Chronique

Jnyce
Vaults of horror

Diabolical Records - 2008

Jnyce fait partie de ces gosses qui n’ont pas appris à lire avec Ratus ou la comtesse de Ségur mais en se plongeant dans les numéros des Contes de la Crypte. « Vaults of horror », son premier disque solo, leur rend hommage en reprenant l’artwork des bandes-dessinées d’épouvante éditées par EC Comics – Tales from the Crypt et The Vault of Horror pour les plus connues. Devenu adulte, il est resté passionné par le surnaturel, le gore et les histoires étranges, comme en témoignent sa musique et les deux autres petits clins d’oeil de la pochette, adressés à John Carpenter et Lucio Fulci.

Beatmaker du groupe de rap canadien Psych Ward, Jnyce est habituellement peu mis en valeur. Ecrasés par les flows gueulards et rectilignes de ses collègues rappeurs Shallow Pockets et Kid Fade, ses instrus ont peu d’espace pour révéler leurs richesses et restent presque malgré eux un peu trop en retrait, appuyant le délire horrorcore du groupe par leurs teintes froides et lugubres sans parvenir à s’imposer pleinement à l’oreille. La sortie de « Vaults of horror », album/compilation rassemblant en version instrumentale la plupart des beats posés par Jnyce sur les albums de Psych Ward – « Decrepid Methods » (2007) et « Rulers of the damned » (2008) – répare cette relative injustice.

En 21 titres, l’album permet de découvrir sous un autre angle le travail de Jnyce. Rien d’époustouflant ni de révolutionnaire, certes ; le producteur canadien est un adepte des beats simples mêlant samples et rythmiques boom-bap. Mais c’est aussi là que réside la grande qualité de ses instrus. Car s’il n’est pas un monstre de technique, Jnyce sait indéniablement bien choisir ses échantillons. Tapant dans un répertoire déjà pillé par quelques-uns avant lui – les bandes originales composées par le groupe de rock progressif italien Goblin pour Dario Argento, les films d’horreur de Lucio Fulci et d’autres, les bruitages style hurlements, rires démoniaques ou râles -, Jnyce sait pour chaque beat trouver les notes de piano, les nappes de synthés étranges ou les chœurs grandiloquents qui feront mouche, parfois complétés par quelques éléments discrets et efficaces (voix pitchées, notes d’orgues, cordes découpées). Il ne reste plus à l’auditeur qu’à se laisser transporter dans ce train fantôme pour un voyage sans temps mort, casque sur les oreilles ou sono à fond.

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