Chronique

Lone Catalysts
Hip-Hop

BUKA Entertainment/Groove Attack - 2001

Le Hip-Hop a différentes facettes et multiples interprétations légitimes et chacun peut se targuer d’avoir une vision propre et différente de son voisin. On ne se placera aucunement en juge des inspirations mais plutôt en admirateur des choses sincères. Et à ce titre il était de mon devoir de vous (re)parler des Lone Catalysts et de cet album. Un opus où le groupe nous présente sa vision du Hip-Hop.

The Beginning EP et plusieurs maxis (dont la plupart des morceaux figurent sur cet album), avaient déjà préfigurés du style du duo J-Rawls/J-Sands. Un style classique et pointu, qui ne va pas sans rappeler la Native Tongue . La première sortie solo de J-Rawls The essence of J-Rawls avait perpétué cette tendance.

Sans surprise Hip Hop continue dans ce sens et s’applique à imposer cet Hip-Hop intelligent et réfléchi. Les Lone Catalysts se montrent fidèles à cet état d’esprit et J-Sands s’applique à déposer des textes particulièrement soignés ou la raison l’emporte. Le rôle du Hip-Hop et l’éducation, l’identité Afro-Américaine, la politique Américaine. Les sujets sont assez variés et tous assez également traités. Preuve que l’on peut être réfléchi et assez sérieux sans virer dans le chiant. En gros les amateurs de gangsters en pâte à modelé et autres personnes en quête de fantasmes inassouvies peuvent d’ores et déjà passer leur chemin.

J-Rawls prend en charge l’ensemble des productions de cet album. On ne s’étonnera pas de retrouver une ambiance assez proche de celle de son album solo. Jazz, soul et quelques touches de classiques Hip-Hop voilà pour les sources d’inspiration. Ces productions sont loin d’être surchargés d’effets hors du commun, l’ensemble est assez simple. Ce relatif minimalisme est savamment entretenu et contribue à une fusion totale avec le phrasé de J-Sands.

Les retardataires et ceux qui découvrent le groupe trouveront en ‘Q&A’ une présentation en musique de notre duo. Qui sont ils ? D’ou viennent-ils ? Pourquoi le Hip-Hop ? Toutes ces questions trouvent leurs réponses sur ce morceau d’un peu plus d’une minute. Concis mais particulièrement efficace. Et si vous n’aviez pas encore tout bien compris ‘Hip-Hop’ remet le couvert et présente plus en détail les aspirations de chacun quand au Hip-Hop. Un bon petit morceau ou J-Rawls est accompagné du soliste Rashad Thomas. Quelques mots de Buka ami de longue date de Jason Rawls et c’est reparti. (Vous aurez aussi remarqué que Buka est également le nom du label fondé par les Lone Catalysts)
On retrouve aussi sur cet album, non sans bonheur ‘Due Process’ morceau déjà connu et reconnu. Epaulé de Talib Kweli et du jeune Rubix , les Lone Cat’ nous offrent 4 minutes de pur bonheur. Une succession de rimes intelligentes et bien placées, entrecoupées d’un refrain accrocheur. Une vraie réussite. « Due process, paying his dues, battling crews at the same time living in life, giving enlightenment seeing half of the blind through the darkness of industry, we’re ministry« . Enfin, une jolie ambiance crée par la fusion parfaite d’une ligne de basse, quelques scratches et une bonne boucle de piano. Aucun doute ‘Due Process’ mérite le titre de classique Hip-Hop.
DJ O.Sharp contribue au succès à ‘Three years ago’. Un joli morceau, tranquille, présentant l’évolution du groupe Lone Catalysts et la création de leur label BUKA Entertainment.

Comme tout bon MC qui se respecte J-Sands sait user de l’égotrip et vanter les qualités de son groupe. Enfin, il prêche pour sa chapelle le garçon et comme il le fait particulièrement bien on est assez conquis. ‘The Pro’s’, ‘Settle the score’ entre autres servent d’exercices de style.
‘Place to be’ (aussi sorti en maxi avant l’album) s’attelle à un autre registre, bien plus festif. Un titre en forme d’hymne aux sorties du vendredi soir.

La transition avec ‘If Hip-Hop was a crime’ est quasi-inexistante. Ce dernier morceau se veut une transposition de l’attitude de chacun si le rap était interdit. Une situation pas si irréelle vu l’évolution du système judiciaire Américain. En y réfléchissant bien le désir croissant de radicalisme associés aux volontés castratrices de Bush Junior pourrait bien un jour mener à une telle situation. Enfin bref on en est pas encore là et ce morceau se base donc sur une hypothèse. J-Sands est accompagné sur ce titre par Stan the man et Usef Dinero. Chacun s’attelle à expliquer pourquoi il transgresserait l’interdit. La production de J-Rawls particulièrement minimaliste laisse résonner une sirène bien connue. Ce savant de mélange fait de ce titre une des réussites de cet opus.
Toujours dans ce registre du Hip-Hop réfléchi ‘Politix’ perpétue cette quasi-tradition de la contestation politique. Si le constat n’a rien de nouveau, la réflexion est bien menée et assez poussée. « You see, everything’s politically based, then placed, in categories consisting of wealth, sex and race, only in Amerikkka will you be found guilty before the case, especially if your face look black like outer space. » Et en plus d’être soutenu par des paroles de qualité, la production est assez superbe. Un savant mélange de piano et de cordes, tout en finesse et en harmonie.

Dans la série des morceaux envoûtants, on ne pouvait oublier de citer ‘Part of the game’. Une sublime production composé de plusieurs jolis accords de piano, une basse percutante et enfin des backs de qualité. Ce titre s’achève en hommage aux disparus du Hip-Hop, Big Punisher, Big L pour ne citer qu’eux.

Enfin bref ma conclusion se passera de tout artifice et ira à l’essentiel : Procurez vous cet album. Dieu ne vous le rendra pas, mais cette opération sonore menée de maître par Jason Rawls et J-Sands caressera vos oreilles dans le bon sens (et ce spécialement si vous avez chéri depuis votre tendre enfance les A Tribe Called Quest, Pharcyde, Jungle Brothers et autres représentants de la Native Tongue.)

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