des départs, des retours. Arm est dans cette optique-là et je crois au final qu’il a eu raison. Pour ma part, à ce moment-là, l’idée était aussi d’asseoir mon pseudo…

A : D’ailleurs ça vient d’où, mr teddybear ? La première fois que je l’ai entendu, j’ai pensé à William du Loft. Tu te souviens ?

T : William du Loft ? C’est qui, ça ? [Rires]

A : Tu sais, le candidat de Loft Story saison 2 qui se baladait toujours avec sa couette sur l’épaule…

T : Ouiii… Tu sais que ce mec était dans mon lycée ? C’est un Manceau et il s’appelle pas William, sache-le [Sourire].

A : Dac. Et donc ton pseudo ? Un rapport avec une forte propension au sommeil ?

T : Je change à chaque fois d’explication, si tu veux tout savoir [Sourire]. Mieux vaut ne pas en donner parce que ce serait fumeux. Par contre c’est cair que ce pseudo me colle à la peau. C’est ma signature.

A : Pour en revenir à la séparation – pardon de remuer le couteau dans la plaie mais tant qu’à le remuer enfonçons-le jusqu’à la garde [Sourire] -, est-il facile de couper le cordon ? Faut-il du temps pour être à nouveau créatif ?

T : A mon niveau, c’est clair. Il y a eu un vrai creux.

A : La question n’est pas anodine. Dans Huis clos, il y a plusieurs morceaux où mon oreille d’auditeur attend la voix de Arm. L’instru commence et…

T : Et… non [Sourire]. Plus sérieusement, Huis clos c’est ma manière de solder cette période de ma vie. Je suis quelqu’un de pragmatique. Je n’aime pas démarrer un projet si j’en ai d’autres en souffrance. En soldant cette période, je me donne la possibilité d’être réceptif au reste. C’était une histoire musicale, je devais la solder en musique. Le fait de le matérialiser par un disque ajoute un côté concret. La page est tournée, je peux me recentrer.

A : L’album s’intitule Huis clos. As-tu un fonctionnement autiste lorsque tu élabores un morceau ?

T : Complètement. Tant que je ne l’estime pas terminé, je ne le fais pas écouter. En tout cas, je ne le fais pas écouter par hasard. Si je fais écouter mon « brouillon », c’est à un musicien et pour qu’il bosse dessus.

A : Huis clos comporte neuf titres. Il y a eu du déchet ?

T : En fait, j’ai commencé par faire le ménage dans mon disque dur. De réécoutes en choix, il en est resté ces neuf morceaux et je me suis dit : c’est parti.

A : Combien de temps as-tu passé sur ce disque, sachant que certains morceaux sont anciens ?

T : Du moment où j’ai décidé de me lancer dans l’album au moment où je l’ai estimé achevé, il s’est écoulé six mois. Après il y a eu un an et demi pour bien faire les choses, notamment la pochette et le livret. L’objectif n’était pas médiatique donc nous pouvions nous le permettre. L’important, une fois encore, c’était d’être cohérent.

A : Un an et demi pour poser en masque à gaz devant une tapisserie ?

T : Non, il n’y avait pas que ça [Rires]… Pour la tapisserie, je voulais créer un lieu. J’ai pris une plaque de bois et j’ai collé la tapisserie dessus, chez moi. Je voulais que le huis clos soit vivant, qu’il existe.

A : Es-tu satisfait du résultat final ?

T : Complètement… Après, en le réécoutant, je me suis dit que l’album finit quand même bien, et du coup j’ai presque regretté de ne pas m’être malmené plus que ça. Maintenant, si c’est cohérent comme ça, il ne faut pas non plus forcer le destin.

A : As-tu l’intention de le défendre sur scène ?

T : Oui. Ça va me prendre un peu de temps mais je suis décidé, oui.

A : Davantage qu’à l’époque Psykick ?

T : Carrément. J’ai surtout moins la trouille. Ce n’est pas évident car c’est un univers très mental, et je n’ai pas commencé la musique pour la montrer aux gens [Sourire]. J’ai commencé la musique pour faire des jolis trucs, et la défendre sur scène n’était pas ma priorité. Aujourd’hui, c’est différent, d’autant que nous avons fait une petite résidence avec Dezordr où j’ai pu constater que quand tu joues ton morceau en public, celui-ci prend une autre dimension, c’est indéniable. Et puis tu libères quelque chose. Ce serait se mentir que d’affirmer que tu ne vibres pas.

