Hamza, né pour briller
Interview

Hamza, né pour briller

Il a été l’une des sensations de l’année rap 2015 et devra confirmer tous les espoirs placés en lui avec Zombie Life, son prochain projet. Rencontre avec Hamza, le plus américain des rappeurs francophones.

Photographie : LS Photographie

Abcdr Du Son : Quels sont les premiers projets qui t’ont fait aimer le rap ?

Hamza : Quand j’ai commencé à kiffer le rap, c’était la grande époque de 50 Cent. Après, bien sûr, je suis allé écouter les disques plus anciens, les classiques… Mais c’est vraiment 50 qui m’a donné envie de rapper. 50 a toujours alterné rap et chant et c’est quelque chose qui me plaisait. Pour moi, si un morceau n’a pas un bon refrain, c’est raté. Les refrains de 50 cent étaient toujours parfaits et il avait toujours de nouvelles mélodies sans être un grand chanteur… En plus, c’était un mec qui rappait bien. Rapper et chanter, c’est quelque chose que je fais naturellement. Il y a des productions sur lesquelles aucune mélodie ne va m’inspirer et où je vais uniquement chercher à rapper… C’est un feeling.

A : Qu’est-ce que tu as fait avant H-24 ?

H : En 2013, j’avais sorti Recto Verso qui était mon premier projet solo. Juste avant ça, il y avait eu un projet avec mon groupe Kilogramme Gang qui s’appelait Gotham City Vol. 1. Bon, il n’y a jamais eu de Volume 2 et il y a peu de chances pour qu’il y en ait un [Rires]. On s’est séparé et je suis parti en solo mais, après Recto Verso, il y a eu une longue période pendant laquelle je n’ai pas enregistré. Je n’avais pas de studio et j’avais d’autres choses à faire. C’est à ce moment que mon manager Dakose, qui a un studio à Bruxelles, m’a donné la possibilité d’enregistrer chez lui. A partir de ce moment, j’ai vraiment travaillé tous les jours.

A : Il y a 24 titres sur H-24, ce qui est énorme en 2015. Pourquoi avoir pris le parti de sortir un projet aussi long ?

H : Quand je suis rentré en studio, j’ai enregistré une centaine de morceaux en quelques mois. J’avais tellement de matière que je voulais sortir quelque chose de conséquent… Pourquoi ne pas mettre 24 bons morceaux plutôt que 8 ou 9 ? On l’a fait.

A : Les 24 titres pourraient être des singles potentiels. C’est quelque chose que tu recherches ?

H : C’est juste comme ça que je pense ma musique. Ma musique est davantage faite pour danser que pour réfléchir. C’est une musique sur laquelle tu es censé t’amuser en l’écoutant. Sur H-24, on a aussi voulu montrer tout un éventail de ce que je peux faire. On a choisi les meilleurs morceaux dans les différents styles. D’ailleurs, une grande partie des morceaux qu’on a en réserve sortiront à un moment. Là, j’ai plusieurs projets qui sont prêts. A terme, j’aimerais bien sortir plusieurs projets par an comme Future ou Young Thug. Ce qu’il y a c’est que ces mecs ont de vraies fanbases avec des gens qui les suivent vraiment. Moi, je débute à peine et je ne peux pas griller autant de cartouches. Quand je sors un projet, je suis obligé de lui laisser du temps, que les gens en parlent, prennent le temps de me découvrir… Après, si j’ai une vraie fanbase demain, je vais sortir des projets en rafale.

A : Les ventes sont importantes pour toi ?

H : Bien sûr. On te regarde différemment quand tu vends bien. Je pense que c’est important même si, pour le moment, ce qui nous importe c’est de tourner, qu’on me voit, qu’on sache que j’existe. Les ventes viendront après.

A : Quand je regarde les clips de Young Thug, je me dis que ce mec est né pour être une star, qu’il n’aurait pas pu travailler dans un open space. Même si il est encore trop tôt pour te comparer à lui, j’ai un peu le même sentiment quand je regarde tes vidéos…

H : [Il sourit] Je pense que c’est un esprit de “rock star” partagé par plusieurs personnes de ma génération. Et puis c’est vrai que je suis très influencé par le rap américain. Il y a quand même eu une époque, quand je commençais à apprécier le rap, où j’écoutais beaucoup de rap français mais c’est vrai que j’ai vite switché. Aujourd’hui, je reste quand même à l’affût et j’écoute ce que les gens sortent… Mais c’est vrai que j’écoute essentiellement du rap cainri. Future, Young Thug bien sûr, j’adore Kodak Black qui est très fort, Rae Sremmurd…

A : Tu composes 90% de tes productions. Tu te vois poser sur des productions d’autres personnes ?

