Chronique

Buck 65
Sore EP

Warner - 2004

Buck 65, c’est le genre d’homme à déclencher une polémique suite à la parution d’un article contenant les propos suivants : « I now hate hip hop ; the more I’ve educated myself about music, the more I’ve grown to hate it« , puis à s’en excuser publiquement.

Buck 65, c’est le genre d’artiste à la discographie si longue que l’on a abandonné depuis longtemps l’idée de la découvrir intégralement.

Buck 65, c’est le genre de rappeur au parcours sous forme de contes de fées.

Au départ considérablement réduit, son public s’est élargi au fil des projets et des rencontres. Au point que Warner finisse par le signer en tant qu’artiste. Après un Square dans la continuité de ses anciens travaux, Talkin’ honky blues est le premier projet à témoigner de ce changement. Rupture musicale (pour la première fois, Buck 65 s’associe sur un album entier avec des musiciens), rupture formelle (nouveau graphiste). Rupture aussi sur le plan marketing.

Alors que le rappeur avait tendance à enchaîner les albums à un rythme effréné, Talkin’ honky blues a droit à un autre traitement. Un maxi (Wicked and weird) pour l’annoncer, un EP pour le relancer (463), un autre pour ne pas l’oublier (Sore) et la pagaille de clips qui va avec le tout.

‘Sore’ est incontestablement un excellent morceau. Derrière une belle instru à l’introduction martiale, Buck 65 cache un remarquable texte, touchant bout d’histoire parsemé de non-dits. Côté deejaying, l’opération se fait en sous-marin, les scratchs se fondant avec le beat sans jamais prendre le dessus. Malheureusement, ‘Sore (vocal remix’) est un remix tel qu’on l’entend dans l’électro et non une refonte totale du travail instrumental. Après un début d’orgue prometteur, le morceau retombe sur la structure originale, pour ne s’en éloigner qu’au refrain. Décevant. ‘Sore (instrumental dub mix)’ se différencie déjà plus, piochant au passage dans un registre reggae, mais le résultat n’est pas bien meilleur.

Restent donc deux morceaux aux noms inconnus : ‘Bandits’ et ‘Country cooking’. ‘Country cooking’ n’est en réalité qu’une nouvelle version de ‘Food song’, déjà entendu sur la quatrième plage de « Square ». Difficile de tomber en pâmoison à son écoute, même si le lifting à la sauce country colle davantage au texte. Seul véritable inédit, ‘Bandits’ est la raison – suffisante ? – de ne pas passer à côté de cet EP. La voix cassée et le débit lentement libéré du rappeur le transforment en un Clint Eastwood époque Sergio Leone, chevauchant sous un soleil de plomb. Le texte est peu compréhensible mais la légèreté de l’instru se fait entêtante, et on résiste difficilement à l’envie de réécouter ce titre en boucle.

Au final, comme son prédécesseur 463, cet EP laisse perplexe. La resucée d’anciens morceaux, n’offrant que peu d’intérêt, prend plus de place que l’inédit, pourtant sacrément réjouissant. Doublement regrettable.

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