Infinit
Diamond in the Rough

Infinit

Pépite du label D’en Bas Fondations la structure créée par Veust Lyricist et Luc-Arthur Vébobe, Infinit fait partie des rappeurs qui ont agité le début d’année 2013. Rencontre avec un rappeur en phase avec son époque.

Photographie : Draft Dodgers

Comme on vous avait déjà dit tout le bien qu’on avait pensé de Ma vie est un film, dernier projet en date d’Infinit, on ne pouvait pas passer à côté de son récent passage à Paris. Venu entre autres pour représenter son 06 lors du dernier Planète Rap de Seth Gueko, Infinit a pris le temps de boire un café avec nous juste avant de filer dans un train pour Marseille. Vingt minutes d’échange qui se sont déroulées comme un morceau du bonhomme : sans prise de tête et avec le sentiment que le moment aurait dû être encore prolongé.


Abcdrduson : Comme beaucoup, je t’ai découvert avec Ma vie est un film mais je sais que tu rappes depuis un moment. Est-ce que tu peux revenir sur ton parcours ?

I : J’ai commencé le rap il y a dix ans mais de manière très irrégulière. J’ai gratté un premier texte, un deuxième un ou deux ans après… Ensuite, il y a eu des ateliers d’écriture dans la maison de quartier de ma ville et c’était animé par Veust [NDLR : Veust Lyricist]. Pour moi, Veust était vraiment le grand de chez moi qui faisait du son. Comme tous mes potes s’en battaient les couilles de la musique, j’y suis allé et on s’est connecté. Deux ans après, je suis rentré chez D’en Bas Fondations, j’ai fait les concerts avec eux, j’ai rappé sur leur première compilation Sud-est sale… D’en Bas Fondations a été créé par Veust et Luc-Arthur Vebobe [NDLR : célèbre basketteur français qui évolue actuellement à Cholet]. Ce sont deux amis d’enfance et ils ont monté ça quand Veust est sorti de la Cosca.

A : Tu as vu un avant et un après Ma vie est un film ?

I : En fait, j’avais sorti HDS Vol.1 en novembre 2011 qui était un premier projet gratuit. C’était un peu moins structuré parce qu’il y avait plus de faces B, de freestyles… Là, j’ai clairement vu une différence, oui. Je suis content parce que comme les trois-quarts des gens ne me connaissent pas encore, c’est bien que mon son tourne. Je vois des première retombées. Ce soir, par exemple, je descends à Marseille pour un concert. Les gens commencent à m’identifier et à me proposer des choses. Même dans le milieu artistique, il y a plein de rappeurs qui ont validé le projet et qui l’ont fait tourner.

A : On a notamment vu une vidéo où Seth Gueko parlait de toi en des termes très élogieux. Comment est-ce que la connexion s’est faite ? Il y parlait également de t’inscrire au Rap Contenders.

I : La connexion s’est faite par rapport à Jason Voriz et Cody Mcfly. Jason et Mcfly passent la moitié de leur temps en Thaïlande et ils se sont retrouvés avec Seth dans le délire de faire des morceaux en Thaïlande, d’utiliser des mots thaïlandais… Ils sont devenus potes et ça a découlé sur moi.
Déjà, ça booste d’avoir le parrainage de Seth Gueko. C’est quand même quelqu’un qui a une bonne carrière derrière lui, qui a sorti plusieurs projets, qui doit être un des plus gros vendeurs de disques dans le rap français… C’est cool et ça veut dire qu’on est sur la bonne voie. Par rapport à Rap Contenders, je m’étais déjà dit que ça pourrait être intéressant de le faire. À la base, les clashs ne sont pas mon délire mais étant donné que c’est devenu une sorte de tremplin, je me suis dit pourquoi pas. Il y a une vraie émulation autour de ça et si j’y vais en faisant une bonne prestation, ça sera forcément un plus. Après, il y aura une pression mais tant mieux, je n’aime pas me reposer sur mes lauriers.

A : Il y a une nouvelle vague de rappeurs qu’on identifie souvent comme étant la « génération Rap contenders ». Celle-ci cite souvent Time Bomb comme référence ultime. Quelles sont tes influences ?