A : Quid justement du label Dezordr ? C’est une suite de Kamasoundtracks ?

T : C’est ça. C’est une idée de Cyril d’Audioclockers. Moi j’ai pris le train en route. Ils ont monté ça avec Weedafresh, avec l’intention de mêler label, collectif et plaisir. Faire sérieusement mais sans pression. Moi je voulais un cadre et c’était le cadre idéal.

A : Et le dénominateur commun entre vous, c’est quoi ? Le fait que chacun d’entre vous bosse à côté ?

T : Ouais c’est ça. Nous avons tous un boulot, il n’y a pas de musicien professionnel.

A : Niveau matériel, tu bosses avec quoi ?

T : Hin hin, est-ce que je le dis ou pas [Sourire] ? Plus sérieusement, il n’y a rien d’extraordinaire. Je bosse au clavier, sampler, ordi – surtout ordi. Mais ce ne sont que des outils. Je ne me gargarise pas des masses de ce genre d’aspects.

A : Tu as suivi une formation musicale ?

T : Oui mais c’est vieux. Ça m’a apporté une oreille musicale, c’est tout.

A : Tu peins aussi…

T : Oui, je fais ça en dilettante, comme la photo. Je fais mes classes, c’est pas encore très adulte, d’autant que je n’ai pas encore vraiment de thèmes de prédilection.

« J’aime les gars qui essaient de pousser l’expérience un peu plus loin. Ceux qui se malmènent, qui cherchent, quitte à tomber parfois à côté de la plaque. »

A : Quelles sont tes influences ? Je t’ai entendu citer Set Fire To Flames, un groupe issu de Godspeed You! Black Emperor…

T : Oui… C’est pas vraiment un groupe. C’est plutôt une formation commune rassemblant divers éléments de la constellation Godspeed… Après la fin de Psykick, je me suis dit que j’aimerais bien partir dans ce genre de délire. Dans leur album, tu ne sais jamais sur quel pied danser. Sur le deuxième CD, il y a même des moments où il n’y a plus du tout de musique, que des bruits… Tu le poses dans ta platine et zou ! t’es projeté. J’aime bien cette idée là, oui.

A : Marrant… Tu connais Ludwig Von 88 ?

T : Ouais ? 

A : Ils avaient fait un morceau qui s’intitulait « Le chant des carpes », dans lequel tu avais, de mémoire, 3’40 de silence…

T : [Il se marre] John Cage a fait un morceau comme ça aussi. Il a les mains au-dessus du piano pendant un concert et il joue sans toucher le piano… Après, pour en revenir à Godspeed, j’aime beaucoup ce qu’ils font mais leur protectionnisme, le contrôle absolu de leur image, cette exigence de n’accorder des interviews que par mail, c’est peut-être too much… N’empêche que ce collectif reste pour moi une grosse influence, oui.

A : Il y en a d’autres ?

T : D’une façon générale, j’aime les gars qui essaient de pousser l’expérience un peu plus loin. Ceux qui se malmènent, qui cherchent, quitte à tomber parfois à côté de la plaque. Hier j’ai acheté Outside de David Bowie, produit par Brian Eno. C’est exactement ça.

A : Les autres musiciens qui interviennent sur Huis clos sont aussi dans ce trip-là ?

T : Oui, le guitariste, par exemple, m’a fait découvrir Neurosis et sa formation annexe, Isis. C’est du métal avec ses grosses tensions.

A : Tu es un gros consommateur de musique ?

T : Oui, je passe du temps dans les médiathèques et les magasins de disques, c’est clair.

A : Tu télécharges ?

T : Ouais… Je télécharge beaucoup de conneries que je ne trouve pas forcément ailleurs. J’aime les blogs de mecs qui numérisent leurs vinyles. Souvent tu tombes sur des trucs complètement aberrants…

A : Genre ?

