Infinit va le faire
Interview

Infinit va le faire

Il n’est plus un rookie, mais il est toujours l’espoir des siens. Quinze ans de rap dans les jambes, Infinit est plus déterminé que jamais à faire les choses en grand, à toutes les faire, à « tout le faire » dira-t-on pour le citer. Alors que son nouvel EP « Ma version des faits » est fraîchement sorti, interview du jeune bœuf.

Abcdrduson : Quel rapport entretenais-tu au rap dans ta première jeunesse ? 

Infinit : J’avais une grande sœur qui écoutait beaucoup de rap et qui m’a permis d’écouter certains disques assez tôt. J’ai commencé à écouter du rap à l’âge de sept ou huit ans, quelque chose comme ça, et dès ce moment je n’ai écouté que ça, aucun autre style de musique à part Michael Jackson. Je n’écoutais que du rap français.

A : Venant des Alpes-Maritimes, un département qui est historiquement force de proposition en termes de rap, écoutais-tu essentiellement des rappeurs du cru, ou bien s’agissait-il d’artistes nationaux ?

I : Au départ j’écoutais des rappeurs extérieurs au 06. J’ai su plus tard qu’il y avait du rap ici et alors je me suis mis à écouter les rappeurs locaux : Mic Forcing, Gak, Chiens de Paille, et Coloquinte, principalement.

A : Ces artistes –Chiens de Paille étant peut-être un cas un peu différents- étaient-ils très écoutés autour de toi ?

I : Je crois qu’il y a toujours eu des gens qui aimaient bien le rap d’ici et le suivaient, mais dans mon entourage, on aimait bien la musique, sans plus.

A : Comment faisais-tu pour découvrir des artistes alors ? Surtout qu’Internet n’était pas aussi développé à l’époque dont on parle. 

I : Quand j’ai commencé à écouter du rap il n’y avait pas Internet du tout. Skyrock passait du rap, je me rappelle qu’ils passaient IAM, FF, les trucs comme ça. On enregistrait ça sur des cassettes, jusqu’à l’arrivée des CD gravés.

A : Tu as cité Mic Forcing. Tu es proche de Veust depuis ton arrivé chez D’En Bas Fondation, mais était-ce quelqu’un que tu côtoyais avant cela ? 

I : Non, c’est le rap qui nous a rapprochés. On a dix ans d’écart, c’était un grand, je connaissais un peu certaines personnes de son entourage mais c’est par le rap que nous nous sommes rapprochés. Il fait partie des tauliers du rap niçois.

A : À l’échelle du pays il a ce statut de rappeur unanimement reconnu par ses pairs mais peu exposé par ailleurs…

I : Ouais… Après il y a la vie qui veut ça. Il a fait des trucs quand même, il a été signé chez La Cosca… Mais c’est lui qui n’a pas sorti énormément de musique non plus.

A : La période à laquelle Masar et Veust sont chez La Cosca concorde avec celle où toi-même commences à écrire. Représentaient-ils une forme d’espoir, dans le sens où ils pouvaient peut-être donner envie de suivre leurs traces ?

I : En tous cas je me suis dit que c’était possible de venir d’ici et de pouvoir faire des trucs à grande échelle disons. Les tournées de La Cosca étaient de grosses tournées !

A : Autour de 2007, tu intègres D’en Bas Fondation, collectif dont Veust est cofondateur. Quelle signification cela a pour toi alors ? 

I : C’était un truc de fou pour moi ! Il n’y avait pas de grand contrat, de gros sous, mais le seul fait d’intégrer cette équipe-là me rendait super fier. Ils étaient les plus forts de chez moi, c’était un genre de ligue infernale avec que des tueurs ! Les rejoindre me faisait un immense plaisir.

A : Et dans la pratique, qu’est-ce que cela a changé ?

I : Déjà ça m’a facilité l’accès à des studios parce qu’ils avaient leurs plans, et après, niveau artistique je me mettais plus de pression. Je savais que j’étais dans une équipe composée exclusivement de tueurs, je ne devais pas être le canard boiteux…

A : Vous travailliez beaucoup tous ensemble ?

I : Oui. J’ai connu deux grosses époques : la période où Veust avait un studio chez lui, on squattait beaucoup là-bas, on enregistrait plein de morceaux ensemble ; puis la période où on a connecté avec Cody McFly qui lui avait un studio à disposition dans lequel on a passé des jours et des nuits enfermés !

 

A : Entre le moment où tu intègres la formation DBF et celui où tu sors ton premier projet HDSvol.1, cinq ans s’écoulent. Dans quelle optique es-tu alors, en 2011 ? 

