Chronique

Kohndo
Soul Inside

Greenstone Records - 2011

Figure de la scène rap, Kohndo fait partie de ceux qu’on croise régulièrement. L’année dernière, avec deux décennies de rap dans le sac à dos, il nous confiait vouloir donner une nouvelle dimension – plus riche, plus scénique – à sa musique. Il paraissait plus que jamais animé d’une volonté de transcender le genre et de s’affranchir de ces codes restrictifs. Entouré sur scène par des musiciens – le Velvet Club – Soul inside, son troisième album solo, s’inscrit logiquement dans cette approche. Dans la continuité de ses scènes avec le Velvet Club plus que dans la lignée de son prédécesseur Deux pieds sur terre / Stick to ground.

Porté par ces musiciens et les nombreux choristes invités (Marie M, Karl the voice, Lisa Spada), il constitue un ensemble hétéroclite au titre doublement symbolique. Lorgnant parfois vers le funk (« Bordel »), le rock (« Rock on ») ou la neo-soul (« Mes nuits », « Pourquoi flipper ? »), Soul Inside peut désarçonner par instants tant il s’éloigne des formats étroits du rap français. A-t-il du coup un public ? La question reste en suspens. Avec le seul Ekoué pour donner le change niveau rap – sur « Pardonnez-moi » – Kohndo demeure le seul maître de cérémonie d’un album versatile. Un album où son sourire apaisé transparaît régulièrement, comme une évidence.

« La réussite parfois peut même blesser, elle commence là où tu crées le respect. »

Aussi éclectique et riche en influences soit-il, Soul Inside reste fondamentalement un album de rap, porté par la démonstration technique d’un flow inchangé. Fluide et mélodieux. Et ce même si on devine à Kohndo une vraie envie de pousser franchement la chansonnette – à l’image d’un Féfé devenu interprète multi-facettes. Cette diversité contribue à plusieurs franches réussites, tels les électriques « Rock on », « Money » ou la conclusion volontaire et imagée « Vise le ciel ».

« Je vois tes nuits comme du papier déchiré par les rêves brisés. »

Cette mosaïque d’influences fait écho à une certaine diversité thématique. Une diversité fidèle aux interrogations d’un trentenaire avancé, avec les femmes et l’argent en points récurrents dans le viseur. Des thèmes pour le moins classiques sauf qu’ils sont traités avec une transparence et une lucidité troublante. Jusqu’à faire écho avec nos propres illusions perdues et questionnements. Ces moments introspectifs flirtent avec des séries d’égotrips et autres récits imagés dominés par un esprit positif et volontaire. Porté vers l’avenir, KOH garde aussi un regard vers le passé, vers son parcours musical et personnel. Symbole de cet héritage, « Mon ghetto » se fait le récit des années écoulées marquées par les figures du Pont de Sèvres, Radio Nova et La Cliqua.

Il y a huit ans, à la sortie de Tout est écrit, son premier album, on souhaitait à Kohndo de rencontrer la reconnaissance populaire qu’il mérite. Aujourd’hui, ce constat demeure. Décidément, rien ne change à part les saisons.

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