Chronique

Wu-Tang Clan
Iron Flag

Loud Records - 2001

2001. Entre les errements divers de Method Man, l’incarcération prolongée du sale vieux bâtard Russell Jones et le catastrophique deuxième volet Bobby Digital, la sortie d' »Iron Flag », à peine un an après le mitigé The W, avait de quoi laisser sceptique. Le mauvais ‘Uzi (Pinky Ring)’ disponible avant en maxi semblait même annoncer le naufrage du navire de Staten Island.

Mais si le Wu-Tang Clan a été ses dernières années atteint par le virus de la surproduction, il n’en reste pas moins un collectif immensément talentueux, souvent imité, jamais égalé. Rza, tête pensante et baromètre du groupe, produit huit des treize morceaux de cet opus, alternant, à l’image de l’album, passages brillants (‘In the hood’, ‘The W’) et d’autres plus obscurs, (‘Soul Power’, ‘Uzi)’. Il est soutenu dans son œuvre par le fidèle Mathematics, auteur de l’excellent ‘Rules’, Trumaster pour le très efficace ‘Y’all been warned’, Nick Loftin et le duo Poke & Tone, respectivement auteurs de ‘One of these days’ et ‘Back in the game’ (deux morceaux plutôt décevants.)

Musicalement cohérent, Iron Flag ne s’avère pas pour autant monocorde. Au carrefour des émotions et des atmosphères, entre colère, apaisement et pure provocation, il dévoile différentes facettes du groupe tout en offrant finalement peu de surprises. L’influence Soul, propre aux productions estampillées Wu-Tang Clan, est une nouvelle fois présente, et les passages chantés étonnamment fréquents. Ron Isley, icône Soul dès le début des années 1960, (et membre des fameux Isley Brothers) se charge notamment du refrain de ‘Back in the game’.

Apparemment désireux de ne pas répéter les erreurs passées, le collectif de Staten Island s’est appliqué à réduire à la portion congrue le nombre d’invités. Exit les Snoop Doggy Dogg, Nas et autres Busta Rhymes dont les apparitions respectives sur The W avaient peu convaincu et plutôt nuies à la cohérence d’un album particulièrement inégal. Le mythique Flavor Flav’ est donc cette fois-ci le seul MC invité ; le temps d’un ‘Soul Power’ à la fois brut et tout à fait convaincant.

En terme d’emceeing, Genius, Method Man et Ghostface Killah alternent tout au long de cet album le bon et le moins bon. Désormais tête de file d’un collectif historique, Tony Starks, le tueur à la tête de fantôme, y déroule un phrasé parfois larmoyant absolument fascinant et unique. Si Raekwon s’avère particulièrement discret, il est justement suppléé par un Masta Killa décidément brillant. Véritable mosaïque de styles aux influences (relativement) communes, le collectif mené par son chef de file Rza rappelle par moments, et non sans une certaine nostalgie, un passé récent. Mention spéciale au tueur au visage de fantôme Tony Starks pour cette rime tombée en pleine actualité « Who the fuck knocked our buildings down ? Who the man behind the World Trade massacres step up now. » L’avenir répondra à cette question brûlante…

Si Iron Flag n’a rien à voir avec le mythique Enter the Wu-tang ; les temps ont changé, les acteurs et les enjeux aussi; ce nouvel opus s’inscrit dignement dans la lignée de la dynastie du groupe New-Yorkais. Un album efficace à défaut d’être surprenant. Wu-Tang saga continues…

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