I : Dans l’équipe on avait sorti Sud Est Sale, et les compiles Rien qu’on charbonne notamment… Gak avait plusieurs projets à son actif, Agaz et Veust aussi, et moi j’étais dans les derniers. Je me suis dit que le moment était venu de me lancer en solo, d’avoir enfin un projet à mon nom. HDS  vol.1 est donc sorti en digital et je me souviens que les gens ont kiffé ! C’est même par rapport à cette tape que j’ai connecté avec Alpha Wann, qui avait entendu « Roue en lève » entre autres.

A : Ma vie est un film a tout de même eu un impact plus important, non ? 

I : Disons qu’un cap a été franchi avec Ma vie est un film. Il y avait des noms un peu plus connus parmi les invités : Aketo, Alpha Wann… Ça a atteint davantage de monde.

A : As-tu alors été approché par des majors ? 

I : Il y a eu des discussions… Elles n’ont jamais vraiment abouti.

« Je me suis dit que c’était possible de venir d’ici et de pouvoir faire des trucs à grande échelle.  »

A : T’es-tu déjà posé la question de l’accessibilité de ton rap ? Je pense à un point spécifique : le vocabulaire et l’argot niçois, auquel toi comme le reste de la scène locale avez beaucoup recours. 

I : Je tâche de ne pas trop en abuser, mais je m’en fous un peu. Quand c’est juste un mot que tu ne comprends pas dans une phrase, ce n’est pas un souci. Personnellement je comprends l’anglais sans être vraiment bilingue, et il m’arrive de ne pas comprendre un mot, mais avec le reste de la phrase ça va, je saisis le sens. Pour notre vocabulaire c’est un peu la même chose, il ne faut pas en abuser, mais selon moi ce n’est pas un frein, au contraire c’est même un plus, qui rend mon rap plus facilement identifiable.

A : Tu as expérimenté divers formats depuis dix ans, entre compiles, mixtapes plus ou moins élaborées, EP, mais toujours pas d’album. Est-ce une question qui te travaille ?

I : Honnêtement pour l’instant je ne calcule pas le format, je fais de la musique. C’est le contenu qui m’importe. Mais ces derniers temps oui, je commence à penser à un album et je sais que ce n’est pas quelque chose que je ferai en deux mois.

A : Malgré le streaming et malgré toutes les évolutions de l’industrie musicale, l’album demeure le sacro-saint des formats dans le rap.

I : Oui, et tu n’as qu’une seule chance de faire première bonne impression, donc je ne vais pas cramer ma carte comme ça.

A : Tu as aussi essayé différentes formules pour ce qui est de la production, allant de la collaboration étroite avec un beatmaker (The Product of Cokane et Dj Weedim) au mélange de beatmakers, comme sur Ma Version des faits. Vois-tu une différence et as-tu une préférence ?

I : Il y a clairement une différence, quand tu es avec un seul beatmaker sur tout un projet, c’est un album commun et non plus un projet solo. Les deux façons de travailler ont leurs avantages et leurs inconvénients. Quand je bosse avec plusieurs producteurs, je ne fonctionne pas pareil avec tous. Si je connais la personne qui m’envoie une prod, je peux la renvoyer pour la faire retaffer… Sinon il nous arrive de retravailler certaines séquences nous-mêmes ici quand c’est possible.

A : Sur ce nouveau projet, Max B fait un drop. Depuis toujours tu le cites ainsi que Papoose, Juelz Santana ou encore Cam’ron parmi tes rappeurs préférés. As-tu fait ton pèlerinage à New York ? 

I : Non, je n’y suis toujours pas allé… J’aimerais bien, en plus je pourrais passer voir Masar. Max, je l’écoute moins qu’à l’époque où il était dehors et où il sortait sans cesse de nouveaux sons, mais je me le remets toujours de temps en temps !

A : Tu es un gros fan des Diplomats et du rap de Harlem au sens large ?

I : Ça fait partie des scènes qui m’ont marqué, et Diplomats c’est devenu un emblème maintenant, quand tu parles d’eux tu ne parles pas seulement de rap, tu parles d’une équipe, d’un style de musique particulier, de gens qui ont leurs propres codes, leurs sapes uniques et un délire à eux seuls.

A : Quel regard portes-tu sur Masar, parti de chez vous il y a des années et désormais très proche de cette scène ?

I : Il mérite un énorme respect. Ce mec est un charbonneur, il n’a jamais rien lâché que ce soit dans le 06 ou maintenant à New York. Tu récoltes ce que tu sèmes et lui il bosse beaucoup ! C’était un rappeur archi fort, parmi les meilleurs pour moi et bien qu’il ne rappe plus maintenant, il fait autre chose et il est tout aussi fort dans ce qu’il fait. Masar est une fierté du 06 !

A : Que ce soit la trajectoire de Masar ou alors le passage de Gak sur Pow ! Europe, label de Whoo Kid, il y a des éléments qui laissent penser que le rap du 06 est plus ouvert sur les USA que la moyenne française, d’autant que vous avez toujours assumé vos influences. Quel est ton avis là-dessus ? 

