Chronique

Hus
Cognac Fruit

Domination Recordings/Digi Crates Records - 2011

À cheval entre Long Island (pour la résidence) et le Japon (pour le label et quelques collaborations), Hus est membre du duo Tha Connection, qu’il forme avec SmooVth ; le groupe avait lâché l’année dernière un morceau en hommage à Guru, « I Want it Back ». Voilà pour les brèves présentations d’un crew encore terré dans l’underground de la côte est, même s’il a déjà plusieurs maxis ou albums à son actif. Derrière sa chouette pochette ocre, Cognac Fruit abrite un disque inabouti mais prometteur qui, sur une base boom-bap assez classique, parvient à trouver une patte sonore distinctive.

Cognac Fruit dégage en quelque sorte une ambiance de hardcore tranquille. Un son équilibré, ni abrasif ni moelleux, ni vraiment léché ni vraiment lo-fi, chaleureux et pluvieux en même temps. On retrouve cet équilibre de funambule chez Hus : une voix ni franchement claire ni franchement rauque, un débit qui sans être des plus percutants est loin d’être mou, carré mais avec quelques prises de liberté. Certaines intonations, sur « Let It be » par exemple, font vaguement penser à une sorte de croisement entre Mr. Complex, MF Doom et Roc Marciano, mais c’est peut-être sous l’effet de l’alcool. Quoiqu’il en soit le tout colle bien au rythme mid-tempo qui cadence tout le disque et aux récits personnels teintés de storytelling (parfois métaphorique, comme sur « Laboratory ») qui inspirent les textes.

L’album a la bonne idée de sauter la case refrain sur plusieurs morceaux, au profit de simples respirations instrumentales. On y trouve aussi de sympathiques trouvailles, comme l’atmosphère planante de « Stones Valves » qui se passe de beat pour laisser parler l’alliance entre basse, clavier et descente de cordes mélancolique, le refrain chanté traînant de « Everyday », l’arrivée de la boucle cristalline (la même qu’utilisée par Primo sur « My Mind Spray » de Jeru) pour compléter le riff qui porte « Moments (remix) », ou bien les cuivres de mauvais augure du remix de « Shadow Gravel ». Sur « Dearly », on apprécie les discrets breaks scratchés et le va-et-vient des boucles remontant périodiquement à la surface.

Si l’album a un défaut, c’est celui d’être trop court : à peine une demi-heure, et quelques plages qui donnent l’impression de s’arrêter à peine commencées. L’absence de transition entre les morceaux accentue la frustration. On regrette aussi parfois que les beats ne soient pas à la hauteur des samples, ainsi la batterie un peu trop présente (au détriment d’une basse trop discrète) sur « Devil’s Cake » ou la caisse claire un peu cheap et sèche de « Shadow Gravel », qui empêche d’apprécier pleinement la boucle de xylophone. Reste que Cognac Fruit exerce un charme certain, qui pousse à découvrir les sorties précédentes de Tha Connection tout en pouvant laisser espérer des opus plus amples par la suite.

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