Chronique

Dudley Perkins
Expressions (2012 A.U.)

Stones Throw Records - 2006

« Funk upon a time. »

Métamorphosé en chanteur halluciné depuis une session d’enregistrement particulièrement embrumée et suivie du 45 tours « Flowers » (1997), Declaime continue depuis son improbable carrière de crooner à la cervelle ramollie. Preuve que les plaisanteries les plus courtes ne sont pas forcément les meilleures. Trois années se sont écoulées depuis la suite de ses aventures et la surprise « A lil’ light » (2003), premier long format plutôt charmeur privilégiant un hors piste assumé. Un album auréolé d’un certain succès critique mais d’un écho commercial limité. Ou en tout cas suffisamment confidentiel pour éviter à son auteur de s’acquitter de l’ISF.

Passé un nouvel album rappé plutôt classique en dépit de son titre explicite, « Conversation with Dudley » (2004), Declaime ressort son alter-ego Dudley Perkins pour de nouvelles élucubrations hautement concentrées en THC.

Un album bien entendu entièrement produit par le maestro maison Madlib sur un rythme ralenti laissant infuser des relents de funk crade et de soul voluptueuse. Les pupilles dilatées, scotché à ces rythmiques crades, on ressent la moiteur d’un studio obscur et enfumé, éclairé par une seule bougie. Le loopdigga en profite au passage pour recycler ses dernières compositions, dont ‘Inside’, déjà entendu sur le dernier « Beat Konducta volumes 1-2 : Movies scenes ». Une atmosphère chargée plutôt bien définie par Dudley, cet ancien proche des Alkaholiks : « A little bit of funk and a dash of soul, a little bit of George borrowed from Ol’ grand pappy’s stack of old school » (‘Funky Dudley’).

Seul, au centre de toutes les attentions, Dudley traîne son évidente nonchalance, mêlant passages chantonnés, parlés et inspirations rappées. Il y slalome entre ésotérisme (‘Dear god’), envolées empreintes d’émotions (‘Inside’, ‘The last stand’), illusions et relations tumultueuses avec la gente féminine (‘Domestic Interlude’, ‘Separate Ways’). Véritable crooner chantonnant, fumant plus de joints qu’il n’y en a dans un moteur de Mercedes, Funky Dudley multiplie également les références, citant notamment George Clinton, James Brown ou Sly & The Family Stone. Et si ses interprétations parfois boiteuses privilégient la spontanéité à une métrique parfaite, c’est aussi ce qui confère un charme certain à cet album.

Denses mais succinctes, les hallucinations de cet « Expressions » restent plaisantes à défaut d’être foncièrement inoubliables ou indispensables. Une nouvelle excentricité pour un label continuant son étonnant chemin de traverse.

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