I : Justement, les gens ont souvent comparé les rappeurs de ma région avec l’école Time Bomb. C’est une bonne école et, bien sûr, Time Bomb fait partie de mes références. Mais ce sont surtout les gars de mon quartier qui m’ont donné envie de faire mon truc. Quand un grand de chez toi est signé chez Akhenaton, ça donne envie.
Plus largement, j’écoutais beaucoup de rap français quand j’étais plus jeune alors que je n’en écoute quasiment plus aujourd’hui. J’ai beaucoup écouté les gars de chez moi comme Mic Forcing et d’autres rappeurs comme les Lunatic ou Dany Dan.

A : Les figures les plus mises en avant du Sud ont souvent proposé un rap assez mélancolique. Tu n’as pas l’air du tout dans ce délire-là, tu sembles avoir à coeur de proposer un rap plus léger, plus souriant…

I : Il y a aussi la vie qui rentre en compte. Dans la vie, je ne me prends jamais au sérieux, je veux juste rigoler, je m’en fous de tout… Je veux uniquement prendre du plaisir. Mon rap est un peu comme ça. Je ne vais pas mener ma vie et tenir un discours différent quand je suis derrière le micro.

A : Lorsque tu passeras au cap du premier album, est-ce que tu auras envie, comme beaucoup de jeunes rappeurs, de proposer des morceaux plus thématiques ?

I : Je pense au premier album mais je sais que ça ne sera pas pour tout de suite. Je veux prendre mon temps parce que c’est quelque chose de trop sérieux pour le bosser comme n’importe quel projet. En tout cas, je ne me restreindrai pas à un format prédéfini. Je le ferai au feeling, comme d’habitude mais j’insisterai beaucoup plus sur les finitions, les arrangements, éventuellement faire venir des musiciens… Il faudra que ce soit vraiment léché.

A : Est-ce qu’il y a des rappeurs qui ont pu t’influencer dans ton processus d’écriture ?

I : Peut-être inconsciemment, certains rappeurs doivent ouvrir des portes dans mon esprit mais je ne m’en rends pas compte. Par contre, ça m’arrive tout le temps d’entendre des rappeurs sortir des phases et d’être jaloux ! Je crois que c’est Da Kid qui avait sorti « It’s like you’re pregnant of a woman, I can see the bitch in you ». C’est le genre de conneries que je me sentirais bien écrire ! [Rire]

A : Tu travailles beaucoup avec Veust qui est un rappeur très sous-estimé. À un moment, on pensait vraiment que ça allait péter pour lui avant que ça ne retombe d’un coup et qu’on ait le sentiment qu’il avait un peu mis le rap de côté…

I : On va dire que je ne suis pas objectif mais… Pour moi, c’est le meilleur rappeur français. Quand il s’énerve, il est vraiment au-dessus de la mêlée. Après, c’est un perfectionniste qui aime prendre son temps et qui n’est pas de l’école qui sort mixtape sur mixtape. Pourtant, il a enregistré un paquet de morceaux qu’il aurait pu sortir. Il y aussi la vie qui rentre en compte, on n’a pas le même âge et il est pris par d’autres choses.

A : Tu as une écriture qui est assez spontanée tout en restant soignée. Comment est-ce que se passe la création d’un morceau chez toi ?

I : En fait, je n’écris rien du tout. Je fais tout de tête. Dès qu’on me donne un bon instru, je le mets dans mon téléphone, je la fais tourner pendant la journée et les idées viennent. Je trouve deux rimes, quatre rimes, je les répète, je trouve la suite… C’est un processus continu. J’ai écrit au début mais j’ai arrêté de fonctionner comme ça dès mon premier projet. Je me sens plus à l’aise comme ça aujourd’hui mais ça peut changer à l’avenir.

A : Comment vois-tu la prochaine année ?

I : Je pense qu’il va encore y avoir des mixtapes gratuites. Certaines sont déjà prêtes d’ailleurs. Je vais sûrement sortir deux projets gratuits en commun. Le premier avec Veust et le deuxième avec Millionnaire qui est un autre membre de D’en Bas Fondations. Pour l’instant, je ne m’avancerai que sur ces deux trucs là [Sourire].

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