Chronique

Defenders of Style
Dirty Sterling

2012

Defenders of Style, c’est une bande de jeunes blancs-becs venus du nord de l’Angleterre et de Leeds plus précisément. Comme beaucoup d’autres crews d’outre-Manche, le quintet a fait le choix de laisser sa musique parler pour lui et de réduire la communication au minimum. Peu d’informations quant à l’équipe sont donc disponibles sur le net. Ses projets sortis jusqu’ici, les deux albums Thoughts of the Nameless (2009) et Dolce Stil Nuovo (2011) sont en revanche en écoute libre. Ces opus se caractérisent essentiellement par du rap de bonne facture, mais somme toute assez commun.

Ce classicisme est encore présent sur Dirty Sterling. S’il n’est jamais rédhibitoire, des titres comme « Knockin’ off the Dust », « Eat my Dick » ou « That One with Jack Flash on » (!) sont tout de même assez vite oubliables. Ce qui rend la mixtape remarquable, ce sont plutôt les escapades plus audacieuses du collectif. Jack Danz, qui rappe mais produit aussi l’ensemble des beats, s’avère être un véritable expert pour placer des samples improbables et construire des prods squelettiques et hypnotiques. En témoignent « Speckled Pills », et ses quelques notes de xylophone étouffées, ou les nappes discrètes et envoûtantes de « Foxtrot Oscar ». Pour ces morceaux comme, entre autres, pour « Step up » ou « Shifty Cats », la recherche de la boucle « qui tue », chère à tout beatmaker manifestement influencé par le son des 90’s, est abandonnée. A la place, c’est un formidable travail sur les ambiances qui est réalisé. Jack Danz nous balade dans un monde sombre et froid, parfaitement illustré par le teaser vidéo de l’album, où des ombres s’agitent dans la nuit noire pour réaliser un graffiti à côté d’une voie ferrée.

Sur ces excellents instrus, les MCs font le boulot comme il faut. Difficile de savoir qui est qui, les quatre rappeurs de l’équipe étant de surcroît souvent épaulés par des invités. Mais les flows et les timbres de voix se complètent très bien et s’adaptent aux différentes atmosphères. Pour les textes, les accents sont à couper à la hache, partie septentrionale de la Perfide Albion oblige, et la compréhension est par conséquent ardue. Comme souvent sur le format mixtape, les basiques sont toutefois de sortie, et l’accent est mis sur l’egotrip et les histoires de défonce. Évoquons enfin les scratches de DJ Sirplus, lointains et bidouillés, qui contribuent à l’étrangeté des meilleurs morceaux du projet.

Au final, il ne faut donc pas (ou plus) se fier à ce blaze un peu générique, qui fleure bon le revival 90’s et le rap trop attaché à ses racines pour surprendre. Comme beaucoup d’autres crews et MCs britanniques, Defenders of Style se montre parfaitement capable d’alterner entre boom-bap plutôt conventionnel et registres plus ambitieux. Espérons maintenant que ces promesses et ces nouvelles aspirations soient transposées prochainement sur album.

Écouter et télécharger la mixtape ici.

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