I : C’était sûrement vrai à l’époque, parce que les gens étaient plus axés sur le hip hop français, mais aujourd’hui il y a quand même une influence directe des Américains sur les rappeurs français. C’est devenu courant de l’assumer.

A : Nous parlions de deux rappeurs à avoir des connexions internationales, mais à côté de ça, tout le monde s’accorde à dire qu’au niveau national la scène du Sud-Est n’a pas l’exposition à laquelle elle pourrait prétendre…

I : Bien sûr. Ce n’est pas une hypothèse ni une supposition, c’est factuel, il n’y a aucun artiste du 06 qui a cartonné sur le plan national. Après c’est le cas de plein d’autres départements, de la majorité des départements d’ailleurs.

A : Certes mais rares sont les départements aussi prolifiques et qualitatifs…

I : Oui… Je ne sais pas. Espérons que tout vienne à point. [Rires]

A : Tu seras peut-être l’élu. D’ailleurs, rejoindre Don Dada, n’était-ce pas un moyen de « monter à la capitale » en un sens –même si tu restes affilié à D’en Bas Fondation ?

I : Ce n’était pas la motivation principale mais c’est clairement un moyen de se rapprocher de Paris, oui. Don Dada est désormais le label sur lequel je suis réellement, dans le Sud j’ai mon équipe DBF, mais sur le plan professionnel ça n’existe pas, il n’y a pas une entreprise D’en Bas fondation.

A : Tu disais avoir connecté avec Alpha Wann au début des années 2010. Comment la décision de bosser ensemble s’est impulsée et concrétisée ?

I : Alpha m’avait proposé de travailler ensemble au moment où je sortais Plusss. Avec Weedim nous avions plusieurs proposition et ne savions pas trop où sortir le projet, or Alpha Wann m’a dit qu’il était chaud pour le sortir à ce moment-là. Finalement, ça ne s’est pas fait et c’est moi qui suis revenu vers lui pour le projet d’après, NSMLM.

A : Signer là-bas a changé quelque chose dans ta façon de bosser ? Notamment pour l’enregistrement, travailles-tu depuis Nice ou te rends-tu à Paris ? 

I : Je bosse la plupart de mes morceaux à Vallauris au studio de mon pote Aymen, mais ça m’arrive d’enregistrer au studio Don Dada lorsque je suis à Paris. On échange pas mal à distance avec Hologram’ Lo mais on se voit souvent aussi. Je monte régulièrement, il lui arrive de descendre, donc on a aussi un échange direct.

A : Quel est son rôle concret dans ta musique actuellement ?

I : Son rôle ? Déjà il a créé Don Dada, c’est lui le boss du label avec Alpha, pour commencer. Et en plus il fait un peu de direction artistique ou de réalisation pour moi. Disons qu’il porte la casquette de producteur.

« J’ai toujours fait de mon mieux ! Je peux toujours progresser et je n’ai pas atteint mon maximum, mais je n’ai jamais négligé ce que je faisais. »

A : Ma version des faits est ta deuxième sortie chez Don Dada, quel bilan tires-tu de la première, NSMLM ?

I : Je suis content, le projet a rencontré un bon succès d’estime. Les gens qui me suivaient ont kiffé, et le public s’est un peu élargi. C’est cool, c’est un bon bilan.

A : Effectivement le succès d’estime a été plus flagrant que précédemment. Le justifierais-tu par un investissement personnel plus important pour NSMLM ?

I : Franchement, je pense que j’ai toujours fait à peu près de mon mieux ! Je sais que je peux toujours progresser et que je n’ai pas atteint mon maximum, mais je n’ai jamais négligé ce que je faisais avant. Depuis que je suis chez Don Dada, il y a aussi un progrès niveau visuels. Louis et Alpha bossent beaucoup sur les clips, que ce soit les stylismes ou les scénarios.

A : As-tu eu l’occasion de défendre ta musique sur scène ces deux dernières années ?

I : Oui, je fais de plus en plus de scènes. Il y a la tournée d’Alpha Wann qui va arriver, je serai sur toutes les dates, puis viendra ma propre tournée ! C’est cool, ça me plaît la scène.

A : Venons-en à Ma version des faits, ton dernier EP en date. Son intro a des airs de cahiers de doléances, comme si tu te préparais et que tu posais les bases de ce que doit être le Infinit de demain : « j’sais que tout ce que je pourrais dire sera retenu contre moi »« c’est fini les jeux d’enfants »… 

I : C’est ça ! Je l’ai fait à un moment où j’étais dans des lectures sur le dépassement de soi et toutes ces choses de réussite personnelle, et ça m’a inspiré ça. Je l’ai déjà dit plusieurs fois mais je considère ce projet comme la fin d’un cycle, et je trouvais bien d’annoncer la couleur directement en intro.