H : Bien sûr mais il faut que ça corresponde à ma couleur. J’essaie d’abord de travailler au maximum mon style et mon identité. Mais il y a des gens très forts en France comme Myth Syzer, STWO ou Ikaz avec qui j’ai beaucoup bossé sur le prochain projet. De mon côté, je bosse exclusivement sur Fruity Loops au studio. Après, il n’y a pas de recette « Hamza ». Mon point de départ pour faire un morceau c’est d’avoir un refrain qui fonctionne. Tant que je n’ai pas un refrain fort, ça ne va pas. Une fois que j’ai un bon refrain, j’essaie de trouver des mélodies pour faire des ponts… J’essaie de ne pas avoir les mêmes structures que dans le rap français et c’est pour ça que je suis très inspiré par le rap américain. Les nouvelles structures sont folles ! On n’avait jamais entendu de choses comme ça. Je n’aime pas quand on sait exactement à quel moment le refrain ou le couplet vont tomber. J’aime être surpris et c’est souvent le cas avec la musique de Future et Drake.

A : Il faut qu’on parle d’un sujet important : tes pas de danse. Le clip de “Respect”, c’est encore mieux que “Hotline Bling” à ce niveau.

H : [Il explose de rire] C’est naturel chez moi. En fait, j’aime faire danser, j’aime la musique qui te fait voyager, qui te donne envie de rigoler. C’est ce qui me parle le plus.

A : Tu ne feras jamais de rap conscient ?

H : Je ne sais pas si c’est du rap conscient mais j’ai des morceaux où je me suis vraiment pris la tête sur l’écriture. C’est encore un autre exercice. Après, je pense que tu bougeras toujours la tête sur mes morceaux mais l’écriture sera différente. Ce seront des choses que je donnerai sur un album.

A : Et puis, ton sujet de prédilection, c’est les femmes.

H : C’est sûr. Après, on ne va pas se mentir : ce sont les meufs qui achètent le plus de disques. Même si tu veux faire le caïd, il faut que tu sois un caïd qui parle aux meufs. Je crois que les sonorités que j’utilise me donnent tout le temps envie de parler de meufs. D’ailleurs, la dernière fois que j’ai joué au Nouveau Casino, il y avait pas mal de filles. C’est quelque chose qui est nouveau. A l’époque, quand je faisais mes premiers concerts à Bruxelles, il n’y avait que des mecs, ça finissait toujours en bagarre… C’est beaucoup plus cool maintenant.

A : Est-ce que tout le rap français t’a demandé en featuring après H-24 ?

H : [Il sourit] Pas tout le rap français mais il y a eu beaucoup de demandes. D’ailleurs, il y a plusieurs morceaux qui vont arriver avec des rappeurs français.

A : Tu parles de Maradona sur “Police Ass Nigga”. A part le rap, tu es fan de foot ?

H : J’aime beaucoup le foot mais je t’avoue que je n’ai plus le temps de regarder les matchs. Avant, je matais tous les matchs de Premier League et Liga… Aujourd’hui, ma vie c’est la musique frère. Je ne fais que ça. Depuis deux ans, je m’y suis vraiment mis sérieusement mais c’est à partir de H-24 que je m’y suis consacré à temps plein. C’est le moment où je me suis trouvé musicalement et où on a pris cette décision avec l’équipe quand le buzz a commencé à prendre [NDLR : l’équipe d’Hamza est composée de Dakose, manager et coproducteur, Shotgun, coproducteur, Reza, chef de projet et Back in the Dayz qui est le bookeur]. Je pense aussi que le fait que je sois Belge a joué dans l’intérêt du public. Les Français étaient sûrement un peu surpris de voir que ça venait de Belgique et ça donne une attractivité supplémentaire.

A : Tu seras sur la scène de La Maroquinerie le 26 mars. Tu as fait des showcases mais ce sera ton premier vrai concert en France.

H : Je suis super content de faire cette date et je vais vraiment préparer ça histoire de proposer un show digne de ce nom. La scène, c’est le seul moment où tu es en contact avec ton public et tu dois lui laisser un bon souvenir. Il faut que le mec sache pourquoi il te supporte quand il quitte la salle de concert. C’est un package : si tu donnes un bon show, on parlera encore plus de toi et les gens qui sont venus par hasard auront envie de découvrir ta musique.


Le prochain projet d’Hamza s’intitulera Zombie Life et devrait être disponible d’ici fin mars/début avril.

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1 commentaire

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  • mackey49,

    hamza ????? Les gars serieux….On est pas sur Booska.