Chronique

Dandy Teru
Adventures

Ubiquity Records - 2013

De loin, dans le noir et avec quelques verres dans le nez, la pochette de Adventures n’est pas sans rappeler celle du Bending New Corners d’Erik Truffaz (le complément bleu de The Dawn). Nous ne sommes pourtant pas chez Blue Note, mais sur le label californien Ubiquity Records, de même que nous n’avons pas affaire à un trompettiste suisse, mais à un producteur français. Toulousain d’origine et Orléanais d’adoption, celui-ci a évolué au gré de diverses associations avant cette sortie solo parallèle à d’autres activités, notamment radiophoniques. Quant au contenu, les deux disques ont peu à voir. Les deux hommes, cependant, partagent peut-être une chose : leur goût pour les passages aux frontières musicales. Ici, on oscille entre hip-hop, électro-ambiant et nu jazz/nu soul, pour prendre des étiquettes qui valent ce qu’elles valent, le tout avec des BPM fourrés dans un oreiller.

C’est bien simple : sur le cotonneux « Clouds Catcher », léger comme un nuage, c’est tout juste si Count Bass D rappe : il murmure plutôt, comme de peur de vous réveiller. Il faut dire que jusque-là, et avant que les trois dernières pistes – des remixes, qui font de ce 10 titres un gros EP plus qu’un LP – accélèrent un peu la cadence, Adventures a baigné l’auditeur dans une ambiance smooooooth à souhait. Pulsations des infrabasses, beats paisibles, volutes sonores : du downtempo qui a de quoi plonger dans la torpeur le plus cocaïné des clubbers. Sami K a beau en effet chanter « life in the ghetto » sur « Burned », on imagine plus le morceau accompagner une after autour de la piscine d’un hôtel branché que rythmer le quotidien du hustler moyen.

Sur le papier, un opus qui, concocté par un surnommé dandy, fait autant clignoter le mot lounge peut repousser. À l’écoute, quand c’est bien fait – comme c’est le cas ici – et pour peu qu’on se trouve dans les dispositions adéquates, ce n’est pas désagréable du tout ; ça peut même être tout à fait ce qu’on cherche. Les meilleurs moments restent quand même ceux dans lesquels une voix fermement rappée vient en contrepoint, ajoutant de la dynamique à l’ensemble, et à ce jeu-là, c’est peut-être la rappeuse Rita J qui, parmi les invités internationaux présents (l’anglais Ty, le français Tchad Unpoe, le Canadien Moka Only…), s’en sort le mieux sur le bien nommé « Wake Up ».

Fermer les commentaires

Pas de commentaire

Laisser un commentaire

* Champs obligatoire

*