T : Genre j’ai trouvé la B.O. d’un film qui s’appelle Au-delà du réel, l’histoire d’un gars sous LSD qui fait des expériences dans un caisson rempli de flotte. J’aime ce genre d’ovnis.

A : Tu t’orientes donc vers des albums d’ambiance ?

T : Des morceaux narratifs, je dirais plutôt. J’aime bien l’ambient et les musiques de film – j’en écoute beaucoup, autant dans les morceaux composés pour les films que dans ceux ajoutés aux B.O. C’est comme ça par exemple que j’ai découvert Györgi Ligëti sur Eyes wide shut

A : Ah oui, le piano stressant…

T : Voilà, les séquences tarées au moment où tu rentres dans le manoir avec les allumés qui baisent avec leur robe en satin. Du coup j’ai chopé ses œuvres à la médiathèque, c’est… une expérience.

A : Et niveau rap, tu te tiens au courant ?

T : Pas des masses. J’écoute toujours mes vieilles conneries, Wu-Tang, Gang Starr, El-P, Company Flow…

A : Fais-tu partie de ces gens qui écoutent moins de musique à compter du moment où ils ont eux-mêmes commencé à en faire ?

T : C’est très possible, oui. Je ne rechigne jamais à me repasser un vieux Mobb Deep, tu vois. En revanche, les trucs plus récents j’ai davantage de mal… C’est là que Dezordr a eu son importance. Lorsque nous avons commencé nos sessions, nous nous sommes rendus compte qu’en fouillant le Net tu retrouves des mecs animés par cette énergie, cette envie. Quelque part ça m’a rassuré.

A : Les sorties Neochrome, tout ça, ça te parle ?

T : C’est pas trop mon délire, non… Ah si, dans un autre registre, l’autre fois j’ai écouté Dante d’Abd Al Malik, et j’ai été étonné. Il y avait des passages vraiment intéressants. Je ne sais pas si ce n’est pas chez vous d’ailleurs que j’ai lu une chronique de ce disque. Je trouvais dommage qu’elle insiste davantage sur le négatif que sur le positif car je trouve que, à propos de ce disque, les deux valaient le coup d’être abordés. OK il y a des moments « kitschous », agaçants, tout ce que tu veux, mais en même temps c’est couillu d’oser ça aujourd’hui.

A : Abd Al-Malik laisse rarement indifférent…

T : Oui et tu vois, dans ces moments-là, ces moments où je me permets d’émettre un jugement, je ne peux pas m’empêcher de me trouver arrogant. C’était déjà le cas au début de Psykick, hein. Nous étions  un peu deux trous du cul par moments, et en même temps c’était presque un passage obligé, une façon adolescente d’exister. Nous n’étions pas tout à fait dans le « Moi je sais, toi tu ne sais pas« , mais pas loin… Si je dois retenir une chose de ces quelques années, ce serait ça : le rap est un milieu où, si tu n’es pas modeste, c’est foutu. Mieux vaut être cohérent que prétentieux. Si t’es honnête avec toi-même, tu seras plus facilement honnête avec les autres. Et vice-versa.

A : Peux-tu revenir sur ton parcours ?

T : J’ai commencé ado à faire du son, sur un Mac pourri – ‘fin, un Mac qui était très bien à l’époque, hein…

A : Le Mac avec l’écran tout petit, là ?

T : Non, non. C’était un Mac familial. J’avais un shareware avec un son par piste, une touche Play et hop ! De fil en aiguille, j’ai commencé à élaborer des morceaux. J’en ai même passé un sur Radio Alpha, une radio du coin. Là-dessus je suis arrivé à Rennes… J’aimais créer des ambiances, une trame fictive, avec des influences du style DJ Shadow, The Cure, des groupes français de dark wave bizarre genre The Grief, Trisomie 21…

A : Programme ?

T : Non. Alors Programme je les ai découvert bien après, à force de voir Psykick comparé à eux. Je ne connaissais pas ! 

A : C’est à ce moment que tu as attaqué la radio ?

T : Voilà. Avec un pote nous avons monté une émission de musique sur Radio Campus Rennes. Mon pote était branché musiques extrêmes, moi je lançais l’émission avec des morceaux plus cool genre post-rock, abstract hip-hop. C’est sur cette émission que nous nous sommes rencontrés avec Arm.

