Chronique

Mobb Deep
Black Cocaine

Infamous Record - 2011

« It’s on forever, calm down, never. »

Rien ni personne ne semble pouvoir freiner durablement Mobb Deep. Ponctuellement raillé par une critique assassine, fatigué par l’usure du temps et les modes changeantes, annoncé parfois au bord de l’implosion, le duo Prodigy-Havoc a toujours survécu. Et avancé. Il a aussi fait face à l’incarcération prolongée de Prodigy et à un dernier album inégal – Blood Money – marqué par le sceau de G-Unit, 50 Cent et ses seconds couteaux. Mais le temps de la rédemption est venu. Et Black Cocaine sonne comme un coup de semonce.

Cinq titres. Cinq cartouches dans le barillet pour mettre un terme à cinq années d’un silence discographique pesant. Si une éternité s’est écoulée depuis les derniers faits d’armes de Mobb Deep, Black Cocaine offre finalement peu de surprises. Au centre du viseur, on retrouve cette volonté inchangée d’écraser toute concurrence à l’aide de canons sciés et d’égos démesurés. Intimidateurs éternels, les frères de sang Havoc et Pee prolongent une filiation estampillée Queensbridge, où le phrasé est posé et l’atmosphère éternellement plombée.

« A hundred bitches on line at my hotel send them in one at a time like a dope sale. »

Après un peu plus de trois années passées à l’ombre, Prodigy retrouve la lumière. Après un EP en solo en guise de glaviot post-sortie de mitard – The Ellsworth Bumpy Johnson EP – le « Head Nigga in Charge » traîne de nouveau sa nonchalance, aussi glaçante que violente. À l’image de « Get it forever », Black Cocaine prend des allures de profession de foi, de confrontation face à l’au-delà, où la faucheuse fait allégeance à l’éternel. « Survival of the fittest » : jusqu’au dernier souffle. Au-delà des époques, soutenu par l’ex-frère ennemi Nas, ils ressuscitent l’éclat de « Eye for an eye » (The Infamous) sur une courte boucle psychédélique d’une autre figure symbolique de Mobb Deep : The Alchemist.

Marqué par la présence du revenant Bounty Killer et une intonation générale lourde et ralentie – proche de celle d’un Rick Ross – « Dead man shoes » détonne. Chacune de ses phases résonne avec la récurrence d’épaisses frappes chirurgicales. Et une intensité suffocante.

Courte parenthèse discographique, Black Cocaine annonce que le mythe Mobb Deep est encore loin d’être enterré. Sans atteindre des sommets, il s’inscrit dans une lignée. Et prolonge un peu plus l’addiction. Cocaïne rap.

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