Chronique

DJ Mehdi
Loukoums

Ed Banger Records - 2006

Je n’ai jamais rencontré DJ Mehdi. Pourtant, quand sa disparition soudaine a été annoncée, j’ai eu l’impression de perdre un proche. Un esprit dont les différents projets musicaux ont accompagné mon quotidien pendant plus de quinze ans. Avec notamment Le combat continue (Ideal J), Contenu sous pression (Karlito) et Top Départ (Rocé) en étapes récurrentes, scotchées éternellement à mon cerveau. Une figure connue et reconnue, devenue un point de relais entre l’univers du rap et celui de la musique électronique.

Peu après sa disparition, Pedro Winter et son label – Ed Banger – ont eu la bonne idée de diffuser gratuitement son projet Loukoums. L’hommage qu’il avait rendu à Jay Dee quand celui-ci avait passé l’arme à gauche. C’était il y a cinq ans et la diffusion avait été ultraconfidentielle. Forcément, quand on se penche de nouveau dessus, au-delà de toutes les pensées de circonstance, on porte aujourd’hui un regard particulier sur ce chrysanthème.

Considéré par Mehdi comme un projet conceptuel fait d’inachevés, Loukoums rassemble des inspirations nées lors de ses différents projets passés : Sheitan, Megalopolis, 113 Degrés et l’avant Lucky Boy. Justement, plus qu’aucun autre projet, Loukoums annonce une évolution matérialisée par Lucky Boy.

A l’image du Donuts de Dilla, ce projet est un enchainement de courtes pistes instrumentales sorties d’une MPC brûlante. Une succession de beats bruts et succincts, un patchwork des inspirations musicales de Mehdi. Toujours un pied dans le rap, un autre dans la musique électronique, ce mix est à son image. Moins soul que Dilla, plus synthétique et électrique, plus proche de cette fameuse French touch. Entre les nappes épaisses de synthé, d’improbables boucles de cithares et des sirènes tournant sans fin, c’est un univers bigarré et imagé, aux tendances futuristes – oscillant entre musique électronique et production rap – qui se dresse progressivement face à nous. Sentiments et inspirations se succèdent au rythme de compositions variées mais portées par une même unité de ton.

Quarante minutes soit une brève tranche de vie, un court aperçu que l’on souhaite repris par les anciens compagnons de fortune de Mehdi. Comme cela avait été le cas pour Dilla et ses Donuts éparpillés post-mortem par Ghostface, MF Doom, Talib Kweli, The Roots et autres Jay Electronica.

Que sa musique vive à jamais.

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