A : Raconte…

T : Je venais de passer un morceau à moi, sans le dire. Il a aimé et a appelé hors antenne pour savoir ce que c’était. Quand je lui ai dit que c’était moi, il a débarqué direct.

A : Il était à l’affût !

T : Oui, il était au taquet. En fait, il cherchait un beatmaker. C’était en 2001, j’avais 19 ans. Du coup avec Arm nous avons rapidement décidé de nous atteler à un projet. Nous trouvions vain de faire du son pour faire du son. Il nous fallait un but.

« Je ne crois pas en la musique savante, à part le sériel que nous faisons à l’IRCAM. Les gens m’intéressent davantage que leur culture musicale. »

A : Vous êtes donc partis sur Lyrikal teknik…

T : Oui, une K7 qui a étonnamment bien marché. DJ Remo avait apporté plein de contacts de Bordeaux, et puis il y a eu une émulation certaine entre Arm et moi… Nous avons même enchaîné avec des concerts au MiniDisc, etc. C’est à cette occasion que nous avons rencontré les gens d’Idwet…

A : Qui est encore le label de Psykick aujourd’hui…

T : Voilà. Eux voulaient faire quelque chose autour de la cassette, nous nous voulions repartir sur autre chose. C’est ainsi qu’est né Des lumières sous la pluie.

A : Vous attendiez-vous à un tel succès d’estime ?

T : Pas du tout. Il faut reconnaître qu’Idwet a bien bossé. Ils ont bien pensé en amont la promo. Ils ont fait un travail carré. Il faut dire que nous étions nombreux à l’époque.

A : Que sont devenus les uns et les autres ?

T : Abstrackt Keal Agram a splitté. Il y en a un qui est clavier dans Yelle, l’autre qui fait Fortune – il fait fortune, quoi [Sourire]. Eux étaient bien plus avancés que nous en tant que groupe, nous avions beaucoup d’accointances. C’était des mecs de Morlaix, une ville où il y a une vraie scène musicale.

A : Tiens d’ailleurs, un mr teddybear, ça va beaucoup en concert ?

T : Pas trop [Rires]. Je suis plutôt pépère, et j’ai souvent peur d’être déçu. Je me suis fait Les Vieilles Charrues une fois où il y avait Ninja Tune, Panorama… Do Make Say Think, c’est différent ; c’est vraiment le genre de son que j’ai envie de voir sur scène. En plus c’était à la Maroquinerie qui est une très bonne salle.

A : Estimes-tu parvenir à partager autant que tu le voudrais toute la musique que tu ingurgites ?

T : Paradoxalement, je me sentais davantage seul à l’époque de Psykick. J’avais vraiment faim de croiser des gens sur la même longueur d’onde que moi, avec les mêmes références… Aujourd’hui c’est différent. La musique c’est pour tout le monde. Je ne crois pas en la musique savante, à part le sériel que nous faisons à l’IRCAM. Les gens m’intéressent davantage que leur culture musicale. Les musiques qui font écho en moi le font pour deux raisons : par esthétisme ou pour ce que j’ai dans le cœur. Partant de là, ce serait con de jouer à l’élitiste en quête de son semblable.

A : Quels sont tes projets ?

T : Avec les deux zigotos qui m’accompagnent – Benjamin Helou « Mantys » à la guitare et Alexandre Argouarc’h à la basse -, nous avons commencé à travailler sur un projet de B.O de film, et puis le tournage s’est interrompu… Nous avons d’autres trucs en tête, mais l’expérience m’a appris qu’il va nous falloir nous décider vite, car une trop longue attente peut tuer notre envie. Nous avons déjà un vécu de deux ans…

A : Tu disais au début de cet entretien que c’est en partant à Paris pour le boulot que s’est produit le premier tournant des années Psykick. Dans quoi bosses-tu exactement ?

T : Je bossais dans le cinéma. J’aimais mon métier mais pas les gens avec qui je bossais. Du coup je me suis tiré, je suis passé par la case chômage et là aujourd’hui je bosse dans un domaine qui a du sens. Ça me va [Sourire].

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