A : C’est vrai que tu as dit ça, la fin d’un cycle… Peux-tu expliciter un peu ?

I : Je peux juste le dire, que c’est la fin d’un cycle… La différence elle va s’entendre, la musique parlera d’elle-même je pense. Tout ce que je voulais dire c’est qu’il faut s’attendre à du changement !

A : En préparant Ma Version des faits, puisque tu savais qu’il était la fin d’un cycle, étais-tu dans une mentale spécifique comme « je montre définitivement ce que je sais faire en rap pur et dur », ou pas ?

I : Non même pas, je l’ai fait comme les autres. Je l’ai fait au feeling, mais c’est simplement que je sentais que j’étais dans un virage. C’est juste ça le truc qui me fait dire que c’est la fin d’un cycle.

A : Avant de sortir cet EP, tu es apparu sur Une main lave l’autre, le tant attendu album d’Alpha Wann. N’était-ce pas là ta meilleure promo ? On a quasiment autant parlé de toi la semaine après la sortie de cet album que la semaine après la sortie de NSMLM ! 

I : Ouais, j’ai ressenti l’impact de ce morceau à fond, il y a même eu le #InfinitChallenge sur Twitter avec Mehdi Maïzi. J’ai eu plein de bons retours ça m’a fait super plaisir, archi lourd ! C’est super cool de la part d’Alpha de m’avoir laissé cette place sur son album.

A : Sur ton EP, le titre « Djibril » est particulièrement réussi, l’exercice du storytelling est délicat dans la mesure où nombreux sont les morceaux de ce type à être très ennuyeux… T’a-t-il demandé un effort particulier ? 

I : Il m’a demandé un effort, mais… comme tous mes morceaux j’ai envie de te dire ! Encore une fois c’est juste une question de donner le meilleur de ce que j’ai, pour livrer un morceau de bonne qualité. Initialement « Djibril » je l’avais enregistré sur une face B et je voulais le sortir en freestyle, le balancer comme ça en vidéo, mais tous ceux à qui je le faisais écouter m’en parlaient et me demandaient de le réécouter, ils me disaient que je ne pouvais pas l’envoyer comme ça… Il a fallu que je refasse faire la prod, il y a eu plusieurs essais, trois ou quatre je crois et à la fin ça m’avait saoulé donc je m’étais résigné à l’envoyer en freestyle sur face B. Au final, Product de Brillant Corners m’a dit qu’il voulait essayer aussi, alors je lui ai donné le titre sans trop d’espoir vu les essais d’avant, et en fait il a réussi à faire le titre morceau qui a fini sur le projet !

A : Dans tes textes il y a parfois des fulgurances qui laissent penser que tu notes beaucoup de choses qui te viennent à l’esprit à tout moment et que tu t’efforces de les replacer ensuite. Est-ce exact ou au contraire tu t’attaches à écrire tes textes d’un coup ?

I : C’est rare que j’écrive d’une traite. Quand j’ai des trucs qui me viennent en tête, je les note pour ne pas les oublier, mais vu que je n’écris pas mes couplets, ce sont juste des mots ou des phrases.

A : Des fois on a envie de partager immédiatement ses trouvailles… T’arrive-t-il de te dire « il faut bien que je note ça dans Mémo, et non pas sur Twitter » ?

I : Ah ouais, c’est clair ! Avec tous les voleurs de rimes, tous les voleurs de phases… Je n’ai pas confiance ! Mes trucs précieux je les coffre, sur Twitter je ne mets que les trucs pour rigoler.

A : Y-a-t’il sur l’EP un titre que tu préfères ou du moins un morceau qui peut indiquer ce vers quoi tu te diriges ?

I : Un indice, non… Mes morceaux préférés, c’est dur… Je les aime tous. « Vivre bien », « La Recette », « Saint-Exupéry ».

A : Sur « La Recette » on retrouve Veust et Barry. Penses-tu que la dynamique actuelle autour de toi peut leur profiter, ou du moins est-ce quelque chose dont vous parlez ?

I : Je pense qu’avec ou sans moi ils auraient fait leur truc, mais c’est clair qu’on va essayer d’en profiter. De toute façon on a toujours pensé comme ça : dès que la lumière viendrait sur l’un de nous, ça devait profiter un peu aux autres.

A : Maintenant que l’EP est sorti, et vue la vitesse à laquelle va le rap en 2018, sur quoi te concentres-tu maintenant ?

I : Maintenant, ça va être la préparation des concerts. J’ai pas mal de scènes à venir donc je vais tâcher de présenter le show le plus qualitatif possible, et en même temps je ne vais pas m’arrêter de faire de la musique, je vais essayer de continuer à enregistrer des nouveaux morceaux, sans me poser plus de questions sur le format.

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